dimanche 24 avril 2011

Élections fédérales au Canada----Abdel Kader Rahli (journaliste)---Pourquoi je ne voterai pas ‘’Bloc’’.--

Le 2 mai prochain, j’aurai le privilège de m’exprimer pour la première fois en tant que canadien à l’occasion des élections fédérales. Ce premier vote revêt un intérêt particulier pour moi. Quel peut être le choix d’un… ''néo-Québécois’’, d’origine maghrébine, vivant depuis cinq ans au…Canada ?
Comme la quasi-majorité des électeurs, je n’ai pas disséqué les programmes électoraux des partis en lice et je ne ressens  nullement le besoin de le faire. Je me contente de ce que les médias me proposent à l’occasion de cette campagne. Aussi, ma réaction est-elle, d’abord et surtout, celle d’un futur  électeur ordinaire.

Francophone et francophile, j’ai du respect et de l’admiration pour le combat des souverainistes qui se battent pour leur culture et  veillent à la sauvegarde de cette citadelle québécoise qui s’affirme au milieu de cette ‘’jungle’’ anglophone laquelle va au-delà des frontières nationales. J’ai été assez attentif au ‘’vive le Québec libre’’ d’un certain De Gaulle quand j’étais jeune et que je rêvais aussi à ‘’ma cabane au Canada’’ (Line Renaud).
Ceci dit, devrais-je pour autant voter pour le  Bloc Québécois ? Je n’en suis pas sûr. Voter pour le Bloc me renvoie au ‘’ vote sanction’’. Autrement dit, punir le parti au pouvoir. Par expérience  j’ai appris que cette option ne protège pas nécessairement contre  la bêtise.  A mon sens, et cela est un avis largement partagé dans ma communauté-mais pas seulement- à Montréal: Voter Bloc, c’est voter, sinon ‘’statu quo’’, du moins ‘’ stérile’’. Ce n’est pas le sens que j’entends donner à  mon devoir  d’électeur. Oui, les souverainistes sont dans leur droit de revendiquer une forte présence à Ottawa. Sauf qu’à force de ressasser les mêmes arguments électoraux, le Bloc s’enfonce dans un autisme politique qui finira par lasser, y compris dans ses propres rangs. 
Mais qu’est-ce qui peut motiver une telle position chez un immigrant francophone et francophile? L’immigrant que je suis a choisi le Québec, essentiellement, pour la langue française et la culture  québécoise. Également, pour la grande métropole Montréal, ses attraits culturels et autres. Mais, j’ai fait le choix d’immigrer au…Canada. Et je suis convaincu que c’est, aussi, valable pour beaucoup d’immigrants maghrébins et francophones d’ailleurs.
Le citoyen-électeur que je suis ne conçoit pas le militantisme politique en dehors d’un combat pour la prise du pouvoir.
Le ras le bol exprimé autour de moi chez les Montréalais, toutes origines et obédiences politiques confondues (excepté conservateur, cela va de soi) est tel que certains  sont prêts à user d’un slogan du coté des ‘’révolutions’’ arabes…’’Dég…Harper’’. Le mépris du chef conservateur est tel pour ses adversaires politiques et pour les institutions du pays qu’il est aisé de comprendre ce qui pousse les québécois à soutenir ’’n’importe qui, sauf les conservateurs’’.
Moi non plus, je ne pourrais jamais voter PCC.  D’abord pour des raisons idéologiques. De plus, ce parti est trop à droite et aveuglément pro-américain. Ce n’est pas l’image que je me fais de ce pays. Des Canadiens sont abandonnés à leur sort à l’étranger car Harper veut faire plaisir à ses alliés. Le registre des armes, les ‘’ coûts-détournement’’ du dernier G8-G20, ses contradictions face à la question d’une coalition,  le nouveau ‘’Soudasgate’’ et le port de Montréal, sont, entre autres (la liste est longue), autant de dossiers qui rendent le chef  du PCC peu convaincant.
Libéral alors?  Dans un autre contexte je l’aurais surement fait. Sauf que ‘’Relents’’ de scandale des commandites,  le catastrophique épisode  Dion à la tête du parti, le rejet d’une éventuelle coalition-, alors qu’Ignatieff  se sait incapable de battre Harper- sont  autant d’éléments poussant à tourner le dos à ce parti qui mérite mieux.
Voter Vert? Un jour peut-être.
Reste le NPD. Les engagements, notamment les cinq mesures prioritaires à mettre en œuvre dans les 100 premiers jours d’un gouvernement néo-démocrate sont des points positifs à inscrire au crédit de M. Layton qui n’arrête pas de bousculer ses adversaires devenant une cible à abattre, particulièrement au Québec.
Plus concrètement, l’immigrant que je suis n’oublie que le chômage chez les ‘’néo-Canadiens’’ est, relativement, plus élevé. Il est de l’ordre de 27%  chez les Maghrébins de rang universitaire. La situation du secteur de la santé inquiète. Avoir un médecin de famille relève du parcours du combattant. Etcétéra, etcétéra. Cela veut dire, pour faire court, que ceux qui ont été jusqu’ici aux commandes  ont, quelque part, échoué. Alors ils doivent céder la place.
Ce n’est pas un hasard si ce parti de gauche grimpe dans les intentions vote partout à travers le Canada. M. Layton est rassurant dans ses promesses. Tout angélisme à part, il a pour lui son authenticité.  Rêver avec le NPD  à un meilleur avenir? Why not? N’est-ce pas le rêve et l’espoir d’une vie meilleure, épanouie,  qui a fait que ces millions d’immigrants ont choisi de vivre au Québec et au Canada? N’est-ce pas les idées qualifiées ‘’des plus folles’’ qui ont fait avancer le monde et que le Canada en fait partie. Alors, Go Jaques, Go!

2 commentaires:

Salah a dit…

Très bon article, bien fait et bien pensé. Essaye de l'envoyer à la presse.

Montréalkador a dit…

il sera publié mardi 26 dans le journal LA PRESSE.