Ancien doyen de la faculté d’Alger et ancien président de la section algérienne d’Amnesty International, le professeur Madjid Benchikh maîtrise le fonctionnement du système politique algérien. En tant que spécialiste, il livre ici son analyse d’un système qui a pris et prend encore en otage l’avenir de plusieurs générations. Les responsables militaires et civils, selon lui, ne sont pas prêts à enclencher un sérieux processus démocratique.
Les consultations sur les réformes politiques déjà entreprises, dit-il, ne visent qu’à faire des aménagements au sein du système.
- Le pouvoir a entamé, depuis le 21 mai dernier, des consultations avec la classe politique nationale en vue d’entreprendre «des réformes politiques». Le processus concerne la Constitution et les textes législatifs régissant la vie politique. Cette démarche permettra-t-elle de vraies réformes politiques qui déboucheront sur le changement du système de gouvernance tant souhaité en Algérie ?
Vous avez raison d’attirer l’attention sur la démarche adoptée par le chef de l’Etat pour engager des réformes parce que la préparation des conditions dans lesquelles on organise les changements dans un système politique sont révélatrices de la volonté et du sérieux du changement. En décidant d’engager des réformes sur les textes constitutionnels et législatifs, les dirigeants politiques et militaires, conduits par le chef de l’Etat, indiquent clairement les objectifs et les limites des réformes qu’ils peuvent engager. Il s’agit de faire quelques aménagements au sein du système politique pour répondre à la nouvelle situation créée par les manifestations populaires et la chute de plusieurs dictateurs dans la région. La Constitution garantit des droits fondamentaux qui sont violés. Chacun sait en effet que même si les textes constitutionnels et législatifs peuvent et doivent être changés dans une perspective démocratique, leur violation est d’abord le fait des dirigeants eux-mêmes.
Qui a violé la Constitution, qui a violé les libertés fondamentales garanties par la Constitution, qui a truqué les élections, qui a organisé une représentation par quotas à l’Assemblée nationale, qui manipule les scènes politiques, associatives et syndicales ? Les réponses sont connues. D’anciens dirigeants politiques ont dit clairement que la responsabilité incombe aux principaux décideurs militaires et civils de ce système politique. J’ai moi-même expliqué le fonctionnement de ce système dans un livre intitulé Algérie : un système politique militarisé. Si l’on veut progresser vers la démocratie, il convient de prendre et d’appliquer effectivement une décision fondamentale qui est de mettre fin à l’existence d’une police politique, autrement dit d’un contrôle occulte de la vie politique.
La détention et le contrôle du pouvoir par des centres de décision qui ne sont pas définis par la Constitution pervertissent gravement le fonctionnement de la vie politique, économique et sociale. Si cet aspect fondamental du système politique algérien n’est pas changé, aucune réforme constitutionnelle ne sera crédible. Songez qu’aucun chef d’Etat n’a jamais été désigné sans avoir été d’abord choisi par le commandement militaire. Songez à l’impossibilité de réaliser l’indépendance de la justice, une séparation des pouvoirs exécutif et législatif, la liberté de la presse et la crédibilité des institutions, lorsque des autorités non constitutionnelles peuvent agir et se faire obéir sans que puisse être engagée leur responsabilité. Il existe aussi d’autres problèmes de fond sur lesquels il convient d’organiser un débat, comme la question de l’instrumentalisation politique de l’Islam, la gestion de la rente pétrolière, l’accès des femmes aux responsabilités, les avoirs publics du parti FLN, la constitution d’organes indépendants de contrôle des médias, pour ne citer que quelques exemples. La démarche choisie par le chef de l’Etat permet au contraire d’éviter de parler de ces problèmes de fond.
- De nombreuses personnalités et responsables politiques ont décliné l’invitation de l’instance chargée des consultations sur les réformes politiques que préside un des enfants du système, en l’occurrence Abdelkader Bensalah. Le choix de ce dernier pour piloter ces consultations a discrédité, aux yeux de l’opposition, toute la démarche. Pourquoi cet homme suscite-t-il autant de réserves ?
