La famille Kadhafi épinglée par Wikileaks

Selon Wikileaks, des câbles diplomatiques américains mettraient en lumière des affaires embarrassante pour l’image de la famille Kadhafi et étouffées par cette dernière.

(afp)

Les enfants de Moammar Kadhafi ont été impliqués ces derniers mois dans l’étouffement d’affaires potentiellement embarrassantes pour leur image, comme un concert privé d’un million de dollars de la diva pop Beyoncé, selon des câbles diplomatiques américains révélés mercredi par WikiLeaks.

Les diplomates de l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli relèvent dans des notes confidentielles que les enfants du chef de l’Etat libyen occupaient tous des positions influentes, chacun dans un domaine bien précis : les télécommunications pour l’aîné, Mohamed, les transports maritimes pour Hannibal, la sécurité nationale pour Muatassim et une unité d’élite de l’armée pour Khamis. Saadi a lui été chargé de mettre sur pied une zone franche dans l’ouest du pays. Aïcha, la fille du colonel Kadhafi, dirige une organisation quasi-gouvernementale. A la tête de la Fondation internationale Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi a cherché quant à lui à cultiver une image de respectabilité vis-à-vis de l’étranger.

L’influence de la famille transparaît dans un câble de 2008, selon lequel Muatassim a fait pression sur le président de la compagnie pétrolière National Oil, Shukri Ghanem, pour qu’il lui verse 1,2 milliard de dollars en espèces et pétrole. M. Ghanem a déclaré à un confident qu’il envisageait de démissionner car il craignait que Muatassim ne cherche à se venger s’il n’était pas payé, précise un message. Ce confident a décrit les enfants de Kadhafi comme des voyous, précisant que « personne ne peut contrarier ou refuser quelque chose à de telles personnes sans en subir les conséquences, notamment sur les questions liées à l’argent », ajoute la note diplomatique.

Un autre câble de 2008 affirme que des fonds publics ont servi à capitaliser la compagnie de transport maritime d’Hannibal Kadhafi. L’« imbrication étroite d’intérêts privés et publics dans nombre d’entités économiques clés de Libye » est devenue apparente quand Tripoli a suspendu ses livraisons de pétrole en réponse à l’arrestation d’Hannibal et celle de son épouse en 2008 à Genève, après des accusations de mauvais traitements sur leurs domestiques.

Deux ans plus tard, un câble rapporte des informations selon lesquelles Hannibal aurait maltraité physiquement son épouse, Aline. En 2009, celle-ci avait menacé de le quitter et avait fui à Londres, selon la note. « Hannibal a poursuivi Aline à Londres et la rencontre s’est terminée en agression. » La mère et la soeur d’Hannibal ont alors convaincu Aline de raconter à la police qu’elle avait été blessée dans un accident, selon les diplomates américains. Saadi, passionné de football, a été décrit comme ayant un passé trouble, incluant des démêlés avec la police en Europe, l’abus de drogue et d’alcool et un penchant excessif pour la fête, selon un câble de 2009. C’était un objectif important pour le régime de donner « l’apparence d’un rôle utile » pour les enfants de Kadhafi, précise-t-il.

Un câble de 2010 note que l’image de la famille commence à souffrir de l’étalage de sa richesse. Muatassim « a commencé 2010 de la même manière que 2009, avec un voyage à Saint-Barth pour le réveillon du jour de l’an », ainsi qu’une fête qui « aurait compris de grandes quantités d’alcool et un concert personnel d’un million de dollars offert par Beyoncé, Usher et d’autres musiciens ». « La famille a fourni aux observateurs locaux assez de ragots pour un soap opera libyen », conclut le câble.

Les diplomates américains ont également noté une « discorde aiguë » entre les enfants du N 1 libyen. Les rivalités croissantes, en l’absence d’un mécanisme de succession de Kadhafi, « pourraient jouer un rôle important, sinon déterminant, dans la capacité de la famille à garder ou non le pouvoir une fois que l’auteur de la révolution (Moammar Kadhafi, ndlr) aura quitté la scène politique », selon un câble de 2009.

(ap)