vendredi 17 juin 2011

Un navire canadien partira vers Gaza pour une mission humanitaire

Des écoliers palestiniens à Gaza passent devant un graffiti en arabe invitant à la fin de la division.
Deux Québécoises qui s'apprêtent à monter à bord de la Flottille de la liberté II pour apporter de l'aide au peuple palestinien s'attendent au pire, mais comptent néanmoins sur la protection du gouvernement canadien si l'aventure tourne mal.
Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a pourtant récemment dénoncé l'initiative par laquelle une série de bateaux tenteront de se rendre dans la bande de Gaza, malgré le blocus maritime imposé par Israël. Il l'a même qualifiée d'« action provocatrice ».
L'an dernier, la première mission de la flottille internationale s'était terminée dans un bain de sang.
Neuf personnes avaient été tuées et 45 blessées lorsque l'armée israélienne avait arraisonné un paquebot turc. Elle disait craindre que le convoi n'apporte des armes aux habitants de Gaza. Israël a déjà fait part de son intention d'empêcher la nouvelle flottille internationale de poursuivre son chemin.

Cette année, un navire canadien se joint au convoi en partance pour Gaza. Le Tahir transportera des politiciens, des artistes, des militants mais aussi des Canadiens juifs, musulmans et chrétiens.
Parmi eux se trouveront deux Québécoises, Marie-Ève Rancourt, de la Ligue des droits et libertés du Québec, et Manon Massé, déléguée de Québec solidaire, qui soutiennent que leur action est pacifique et nécessaire.
Selon elles, l'aide humanitaire se rend au compte-goutte en territoire palestinien. Mais leur geste est aussi politique: elles veulent briser le blocus qui isole Gaza et qui a provoqué selon elles une crise humanitaire.
Elles font valoir que ce blocus est illégal et immoral, car même un pays occupant doit respecter les droits des autres peuples et permettre la livraison de l'aide humanitaire.
En réponse au ministre Baird qui a incité les militants à plutôt faire parvenir leur aide par l'entremise des organismes établis, comme la Croix-Rouge, Mme Rancourt a expliqué que les marchandises ne se rendent que partiellement ou trop tard aux civils. Elle ne pouvait cependant expliquer pourquoi.
Une mission risquée
Mme Rancourt sait que la mission n'est pas sans risque. Elle s'attend même à se retrouver en prison.
« On a tous des craintes, pour différentes raisons. Des craintes d'emprisonnement, d'être victime de violence. Oui, c'est présent. Mais cela n'occupe pas mon esprit de façon permanente. Moi ce qui occupe mon esprit c'est de participer à une mission de paix, de justice », a-t-elle déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne.
Cette avocate de formation a pour mission de documenter toute violation des droits humains dont les militants seront témoins ou victimes.
Quant à Mme Massé, elle sait que le bateau canadien ne se rendra peut-être pas à bon port. Elle dit ne pas trop y penser maintenant, mais reconnaît que lorsqu'elle sera à bord du navire, elle « risque de respirer plus fort ».
« Mais comme militante, j'accepte tout ce qui peut m'arriver », a-t-elle ajouté.
Si leur navire ne se rend pas à Gaza, cela ne sera quand même pas un échec, affirme-t-elle. La participation d'un bateau canadien cette année est une réussite en soi, tout comme le fait d'avoir autant parlé de la cause des Palestiniens.
Les deux femmes n'estiment pas qu'elles devront assumer une part de responsabilité si la situation dégénère.
Israël et Ottawa montrés du doigt
« Ce qu'on fait, c'est légal », soutient Marie-Ève Rancourt, ajoutant que c'est Israël qui en portera la responsabilité. « Tuer des gens qui livrent de l'aide humanitaire, c'est illégal et franchement, c'est immoral. »
Si des affrontements ont lieu, elles s'attendent à ce que le gouvernement canadien intervienne.
« On ne va pas là pour se faire tirer dessus », a insisté Mme Massé.
« Mais si jamais il nous arrivait quelque chose, on va se retourner vers nos gouvernements. Tous les gouvernements ont le devoir de protection », a-t-elle fait valoir.
« Si le gouvernement canadien n'agit pas pour nous libérer en cas d'emprisonnement ou pour exiger que nos droits soient respectés, c'est lui qui va porter l'odieux de cela », croit Mme Rancourt, soulignant qu'il a l'obligation d'offrir l'aide consulaire et diplomatique nécessaire.
Et cela, même si le gouvernement leur a fortement suggéré, comme aux autres Canadiens, d'abandonner le projet de la flottille.
Elles dénoncent d'ailleurs le gouvernement Harper, qui ne fait rien à leur avis pour le peuple palestinien.
« Notre gouvernement ne se lève pas debout », il se tait quand Israël transgresse les lois internationales, conclut Mme Massé, dénonçant de plus sa prise de position pro-Israël.
Niant toute affiliation avec un gouvernement ou un groupe politique, les deux Québécoises font valoir que leur mission est justement « de citoyens à citoyens » pour s'assurer qu'ils reçoivent l'aide.
Leur bateau ne transportera que des médicaments et du matériel médical. Il ne transportera pas d'armes, comme le craint Israël, et le gouvernement canadien a été invité à l'inspecter dans ce but s'il le désire.
Les deux femmes prennent l'avion dimanche pour la Grèce, d'où le bateau canadien partira pour Gaza quelques jours plus tard, dans un convoi d'une dizaine de navires.
Au total, 35 Canadiens seront à bord, dont cinq Québécois. Le navire accueillera aussi une dizaine de militants européens.
Le bateau a été acheté par les militants grâce à des efforts de financement qui ont lieu depuis un an, a expliqué Mme Rancourt.
La Presse Canadienne

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