dimanche 3 juillet 2016

Quel avantage pour la Turquie de renouer avec Moscou?

La Turquie a suffisamment de motifs pour chercher à se réconcilier avec la Russie. Elle est devenue une base pour terroristes bien avant la guerre en Syrie
Les excuses du président turc suite à l'incident avec le Su-24 et la disparition du pilote Oleg Pechkov
ont ouvert la voie à la normalisation des relations entre les deux pays. Or, quels sont les motifs qui ont poussé Ankara à faire cette démarche?
De nombreux attentats ont frappé ces derniers temps la Turquie. Derrière la plupart d'entre eux, Daech, ancré en Syrie frontalière. Ces attaques, preuve d'une sécurité fragile, poussent Ankara à chercher du soutien face au terrorisme, indique le magazine américain Foreign Policy.


Autre facteur qui préoccupe la Turquie: la montée en puissance de l'Iran. La levée des sanctions internationales a mis fin à son isolation, et maintenant Téhéran relève la tête et cherche à devenir une force régionale, défiant son ancien rival l'Arabie saoudite, y compris sur le marché du pétrole et du gaz.

"La réconciliation avec la Russie s'inscrit dans la stratégie globale turque qui vise à renouer avec Israël et à renforcer les liens avec l'Arabie saoudite et le Qatar", explique Michael Tanchum.

Turquie: impossible de vaincre le terrorisme au Moyen-Orient sans la Russie
En outre, Ankara a des motifs intérieurs pour enterrer la hache de guerre avec la Russie. L'ancien conflit entre les Turcs et les Kurdes s'est aggravé sur fond de "querelle" avec Moscou et la guerre syrienne. Nombreux sont ceux qui appréhendent que le Parti des travailleurs du Kurdistan se rapproche trop de Moscou, perspective qui effraye Ankara et la pousse à chercher par tous les moyens de rompre les liens entre la Russie et les Kurdes. Pour ce faire, Ankara a dû tenir la main à Moscou, estime Soner Cagaptay, expert de l'Institut de la politique du Proche-Orient situé à Washington.
Entre autres, émerge la vieille question des projets russo-turcs. Parmi eux, Turkish Stream, projet de gazoduc allant de la Russie à la Turquie à travers la Mer Noire, suspendu après l'incident avec le Su-24, et celui de la première centrale nucléaire turque, que la Russie est chargée de construire. Le sort des deux reste cependant flou, malgré le dégel des relations.
© REUTERS/ MURAD SEZER

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