Agence France-Presse New York |
Les États membres de l'ONU ont adopté à New York à l'issue d'un sommet de trois jours une déclaration ambitieuse pour combattre le sida dans les pays pauvres qui brise des tabous, dont celui du préservatif.Dans cette déclaration, âprement négociée depuis plus de deux mois et jusqu'à mercredi, l'Assemblée générale de l'ONU reconnaît pour la première fois explicitement l'efficacité du préservatif dans la prévention du sida, note un négociateur qui a requis l'anonymat.
La déclaration souligne ainsi l'importance de «l'utilisation correcte et régulière des préservatifs».
«Pour la première fois, la communauté internationale a su dépasser des tabous», relève le négociateur.
Au chapitre de la prévention également, la déclaration parle de populations à hauts risques en énonçant explicitement «les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes», «les personnes qui s'injectent des drogues» et «les travailleurs du sexe».
Le sujet de la prévention a été l'un des points d'achoppement les plus durs entre les négociateurs lors de la préparation de ce sommet qui coïncide avec le trentième anniversaire de la découverte du sida.
L'Iran s'est farouchement opposé à la définition des populations à risque mais a fini par céder, tout comme le Saint-Siège sur le préservatif, a souligné le négociateur.
«C'est une grande victoire pour l'ONU et pour la lutte contre le sida car ce n'était pas gagné d'avance», a-t-il dit.
Lors de son discours devant l'Assemblée générale, la représentante du Saint Siège, Jane Adolthe, a néanmoins souligné que la meilleure des préventions contre le sida était «l'abstinence avant le mariage et la fidélité».
La déclaration prévoit par ailleurs la mise sous traitement antirétroviral de 15 millions de séropositifs dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, ce qui équivaut à un accès universel.
S'agissant du financement de cette généralisation du traitement, les associations de lutte contre le sida ont invité les pays riches à mettre la main à la poche.
Mais, selon le négociateur, s'il est vrai que cela coûtera de l'argent aux pays riches, les financements viendront aussi des pays cibles eux-mêmes et des financements innovants (taxes sur les billets d'avions, sur les transactions financières par exemple).
Le coût des traitements dans les pays pauvres est en outre en forte baisse, à mesure que des brevets tombent dans le domaine public.
Certains laboratoires pharmaceutiques préfèrent par ailleurs donner leurs brevets aux pays en développement, n'ayant pas eux-mêmes les moyens de produire des médicaments en très grandes quantités, relève le négociateur. C'est ainsi que l'Inde est devenu un grand producteur d'antirétroviraux génériques.
Parmi les grandes avancées de la déclaration, figurent les objectifs de réduction de 50% de la transmission du VIH par les relations sexuelles et par l'utilisation de seringues d'ici à 2015. Les pays membres sont d'accord également pour éliminer totalement la transmission du virus de la mère à l'enfant d'ici à 2015.
Mercredi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a avancé l'objectif d'éradiquer totalement le sida d'ici dix ans. Plusieurs Etats membres ont repris cet objectif à leur compte.
«Ce sera difficile, ce sera une route parsemée d'embûches, mais cela vaut la peine de l'emprunter», a souligné le vice-ministre britannique du Développement international, Stephen O'Brien.
«Il faudra s'assurer de la transparence du processus, que les fonds soient bien dépensés et que les résultats que nous attendons soient évalués de manière indépendante», a-t-il ajouté.
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