lundi 20 juin 2011

Algérie-terrorisme- Hattab assigné à résidence, Abderrazak El Para en prison

 
Dès la levée de l’état d’urgence et l’entrée en vigueur de l’ordonnance portant amendement du code de procédure pénale, les 6 et 7 mars dernier, Amari Saïfi, dit Abderrazak El Para, et Hassan Hattab ont été présentés à la justice, au même titre que trois autres chefs terroristes, dont Athmane Touati, dit Abou El Abbas, l’officier exégète et membre fondateur du GSPC, pour au moins une dizaine d’accusations. Selon des sources judiciaires, le juge d’instruction, en charge de ce dossier, a placé El Para et ses trois compagnons d’armes sous mandat de dépôt.

El Para avait été remis par les services libyens aux autorités algériennes en 2005, après son arrestation par les rebelles tchadiens, en 2004. Il sera maintenu dans une caserne du Département du renseignement et de sécurité (DRS), à Alger, puis à Béchar, avant d’être déféré devant le parquet d’Alger pour être placé sous mandat de dépôt et incarcéré en mars dernier. Le même juge a assigné à résidence surveillée Hassan Hattab, désormais coupé de ses proches jusqu’à son procès. Ce sont les premiers terroristes sur lesquels les nouvelles dispositions du code de procédure pénale se sont appliquées. Celles-ci prévoient dès l’inculpation, soit le mandat de dépôt et donc l’incarcération, soit l’assignation à résidence, décidée par le juge d’instruction territorialement compétent, et sous son contrôle pour une période de trois mois, renouvelable trois fois au maximum.
 
Ainsi, sur les cinq chefs terroristes, seul Hassan Hattab est assigné à résidence surveillée. Selon des sources proches du dossier, Hattab a été arrêté chez ses beaux-parents à El Harrach. Le scénario de sa reddition a été rendu public dans le seul but de provoquer une hémorragie dans les rangs du GSPC. Or, Hassan Hattab était depuis plus de deux ans, coupé de ses «hommes». Condamné à mort par la direction du GSPC, alors entre les mains de Nabil Sahraoui abattu par les forces de sécurité, il avait réussi à fuir avec quelques éléments qui lui étaient fidèles, pour s’isoler dans sa région natale.

Il prend attache avec les autorités sécuritaires pour négocier sa reddition, mais celle-ci n’aboutit pas, vu les conditions qu’il avait mises en avant. Il sera détenu dans une caserne pendant des mois, avant qu’il ne réintègre son domicile familial, mais gardé sous la surveillance du DRS. Dès la levée de l’état d’urgence, il sera arrêté et présenté au parquet d’Alger, puis déféré devant le juge d’instruction qui l’assigne à résidence. Le même itinéraire que celui d’Abou El Abbas, de son vrai nom Athmane Touati, considéré comme l’un des vétérans du GSPC. Il était parmi les premiers terroristes à rejoindre le GIA, en 1993, pour écumer les régions du centre du pays, avant de rallier Hassan Hattab, avec lequel il a créé le GSPC. Bras droit de l’émir Yahia Abou El Haithem, de son vrai nom Saâdaoui Abdelhamid, abattu en novembre 2007, lors d’une opération des forces de l’ANP, à Oued Aïssi, dans la wilaya de Tizi Ouzou.
Natif de Bordj Menaïel (1965), il était à la tête de la zone II, après l’élimination de Zouhir Harrak, alias Sofiane Fassila. Dès la nomination de Rachid Abdelmoumen, dit Houdeifa Abou Younes Al Assimi, Droukdel lui confie la plus «importante» mission : celle du «juge et mufti» de l’organisation terroriste. Certaines sources sécuritaires affirment qu’il a été arrêté et qu’il aurait négocié l’appel de reddition lancé à ses anciens «compagnons d’armes» et bénéficié ainsi des dispositions de la charte portant réconciliation nationale. D’autres déclarent plutôt qu’il se serait rendu, mais bien après l’expiration du délai de la loi. Lui aussi, dès la levée de l’état d’urgence, a été présenté à la justice et le juge l’a placé sous mandat de dépôt, tout comme d’ailleurs Abderrazak El Para.
 
Salima Tlemçani

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