A ce sujet, on peut noter d’abord l’improvisation et la hâte, puisque, aussi incroyable que cela puisse paraître, le premier mouvement du chef de l’Etat a été de désigner le ministre de l’Intérieur pour conduire les «consultations» Comme cette décision était trop révélatrice de l’emprise du système répressif et de l’absence de projet de changement démocratique, le chef de l’Etat a désigné le président du Sénat, entouré d’un conseiller militaire et d’un conseiller civil pour piloter les discussions, ou plus exactement les «auditions», parce qu’il n’y a pas vraiment de discussions, et encore moins de dialogue. Il s’agit seulement de recueillir en quelque sorte «les doléances» d’organisations ou de «personnalités» qui seront transmises ensuite aux décideurs.
Un tel choix montre l’incapacité des dirigeants de procéder à une analyse politique de la situation et de prendre la mesure des défaillances des institutions et du blocage politique auxquels le système politique et ses pratiques ont conduit le pays. L’identité de tel ou tel membre de la commission importe peu. Mais dans le paysage politique algérien, le Sénat est apparu dans des circonstances qui en font un instrument pour contourner ou limiter un éventuel effet du suffrage universel sur le contrôle de la majorité à l’Assemblée nationale.
Le système de nomination d’un grand nombre de membres du Sénat est indigne d’une démocratie républicaine. Comment dans ces conditions mettre en avant le président du Sénat pour conduire une consultation en vue de construire une transition démocratique. De surcroît on désigne un général pour y participer comme si le système ne peut pas cacher l’emprise persistante du commandement militaire dans tout projet d’aménagement du système. Tout cela paraît peu consistant.
Le système est à ce point bloqué qu’il n’est pas sûr que les décideurs aient accepté «que quelque chose change pour que tout reste comme avant» pour reprendre une fameuse formule popularisée par le film Le guépard. J’ai analysé le système politique tel qu’il a fonctionné de 1989 à 1991, comme une démocratie de façade qui permet, lorsque le pouvoir estime les conditions favorables et lorsqu’il ne se sent pas menacé, l’existence d’une scène politique, mais sans autoriser l’alternance au pouvoir.
A partir de 1992, le commandement militaire a supprimé l’essentiel des marges d’ouverture politique. Il s’est complu dans les facilités autoritaires en invoquant la lutte antiterroriste. Cela fait 20 ans que cela dure et des intérêts économiques ont eu le temps de se structurer dans et autour de ce système autoritaire.
- Donc l’amendement des textes tel que proposé actuellement ne sera d’aucun effet sur la situation politique du pays…
Je pense qu’il faut autre chose que des amendements législatifs ou constitutionnels pour engager une transformation substantielle d’un tel système. Je ne pense pas, dans les rapports de forces actuels, qu’il y ait une volonté de revenir à un fonctionnement de la scène politique comparable à celle de la démocratie de façade des années 1989-1991. Il s’agit encore moins de tracer la voie à une authentique transition démocratique. Dans les coulisses, les responsables brandissent l’argument usé du risque d’un retour des islamistes radicaux si les élections sont libres, comme d’autres donnent libre cours à leur imagination en ce qui concerne le régime parlementaire et le régime présidentiel, sans un mot sur les réalités de l’exercice du pouvoir en Algérie. Il faudrait commencer par analyser les échecs bien réels de ce système et les raisons de ces échecs.
- La révision des textes législatifs devient récurrente. En 2008, le président Bouteflika a même révisé l’article 74 de la Constitution qui limite les mandats présidentiels à deux, pour s’offrir un troisième mandat. Comment analysez-vous cette situation à l’algérienne où l’on fabrique des textes de loi pour ne pas les respecter par la suite ? Un pouvoir qui a violé la Constitution en 2008 peut-il accepter d’être réformé ?
