samedi 5 octobre 2013

Tunisie--Les islamistes d'Ennahda s'engagent à quitter le pouvoir fin octobre

Le parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, donnera sa démission à la fin du mois. Le pays, qui a connu ses premières élections libres après la chute de Ben Ali en 2011, est en proie à une grave crise politique.
Ennahda, le parti islamiste qui dirige le gouvernement tunisien, a annoncé samedi 5 octobre qu'il quitterait le pouvoir avant la fin du mois. Une décision prise afin de permettre la résolution de la profonde crise politique qui fait rage en Tunisie, deux ans après leur victoire aux élections ayant suivi la révolution de janvier 2011.

Le dirigeant d'Ennahda, Rached Ghannouchi et les dirigeants des partis d'opposition, réunis à Tunis samedi, ont paraphé une feuille de route qui prévoit la désignation d'un Premier ministre indépendant avant la fin de la semaine prochaine. Il aura deux semaines pour former son cabinet.

Le document signé précise que "le gouvernement donne sa démission dans un délai ne dépassant pas trois semaines" après la première séance de "dialogue national".

La feuille de route adoptée prévoit également l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral dans les quatre semaines suivant le début de ce processus de "dialogue national". Les deux camps entretiennent cependant des relations très compliquées. Les négociations de fond ne doivent commencer qu'en début de semaine prochaine.

La ratification de ce document s'est effectuée devant la presse et l'ensemble de la classe politique, aux termes d'âpres négociations. Le texte a été rédigé par quatre médiateurs.

Seul le Congrès pour la République, formation politique du président Moncef Marzouki, allié à Ennahda, n'a pas apposé sa signature à l'accord.

Un engagement sans contrainte juridique

La promesse d'Ennahda à quitter le pouvoir prochainement constitue un engagement politique mais n'a cependant aucun fondement juridique. Le parti, lourdement réprimé sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, est aujourd'hui largement fragilisé, notamment après deux assassinats d'opposants, des disputes politiques successives, et des conflits sociaux à répétition qui l'ont empêché de pouvoir mener à bien la rédaction de la Constitution.

Déjà, en février, le précédent gouvernement mené par les islamistes avait été poussé à la démission après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. La crise actuelle trouve l'un de ses fondements dans une situation similaire : le meurtre du député Mohamed Brahmi.

Par Camille LAFRANCE , journaliste FRANCE 24 / RFI à Tunis. (vidéo)

FRANCE 24 (texte)

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