Sur la route de Ras Lanouf, un correspondant de l'agence d'information Reuters a dit avoir entendu à trois reprises des avions de chasse passer, puis une série d'explosions dans la direction de la ville. Selon un combattant fuyant Ras Lanouf"des avions français sont venus et ont bombardé les forces de Kadhafi". "Il y a de nouvelles explosions en ce moment, mais on ne sait pas si elles viennent des avions ou d'autres types de bombardement", a dit le journaliste. La coalition internationale affirme que plus aucun appareil de l'aviation de Kadhafi n'est en activité dans le ciel libyen.
Ras Lanouf est située à 370 kilomètres à l'ouest de Benghazi, le bastion des rebelles dans l'Est, et à 210 kilomètres d'Ajdabiya, carrefour stratégique tombé le 26 mars sous le contrôle de la rébellion. Forts des frappes internationales sur les forces de Kadhafi, les insurgés avaient également repris la semaine dernière le port pétrolier de Brega, 80 kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya.
Lors du sommet, le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, a déclaré que la France était prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles, tout en reconnaissant qu'une telle mesure n'était pas prévue par la résolution 1973 de l'ONU. A Benghazi, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT) a en effet déclaré que les insurgés cherchaient à se procurer des armes lourdes auprès de "nations amies".
Interrogé sur la chaîne NBC quelques heures plus tard, Barack Obama, ne s'y est pas montré hostile : "Je ne l'exclus pas. Mais je ne dis pas non plus que cela va se faire." Le président américain en a profité pour souligner que le volet militaire n'était qu'un outil parmi d'autres contre le colonel Kadhafi : "Outre l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne, la protection des populations civiles, nous avons aussi à notre disposition des outils politiques, diplomatiques, des sanctions, le gel de ses avoirs, autant d'éléments qui vont continuer à étrangler" le régime. Mercredi, le premier ministre britannique, David Cameron, n'a pas non plus exclu d'armer les rebelles.
Interrogé par Sky News sur la possibilité de fournir des armes aux opposants libyens, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a répondu que"la résolution du Conseil de sécurité [de l'ONU, autorisant l'intervention en Libye]est très claire : elle exige l'imposition d'un embargo sur les armes. Nous sommes donc là pour protéger les populations et pas pour les armer".
Malgré le repli des forces insurgées ces dernières heures, mises en difficulté sur le terrain par l'armée loyaliste, Barack Obama s'est dit persuadé que Mouammar Kadhafi finirait par quitter le pouvoir.
LES INSURGÉS SOIGNENT LEURS RELATIONS DIPLOMATIQUES
Le communiqué final du sommet de Londres considère en effet que "Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et seront tenus responsables de leur action", tout en précisant que "seuls les Libyens" peuvent choisir leur avenir. A l'ouverture de la réunion, la secrétaire d'Etat états-unienne, Hillary Clinton, avait prévenu : les frappes de la coalition continueront "jusqu'à ce que Kadhafi remplisse pleinement les conditions de la résolution de l'ONU", à savoir un cessez-le-feu immédiat et un accès pour l'aide humanitaire.
Mais en pratique, tout n'est pas aussi simple : l'amiral James Stavridis, commandant des forces américaines en Europe, n'a pas caché que l'OTAN n'avait"pas de représentant" en Libye pour assurer une liaison avec les rebelles. Lundi, le Pentagone avait reconnu ne "pas savoir" grand-chose des rebelles. L'amiral a par ailleurs affirmé qu'il y avait des "signes" de présence possible de militants d'Al-Qaida ou du Hezbollah dans les rangs rebelles, tout en jugeant que les chefs de l'opposition semblaient "responsables".
En marge de la réunion, l'opposition libyenne a enregistré plusieurs avancées. Mahmoud Jibril, responsable des affaires internationales du CNT, a rencontré les ministres des affaires étrangères américain, britannique et français. Un émissaire américain est attendu à Benghazi, où un diplomate français, Antoine Sivan, a pris ses fonctions mardi soir auprès de l'opposition libyenne.
Ainsi conforté, le CNT a promis des "élections libres et justes" et souligné ses"aspirations à un Etat uni, libre et moderne". Il a aussi insisté pour que "les crimes"commis par le colonel Kadhafi ne restent "pas impunis".
LA LIGUE ARABE PEU PRÉSENTE
En revanche, les pays arabes sont apparus en retrait. Seuls sept des vingt-quatre pays de la Ligue arabe étaient présents. Et à l'exception des Emirats arabes unis et du Qatar, ils n'étaient représentés que par des ambassadeurs, non par leurs ministres des affaires étrangères. Quant à l'Union africaine, pourtant dûment invitée, elle n'a pas fait le déplacement, après avoir critiqué l'intervention militaire et"l'absence de feuille de route".
Le régime libyen, de son côté, est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Après la défection de son ambassadeur à l'ONU, Mohammed Shalgham, c'est un proche du président nicaraguayen, Daniel Ortega, qui représentera les intérêts libyens aux Nations unies, a annoncé Managua mardi.
Miguel d'Escoto, diplomate et conseiller de M. Ortega pour les affaires internationales, a pour instruction du président nicaraguayen d'"accepter cette nomination" pour aider la Libye à défendre son droit à résoudre ses problèmes intérieurs sans ingérence étrangère, a déclaré Rosario Murillo, épouse et porte-parole du président sandiniste, qui affiche un soutien militant au colonel libyen.
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