Difficile de gober cela avec les fréquentes visites de Ghanouchi à Alger et ses rencontres avec Bouteflika...enfin , Jalel Brik aurait surement son mot à dire sur le sujet !
L’Algérie ne ménage pas ses efforts pour remettre les anciens de
Ben Ali en selle. Sur fond d’anti-islamisme viscéral. Une libre opinion
de Caroline Bright, universitaire canadienne
L’incertitude
politique règne en Tunisie. Les clans au pouvoir à l’époque du
président Ben Ali sont de retour qui se composent d’anciens du RCD,
l’ex-parti unique, et d’hommes d’affaires jadis en cour.
Leur
objectif est de multiplier les coups de boutoir contre le parti
islamiste Ennahda, tout en attendant la décomposition de Nida Tounes, le
mouvement du président Beji Caïd Essebsi. Orphelins d’un pouvoir qu’ils
ont monopolisé depuis l’indépendance et qu’ils ont du abandonner à des
gueux sans éducation depuis la Révolution, ces élites veulent récupérer
la gestion de l’Etat. Leur Etat.
Complot sahélien
Si
l’on recherche l’origine de ces revenants, on note qu’ils sont tous
issus du Sahel, cette vitrine présentable et riche de la Tunisie qui va
de Monastir à Sousse. A y regarder de plus près, ces Sahéliens se
divisent en deux grands groupes: les destouriens de l’ex-président
Bourguiba, rassemblés autour d’un puissant homme de réseaux, Kamel El
Taïef bras droit de Ben Ali jusqu’à son mariage avec Leila en 1992 et
revenu dans les coulisses du pouvoir depuis 2011. D’autre part, des
anciens du RCD, regroupés autour de l’ancien premier ministre de Ben
Ali, Mohamed Ghannouchi, resté à la tète du gouvernement après la
Révolution après avoir joué un role plus qu’ambigu durant le fameux 14
janvier 2011, où le dictateur prit la poudre d’escampette.
Malgré
les antagonismes qui les opposent, ces groupes ont noué une alliance
pour faire tomber Ennahda. Ils enchaînent les réunions, parfois
encadrées par des agents des services secrets algériens
Alger à la manoeuvre
Ces nostalgiques du passé considèrent que les Etats-Unis et la
France ont soutenu, depuis 2011, l’islamiste Rached Ghannouchi, qui sait
tenir aux diplomates occidentaux le langage qu’ils veulent entendre.
Ces émigrés de l’intérieur ne peuvent compter que sur l’appui discret
d’Alger ainsi que sur l’argent des Emirats Arabes Unis animés par une
haine constante pour les Frères Musulmans (contrairement au Qatar).
La menace terroriste est toute trouvée pour alimenter la polémique.
Les Algériens encouragent les anciens de Ben Ali à attaquer Ennahda
devant les tribunaux pour démontrer, en gros, la connivence du parti
islamiste avec le terrorisme. Cette stratégie se matérialise par
l’apparition de vieux dossiers concernant les papiers d’identité
délivrés à des terroristes en 2013 et 2014 alors que les islamistes du
mouvement Ennahdha rêgnaient en maître sur le gouvernement tunisien.
Fragmentation islamisteCes conspirationistes disposent un boulevard devant eux compte tenu du piètre spectacle qu’offrent les deux poids lourds politiques que sont Ennahda et Nidaa Tounès. Les islamistes en effet se déchirent en vue de la succession du cheikh Ghannouchi âgé de 74 ans. Trois groupes s’affrontent en coulisses: celui du conservateur Abdelhamid Jlassi, celui de l’ancien ministre de la santé, d’inspiration salafisten Noureddine Bhiri (peu populaire) et celui des frères Ali et Amer Larayedh, respectivement ancien Premier ministre et ancien conseiller de Ghannouchiqui. Ces deux là viennent du Sud, où se trouve le gros des troupes (et des votes) islamistes.
A
l’opposé de l’échiquier politique tunisien, le parti Nidaa Tounes a été
mis sens dessus dessous par la grave crise interne de début 2016 qui a
provoqué de nombreuses défections et par la prise du parti, même
temporaire, par le propre fils du Président Caid Essebsi, Hafedh.
L’ancienne
classe dirigeante d’avant la Révolution de 2011 compte les points, avec
dans son jeu un atout majeur: la machine électorale du temps de Ben
Ali, aussi bien au sein de l’appareil sécuritaire que dans le monde des
affaires, qui avait soutenu Beji faute de mieux, ne demande qu’à
reprendre du service.
A condition de trouver un leader charismatique, pas trop mouillé
sous Ben Ali et pas encore enlisé dans les jeux stériles de l’après
Révolution. Ce ne sera pas le plus facile
Caroline Bright
http://www.mondafrique.com
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