En fait, les détenteurs du pouvoir ont eu peur, parce qu’ils ont bien compris que la chute des dictateurs tunisien et égyptien et les différentes manifestations qui agitent les peuples d’Afrique du Nord et du Proche-Orient ne peuvent pas être sans impact sur le peuple algérien. Le peuple algérien ne vit pas en dehors du temps et de l’espace. Notre histoire nationale nous enseigne que le peuple algérien peut plier devant la répression et l’adversité, mais il ne se soumet pas. La question que se posent les détenteurs du pouvoir n’est pas de savoir comment démocratiser la vie politique en organisant effectivement la séparation des pouvoirs, en encourageant le pluralisme politique, syndical et associatif et en veillant au respect des droits et des libertés individuels et collectifs auxquels d’ailleurs la Constitution actuelle oblige les responsables. La question qu’ils se posent est celle de savoir comment garder le pouvoir. Ils n’ont pas trouvé une réponse satisfaisante et un consensus sur cette question. Ils ont donc décidé d’attendre et voir venir sur le fond en remettant en marche, sur le plan formel, une machinerie qu’ils connaissent et dont ils maîtrisent tous les aspects. C’est ainsi qu’il faut définir le système actuel de «recueil des doléances». Les consultations actuelles signifient donc que le pouvoir politique n’arrive pas à trouver en son sein un consensus pour changer le fonctionnement du système. C’est assez grave parce que jusque-là, les détenteurs du pouvoir ont su, souvent, négocier entre eux les modalités d’évolution et de renouvellement du système, y compris avec des dégâts, le passage du parti unique à la démocratie de façade. Mais, depuis plusieurs années, le consensus sur l’essentiel entre les décideurs connaît des remises en cause, peu de temps après sa formation. Ce qui rend difficile l’élaboration de stratégies de gouvernement.
Ce qui a manqué, et qui manque toujours, aux dirigeants militaires et civils en Algérie, c’est une vision politique d’hommes d’Etat qui permettrait d’envisager, dans la durée, des transformations politiques en prenant en compte les transformations de la société et du monde. Aujourd’hui, le système est sans doute trop perverti par la promiscuité entre le monde des affaires et l’exercice du pouvoir politique. Le développement de la corruption ne peut pas être neutre par rapport à la nature et au fonctionnement du système politique. A cela, il faut ajouter des facteurs nouveaux : l’intrusion des jeunes et des travailleurs sur la scène sociale, et demain peut-être sur la scène politique perturbe les anciennes données. Les moyens d’information et de communication, et notamment Internet, ne permettent pas de réprimer en vase clos. La mobilisation des populations pour le respect de leur dignité et des droits humains progresse chaque jour.
La notion d’universalité des droits humains peut, désormais, difficilement être ignorée, sauf à risquer un isolement préjudiciable sur le plan international. Bien que personne parmi les dirigeants actuels ne semble acquis dans la pratique à la construction d’un Etat de droit, il faudra pourtant qu’on y fasse droit.
L’immobilisme politique actuel peut être très préjudiciable, non seulement pour le pays, mais aussi aux équipes dirigeantes.
Des responsables syriens, libyens et yéménites qui tirent sur leur peuple ne constituent pas des exemples glorieux à présenter à la jeunesse civile ou militaire pour la mobiliser.
- Le pouvoir algérien a toujours affirmé que ce qui se passe dans la région ne pourra pas se produire en Algérie. Alors qu’à l’intérieur, la société est en ébullition et les demandes pour le changement deviennent incessantes. L’Algérie est-elle réellement à l’abri de ce qui se passe dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ?
L’Algérie, on l’a dit, ne vit pas en dehors de l’espace et du temps. Le pouvoir ne pense pas sérieusement que ce qui se passe dans les pays voisins ne se produira pas un jour en Algérie, sans quoi il n’organiserait pas une machinerie de consultation. A voir les conditions dans lesquelles a été prononcé le discours du chef de l’Etat, on a même dû penser qu’il est urgent de faire quelque chose. Mais certains agents du système essaient de se rassurer comme ils peuvent. Ce faisant, à force de parler entre eux, ils croient avoir convaincu tout le monde.
Plusieurs ministres et autres responsables importants ont affirmé que l’Algérie a expérimenté une transition démocratique à partir d’octobre 1988. Cette affirmation procède de la volonté d’induire en erreur l’opinion internationale, tout en introduisant la confusion dans le débat sur le système politique algérien. Ce qui s’est passé en octobre 1988 en Algérie ne constitue pas une insurrection comparable à celles qui se sont déroulées et se déroulent encore en Tunisie, en Egypte, au Yémen, en Libye ou en Syrie. J’ai observé plus d’une dizaine de barricades en octobre 1988 dans l’Algérois, aucune n’avait des slogans ou des revendications démocratiques.
Il y avait des actions contre les symboles du parti et de l’Etat et des cris contre le chef de l’Etat et le responsable de l’appareil du parti. Mais cela ne suffit pas pour en faire une insurrection pour la démocratie. Octobre 1988 est le résultat de manipulations, au sein même des appareils politiques et militaires du système. Ceux-ci, comme l’indiquent d’ailleurs les écrits du général Nezzar, bien placé pour savoir, ont été rapidement débordés par une jeunesse indignée par le règne de l’injustice, de l’arbitraire et de la hogra.
