Photo: La Presse Canadienne /Presse canadienne Michael Ignatieff, Gilles Duceppe, Stephen Harper et Jack Layton (archives) |
La campagne électorale n'est pas encore lancée, mais les chefs des partis fédéraux représentés à la Chambre des communes martèlent déjà le message qu'ils véhiculeront au cours des semaines qui viennent.
Dans les minutes qui ont suivi la chute du gouvernement conservateur, ils sont venus l'un après l'autre devant les journalistes pour commenter l'issue de la motion de censure présentée par les libéraux, y allant de déclarations à saveur électorale.
Premier à prendre la parole, le premier ministre Stephen Harper a précisé qu'il irait voir le gouverneur général samedi pour demander la dissolution de la Chambre, qui marquera le début de la campagne.
« Le budget présenté cette semaine par le ministre des Finances [...] est d'une importance critique pour compléter la reprise économique du Canada, a soutenu M. Harper. Il vise à soutenir la croissance, à créer des emplois et à aider ceux et celles qui sont dans le besoin par des mesures abordables, et tout cela sans augmenter les taxes et les impôts. »
— Le premier ministre Stephen Harper
Il a bien sûr abordé la décision de l'opposition de renverser son gouvernement parce qu'il refusait de préciser les coûts de plusieurs projets de loi, notamment en matière de justice.
« Le vote d'aujourd'hui, qui bien sûr me déçoit, va aussi, je le pense, décevoir la plupart des Canadiens », a conclu le chef conservateur.
L'opposition sur un pied de guerre
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a plutôt qualifié le vote survenu quelques minutes plus tôt de victoire « historique » pour la démocratie.
— Le chef libéral, Michael Ignatieff
Le chef libéral a présenté sa formation comme la solution de rechange au Parti conservateur. Citant en exemple le fait que le premier ministre Harper n'avait pas répondu aux questions des journalistes, il a comparé les deux partis. Présentant son rival conservateur comme inaccessible et austère, il a déclaré que les libéraux seraient au contraire ouverts et près des familles canadiennes, et qu'ils respecteraient la démocratie.
Pressé par les journalistes de commenter une éventuelle coalition avec les autres partis, évoquée par Stephen Harper, il a soutenu qu'il s'agissait d'une stratégie des conservateurs pour détourner l'attention. « C'est de la fumisterie, c'est de la fumée. Ils sortent ça, car ils ont peur de la vraie alternative, l'alternative libérale. [...] Je suis en politique pour créer un gouvernement libéral plein de compassion, responsable », a-t-il dit.
Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, est lui aussi passé à l'attaque, critiquant notamment l'« idéologie étroite » des conservateurs et l'absence d'une entente avec le Québec sur l'harmonisation des taxes de vente. « Le seul parti capable de vaincre les conservateurs au Québec, c'est le Bloc québécois », a-t-il martelé, invitant les deux autres formations d'opposition « à faire dans le reste du Canada ce que [le Bloc] fait au Québec ».
Le gouvernement a tourné le dos au Québec.
— Le chef bloquiste, Gilles Duceppe
Il a par ailleurs critiqué les mesures contenues dans le budget, par exemple la hausse du supplément de revenu garanti, qu'il a jugées trop modestes. « On va en parler des petites choses » pendant la campagne électorale, a-t-il dit.
Évoquant entre autres l'outrage au Parlement, l'affaire Bev Oda, les accusations portées par Élections Canada à l'encontre du Parti conservateur et l'enquête de la Gendarmerie royale du Canada menée sur un des anciens conseillers du premier ministre Harper, il a déploré que « ce gouvernement n'[ait] pas respecté les règles démocratiques fondamentales de la Chambre ».
De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a déploré que les conservateurs aient raté « une occasion en or » de répondre aux besoins des familles canadiennes dans son budget. M. Layton est le seul des chefs de parti d'opposition à qui M. Harper avait offert de le rencontrer pour présenter ses demandes.
— Le chef du NPD, Jack Layton
Le NPD, a soutenu M. Layton, est la formation la mieux placée pour « combattre les conservateurs ».
Interrogé par les journalistes sur son état de santé, le chef néo-démocrate, qui a combattu l'a dernier un cancer de la prostate, s'est fait rassurant, affirmant que ses derniers examens étaient bons. Il a ajouté qu'il récupérait bien de son intervention chirurgicale à la hanche, il y a quelques semaines.
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