lundi 31 janvier 2011

Le dernier quart d’heure de Hosni Moubarak?


L’armée se range du côté du peuple 

Peut-être un tournant capital en Egypte. Les forces armées égyptiennes ont annoncé, lundi 31 janvier, qu'elles n'utiliseraient pas la force contre les manifestants et elles « légitimes » les revendications du « grand peuple d'Egypte ». Depuis plus d'une semaine, la rue égyptienne réclame le départ du président, au pouvoir depuis le 14 octobre 1984. A Washington, l’administration Obama accentue les pressions sur le président Moubarak pour l’amener à organiser des élections présidentielles au mois de septembre prochain, de préférence sans sa candidature.

Les annonces faites par voie de communiqué officiel et via la télévision d'Etat, interviennent à la veille d'une « marche d'un million » de personnes prévue mardi 1er février pour réclamer la chute du président Hosni Moubarak. « La liberté d'expression de forme pacifique est garantie pour tous », affirme le porte-parole de l'armée, cité par l'agence officielle Mena et la télévision d'Etat.
La prise de position de l'armée est cruciale dans ce bras de fer sanglant qui oppose le président égyptien à son peuple, et elle seule détient les clés de la suite des évènements. « L'armée doit choisir entre l'Egypte et Moubarak », affirmait une banderole déployée lundi sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale.
C’est la première prise de position directe de l’armée égyptienne depuis le début des manifestations contre le régime de Moubarak. Après s’être appuyé sur la police pour réprimer les manifestations, Moubarak, ancien pilote de chasse, s’est tourné vers l’armée pour tenter d’assurer l’ordre public.
Cette prise de position des militaires signifie-t-elle que l’armée a lâché le président ? Possible. Il faudrait sans doute lier cette attitude tranchée de l'armée égyptienne aux pressions exercées depuis plus d’une semaine par l’administration Obama sur Moubarak pour l’amener à répondre aux aspirations de son peuple.
Officiellement, celle-ci souhaite une transition ordonnée vers la démocratie. Mais en coulisses, les Américains  s'activent à hâter le démontage du système mis en place par le successeur d'Anouar Sadate.
Le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs, a affirmé lundi 31 janvier que La Maison Blanche est dite satisfaite de la « retenue » » dont ont fait preuve jusqu'à présent selon elle les forces égyptiennes, et a appelé au calme à la veille de manifestations de masse prévues dans ce pays contre le président Moubarak.
Gibbs a toutefois rappelé la ligne de l'administration Obama depuis le début de la crise : appeler à une transition vers la démocratie sans aller jusqu'à réclamer le départ de M. Moubarak, un allié de longue date des Etats-Unis. « Ce n'est pas à notre gouvernement de le déterminer, c'est aux Egyptiens de le déterminer », a-t-il dit à propos de l'avenir du régime de M. Moubarak.
En coulisses, Washington s’active en revanche pour obtenir la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1981, la libération des prisonniers politiques, et la tenue d’élections présidentielles au mois de septembre 2010, sans la candidature de Moubarak, âgé de 82 ans.
Signe de cet empressement des Américains à vouloir peser sur l'issue de la crise, Washington vient de désigner l'ancien ambassadeur américain au Caire Frank Wisner ( 1986 -1991 ) comme émissaire spécial pour entamer des discussion avec des officiels égyptiens afin de les amener à engager un vrai processus de réformes économiques et politiques devant conduire à la tenue d'élections libres et honnêtes.
M. Wisner, grand connaisseur des affaires du Moyen Orient, est déjà arrivé dans la capitale égyptienne pour y conduire des entretiens avec de hauts responsables de l'Etat égyptien.
La page est-elle entrain se refermer sur le régime de Hosni Moubarak? Décisive pour la suite des événements, la journée du mardi pourrait donc signer le début d’une nouvelle ère en Egypte
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