mercredi 16 mars 2011

Libye: les pro-Kadhafi continuent leurs raids, Clinton espère un vote jeudi


Le régime libyen de Mouammar Kadhafi, fort de ses succès et déterminé à écraser la révolte, a continué mercredi de pilonner les insurgés dans l'Ouest et dans l'Est, se rapprochant de leur fief de Benghazi, alors que l'Occident peinait à agir.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a dit "espérer" un vote jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU sur une zone d'exclusion aérienne pour contrer l'avancée des forces gouvernementales contre les insurgés, estimant qu'il était "urgent" d'agir.

A New York, où nouvelles discussions consacrées à la Libye avaient lieu au Conseil de sécurité, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté "toutes les parties" à "accepter un cessez-le-feu immédiat", les violences ayant fait en un mois des centaines de morts et poussé 280.000 personnes à la fuite.

Entre-temps, la Maison Blanche a appelé les autorités libyennes à protéger les journalistes, quatre reporters du New York Times étant portés disparus dans le pays.

"Combats terrifiants"

Après avoir réussi à reprendre plusieurs villes ces derniers jours, les loyalistes ont bombardé par air et terre Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de leur fief de Benghazi dans l'Est, selon des témoins. Au moins 26 personnes y ont été tuées depuis mardi, a déclaré un médecin.
Des soldats libyens célèbrent la prise de contrôle de la porte Ouest de la ville d'Ajdabiya mercredi.

"Hier les combats étaient terrifiants", a raconté le docteur Abdelkarim Mohammad, joint par téléphone, précisant que l'hôpital avait reçu 22 morts mardi, essentiellement des civils touchés dans des voitures ou des habitations, et quatre mercredi, uniquement des insurgés.

L'hôpital lui-même a été touché par un obus, et une partie du personnel a été évacué vers Benghazi, selon un autre médecin. Mais les pro-Kadhafi contrôlaient désormais la route entre les deux villes.


Le régime a annoncé avoir repris le contrôle de ce noeud de communication mais les combats se poursuivaient dans la ville et aux alentours. "On a entendu des explosions toute la journée", a raconté un employé d'un hôtel.

"Ils pratiquent la politique de la terre brûlée", a dénoncé Jamal Mansour, commandant des rebelles dans la ville. "Les chars bombardent de manière intense et soutenue, et plus tôt il y a eu des raids aériens. Mais maintenant les révolutionnaires ont réussi à prendre sept chars à ces chiens, et si Dieu le veut, nous allons l'emporter".

Plus au nord, les rues de Benghazi, deuxième ville du pays et siège du Conseil national de transition (CNT) mis en place par l'opposition, étaient quasi désertes, selon des journalistes de l'AFP.
Un minibus quitte Benghazi, le 16 mars 2011.

"Dans 48 heures, tout sera fini"

Après un mois d'une révolte qui s'est transformée en guerre civile, le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de quatre décennies dans ce pays pétrolier, a juré mardi d'"écraser les ennemis".

En écho à ce discours, l'armée a annoncé une opération imminente contre Benghazi, à près de 1.000 km à l'est de la capitale Tripoli, bastion des loyalistes.

"Dans 48 heures, tout sera fini", a renchéri Seïf al-Islam, l'un des fils de M. Kadhafi.

Face à la percée des troupes loyalistes dans l'Est, un flot sans cesse grandissant de Libyens, entassés par familles entières dans des voitures ployant sous les bagages, se pressait à la frontière égyptienne.

Dans l'Ouest, les insurgés ont déclaré être toujours maîtres de Misrata (150 km à l'est de Tripoli), malgré une offensive des pro-Kadhafi, qui a fait selon eux au moins quatre morts et une dizaine de blessés.

Les forces régulières ont aussi attaqué à l'arme lourde la localité de Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, selon un témoin joint par téléphone. "Il y a des tirs de chars à quelques kilomètres au sud de la ville et des tirs de missiles Grad, ainsi que des accrochages à l'arme légère", a-t-il dit.

Guerre civile

A New York, le Royaume-Uni a exhorté les membres du Conseil à surmonter leurs divisions sur l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, alors que l'insurrection s'est transformée en guerre civile.

Les grandes puissances ont écarté l'option militaire, au grand dam de plusieurs députés européens libéraux et verts, qui ont dénoncé avec force la passivité de l'Union européenne.

"Si Kadhafi prend Benghazi ce sera un véritable massacre", a prévenu le président du groupe libéral, l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, ajoutant: "L'attitude de l'UE me dégoûte et me rend malade".

Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays est en première ligne sur le dossier de la zone d'exclusion, a appelé "solennellement" les membres du Conseil de sécurité à "soutenir" l'appel de la Ligue arabe en faveur de cette mesure.

Seïf Al-Islam a réagi aux efforts de la France en demandant à M. Sarkozy de rendre l'argent que, selon lui, Tripoli a versé pour financer sa campagne présidentielle en 2007.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe 57 membres comptant plus d'un milliard de musulmans, a annoncé la tenue samedi d'une réunion urgente sur la Libye.

(Source AFP)

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