mardi 15 octobre 2013

Arafat : l'expertise russe exclut l'hypothèse d'un empoisonnement

Les experts russes ont affirmé mardi ne pas avoir retrouvé de polonium dans les échantillons biologiques prélevés sur la dépouille de Yasser Arafat. La veille, l'expertise suisse avait affirmé le contraire, après analyse de ses effets personnels.

Yasser Arafat a-t-il ou non été empoisonné ? L'agence officielle russe, chargée d'expertiser des échantillons prélevés sur la dépouille de Yasser Arafat, a semé le doute, mardi 15 octobre, sur l'hypothèse d'un empoisonnement. Le directeur de l'agence exclut la présence de polonium 210, mais a, par la suite, démenti toute communication.

"Il n'a pas pu être empoisonné au polonium. Les experts russes, qui ont mené l'analyse [des échantillons], n'ont pas trouvé trace de cette substance", aurait ainsi déclaré Vladimir Ouïba, le directeur de l'Agence fédérale d'analyses biologiques, cité par l'agence Interfax.

Interrogée par l'AFP, l'Agence fédérale des analyses biologiques a cependant démenti toute communication sur le sujet. "Nous n'avons publié aucun résultat officiel", a déclaré un porte-parole de l'agence."Nous n'avons pas non plus confirmé ou infirmé les informations de presse sur la présence de polonium sur la dépouille d'Arafat", a-t-il ajouté.

Mais l'agence de presse russe Interfax a maintenu son information. "Le journaliste et moi étions en face de Monsieur Ouïba et c'est ce qu'il a dit", a déclaré un chef adjoint du service politique d'Interfax, préférant ne pas donner son nom.

Deux expertises contradictoires

Ces affirmations de l'agence russe surviennent au lendemain de la publication du rapport des experts suisses dans la revue médicale britannique, The Lancet. Les Hélvètes font, au contraire, état de la présence de polonium sur des effets personnels du leader palestinien, décédé en 2004, relançant la thèse de l'empoisonnement.

Quant aux experts russes, ils ont travaillé sur des échantillons biologiques, obtenus après exhumation de la dépouille, en novembre 2012.

L'hypothèse d'un empoisonnement de Yasser Arafat avait été alimentée en juillet 2012 par la diffusion d'un documentaire d'Al-Jazira, citant les experts suisses. Ces scientifiques ont confirmé leurs doutes dans The Lancet, concluant à la "possibilité" d'un tel scénario.

"Plusieurs échantillons renfermant des traces de fluides corporels [sang et urine] contenaient une radioactivité plus élevée et inexpliquée au polonium 210, par rapport aux échantillons de référence", ont écrit ces experts de l'Institut de radiophysique (IRA) de Lausanne. Ils ont ajouté que le tableau clinique de Yasser Arafat au moment de sa mort n'excluait pas un empoisonnement au polonium 210.

Les conclusions officielles des trois expertises française, suisse et russe sont cependant toujours attendues.

Les causes de sa mort non élucidées

Yasser Arafat est mort à 75 ans le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire Percy de Clamart, près de Paris. Il y avait été admis fin octobre 2004, alors qu'il souffrait de douleurs abdominales, sans fièvre, dans son quartier général de Ramallah, où il vivait confiné depuis décembre 2001, encerclé par l'armée israélienne. Sa veuve Souha n'a pas demandé d'autopsie.

La publication d'un rapport d'hospitalisation français, datant du 14 novembre 2004, faisait état d'une inflammation intestinale d'"allure infectieuse", et de troubles de coagulation "sévères", mais n'élucidait pas les causes de la mort.

Sur la base de l'analyse suisse sur les effets personnels du leader, "il y avait suffisamment de doutes pour recommander l'exhumation de son corps en 2012", justifient les experts helvètes dans l'article du Lancet.

La dépouille du dirigeant historique palestinien avait été exhumée à Ramallah en novembre 2012pour y effectuer des prélèvements.

Une soixantaine d'échantillons ont été répartis pour analyse entre les trois équipes d'enquêteurs - suisses, français et russes - chaque équipe effectuant son travail individuellement, sans contact avec les autres.

Le polonium 210 est la substance avec laquelle avait été empoisonné en 2006 Alexandre Litvinenko, un ancien membre des services secrets russes, réfugié à Londres.

Par FRANCE 24 (texte)Avec dépêches

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