samedi 29 janvier 2011

Algérie: Sans dissolution de la police politique, il n'y aura pas de changement!




Par Yahia Bounouar.
Alors qu'unecoordination nationale s'est mise en place, pour appeler à unemarche nationale le 12 février avec comme principale revendicationla levée de l'Etat d'urgence, de légitimes interrogations surl'efficacité d'une telle démarche se font jour. Non pas qu'ilfaille s'en désolidariser mais ils estiment que la seule levée del'Etat d'urgence ne règlera pas grand chose tant que le systèmen'est pas changé en profondeur. S'il faut soutenir cette initiative,même limitée, (obtenir la levée de l'Etat d'urgence pourrait,peut-être, servir à redynamiser la vie politique), il faudraitcependant rester lucide. Cette mesure, illégale etinconstitutionnelle, ne remet pas en cause le système, ni lamainmise tout aussi inconstitutionnelle, de la police politique (DRS)sur la vie publique.

Contrairement àla Tunisie ou le Pouvoir était détenu en totalité par Ben Ali, enAlgérie, le Pouvoir est partagé (cogéré) par la vitrine politiquecivile, le chef de l'état et son clan, et par l'armée représentéepar le DRS.

Le DRS est chargéde quadriller et de museler la société, afin d’assurer lastabilité et la tranquillité du régime. Pour mener à bien cette «mission » de surveillance de la société, « mission » pardéfinition anticonstitutionnelle, puisqu'elle viole les droits descitoyens en les empêchant d'exercer leurs droit constitutionnel departiciper à la vie politique, médiatique et associative de leurpays. Le DRS est au dessus des lois.

Il faut le direclairement ; Chaque nation, chaque Etat se doit d'avoir des servicesde renseignements en charge de missions précises (espionnage, contre-espionnage, sécurité militaire etc..), là n'est pas la question,mais ces institutions n'ont aucun droit de regard sur la viepolitique du pays. De quel droit, un agent ou un officier de cettepolice politique déciderait de la participation ou de l’exclusionde tel ou tel autre individu ? Cette institution, militaire et noncivile de surcroît, n'a été élue par personne et ne rend decomptes à personne ni aucune entité. Elle se comporte comme si lepays lui appartenait et qu'elle seule détenait la vérité ! Commesi le patriotisme pour ce pays lui revenait en exclusivité et qu’ildevait en déterminer les intérêts. Avec le temps et l'impunité,cette institution tentaculaire, infiltrée dans tous les rouages dela vie politique, médiatique, syndicale et même associative aexproprié le peuple de son pouvoir souverain, à savoir le choix deses dirigeants. Il n'est un secret pour personne, que l'actuel chefde l'Etat, a été choisi et imposé par l'armée et son braspolitique le DRS, tout comme ses prédécesseurs, du reste.

Certains"observateurs et propagandistes", qui veulent vendrel'image d'un DRS propre, nous serinent les oreilles à intervallerégulier, sur la "guerre des clans" entre Bouteflika et leDRS. Dans ce cas, pourquoi donc le DRS, continue t-il à intervenirdans la vie politique, pour empêcher la société de se structureret de s'opposer à Bouteflika? Les récentes pressions exercées parla police politique sur le SNAPAP, mais pas seulement -elle exerce uncontrôle quasi-total sur la majorité des médias et desorganisations satellites du pouvoir et de l'opposition légale- ensont un récent exemple.


Dans cette Algériede 2011, écrasée par un président « à vie » et étouffée parla police politique, il est encore possible de se réapproprier sacitoyenneté et le parfum du jasmin tunisien revivifie l'espoir.

Pour que lechangement de régime soit réel et efficace, sans possibilité dedéviation ou de retour en arrière, nous ne devrons pas nous suffireà changer la façade politique civile, nous devrons surtout changerde système. Il nous faudra déraciner la police politique de manièreà ce qu'elle ne s'ingère plus jamais dans la vie politique du pays.La dissolution du DRS, en tant que police politique, doit faireimpérativement partie du changement qui se pointe à l'horizon et satransformation en services de renseignements « classique » placéesous le contrôle direct de l'exécutif et le contrôle à posterioridu parlement, issu du suffrages universel.

C'est à ce prix,que les citoyens recouvreront l'intégralité des pouvoirs que leurconfère la constitution et c'est à ce prix qu'une démocratisationréelle des institutions et surtout de la société prendra corps.

 Yahia Bounouar

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