La conduite du processus de réformes politiques annoncées par le chef de l’État est d’abord handicapée par l’absence d’un contenu clair. Le président Bouteflika est resté très vague sur les réformes qu’il souhaite concrétiser. Certes, lors du dernier Conseil des ministres, tenu le 2 mai, le chef de l’État a fixé les grandes lignes de la révision de la Constitution. Il a notamment exclu l’officialisation de tamazight et le retour de l’ex‑FIS. Il s’est dit ouvert sur tous les autres sujets. Mais il aurait pu, comme l’a fait le roi du Maroc en mars dernier, définir les fondements majeurs de ces réformes démocratiques puis les soumettre directement à un référendum populaire.
Le pouvoir, en refusant de proposer un contenu explicite des réformes, donne l’impression de jouer la montre et de ne pas être clair. Pour sa part, une partie de l’opposition refuse de faire des propositions au pouvoir, estimant que celui‑ci ne répond jamais. On l’a constaté même avec les initiatives citoyennes de type « Nabni ». Même si la démarche, initiée et soutenue par des chefs d’entreprises et des experts, ne revendique pas un objectif politique de changement, elle n’a suscité aucun intérêt public de la part du pouvoir. Du coup, l’opposition attend que le pouvoir propose avant de se prononcer. Et pour l’heure le pouvoir n’a pas fait de propositions qui suscitent l’enthousiasme.
En plus du contenu des réformes, le choix d’Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation ne fait pas l’unanimité, y compris au sein du pouvoir. « Pour montrer qu’il est sincère et donner de la crédibilité à sa démarche, le président de la République aurait dû mener lui‑même les discussions avec l’opposition comme le faisait avant lui Liamine Zeroual », regrette un haut responsable de l’État qui a requis l’anonymat. A défaut de mener lui‑même les consultations avec les partis politiques, le président Bouteflika aurait dû confier cette mission à une personnalité indépendante et crédible ou à une commission technique indépendante.
Ensuite, Abdelkader Bensalah – même s’il est le deuxième personnage de l’État selon la Constitution – ne dispose d’aucun pouvoir de décision dans ce type de consultations. Peut‑il en effet prendre des décisions ? Se montrer flexible sur certains points, comme l’exige ce genre de situation ? Ou, devra‑t‑il à chaque fois en référer au chef de l’Etat ? Tout le monde le sait : le président Bouteflika est le seul à décider, y compris dans les domaines qui ne concernent pas directement la présidence. Dans le processus de dialogue avec les partis politiques, Abdelkader Bensalah ne fera qu’enregistrer les différentes propositions avant de les transmettre au président. Une méthode qui complique un processus de dialogue qui s’annonce déjà inutile.

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