Mais ces manifestants n’avaient aucune organisation pour pouvoir revendiquer et obtenir la démocratie.
Il n’en avait pas non plus pour veiller, dans la durée, au succès des décisions d’ouverture de la scène politique qui ont été prises par la suite, sans consultation d’une opposition affaiblie par la clandestinité et la répression. En Tunisie, l’armée qui n’a jamais joué un grand rôle sur la scène politique depuis Bourguiba, a refusé de tirer sur les manifestants. Une partie de l’encadrement syndical a très vite rejoint les manifestants, ouvrant la voie à une large participation des cadres syndicaux, des avocats, des juges et des militants des droits humains.
Aujourd’hui encore, toutes ces forces continuent de veiller pour assurer une transition démocratique qui n’est pas encore acquise. On retiendra donc que l’insurrection tunisienne a été durable et rapidement encadrée. Ce qui n’a pas été le cas en Algérie en 1988. L’ouverture politique de 1988 en Algérie est fondamentalement une décision prise au sein du système, sans aucune consultation extérieure, pour tenter de dépasser les blocages du système et éliminer son aile la plus conservatrice. Jamais l’ouverture réalisée en 1988 n’a intégré l’alternance au pouvoir, comme une perspective souhaitable ou acceptable. Jamais cette ouverture n’a permis que l’UGTA soit autre chose que ce qu’elle a toujours été depuis 1963, un appareil pour soumettre le monde du travail et non pour le défendre. Jamais la justice n’a été indépendante, ni les pouvoirs exécutif et législatif séparés. Ce n’est donc pas très sérieux de parler d’une transition démocratique expérimentée à partir de 1988.
- Le système algérien peut-il continuer à gérer le pays de la même manière qu’il y a 50 ans ou 20 ans ?
Personne n’a prévu, ni en Tunisie, ni en Egypte, ni ailleurs, le renversement des dictateurs. Les militants des droits de l’homme tunisiens que j’ai appelés au cœur même de la tourmente, reconnaissent qu’il n’ont jamais prévu une telle chute du système Ben Ali. Les militants égyptiens que j’ai rencontrés en octobre et novembre au Caire ne prévoyaient pas non plus la chute de Moubarak. De la même manière, personne ne peut dire quelles seront les causes immédiates de la chute du système politique algérien. La cause de l’inéluctabilité de la chute de ce système réside dans son incapacité à dépasser ses blocages et à fonctionner normalement pour gérer les affaires du pays.
L’utilisation de la rente pétrolière ne suffira pas à éteindre les incendies. Sans libération des champs politique, syndical, associatif pour engager un processus de participation de citoyens à la gestion de leurs affaires, sans des institutions crédibles et représentatives, les émeutes continueront. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre le rejet du système par de larges parties de la population. Le refus populaire de descendre dans la rue serait mal interprété s’il est considéré comme une absence de rejet du système. L’absence de manifestations de grande envergure témoigne de plusieurs choses.
Il y a l’intériorisation du prix lourd payé au cours de la guerre civile sans autre résultat que les drames connus et la crise que nous vivons aujourd’hui. Il y a la peur et la confusion semées par le système politique militarisé que nous avons analysé : les diverses manipulations exercées sur le corps social avec la création de fausses associations, de faux syndicats, de faux partis, de faux opposants ont discrédité l’idée même de démocratie et découragé les citoyens de croire à l’action pour le changement.
C’est sans doute là le coup, ou peut être le crime le plus grave commis contre le peuple algérien. Ces déchirures du tissu social sont très difficiles à cicatriser et portent atteinte aux capacités de notre peuple d’organiser sa cohésion pour se construire un avenir meilleur. Je comprends que les jeunes ne veuillent pas affronter les chars, non seulement parce qu’il y a eu trop de morts en 1988 et de 1992 à aujourd’hui, mais aussi parce qu’ils n’ont pas confiance dans certains de ceux qui les appellent à manifester.
Certes, il est possible que ceux qui ont soutenu le pouvoir hier appellent à lutter contre lui aujourd’hui. Comme il est possible que ceux qui l’ont combattu en viennent à le soutenir. Mais pour être crédibles, leur évolution doit être précédée d’actions claires indiquant leur engagement auprès du peuple, d’une critique vraie, circonstanciée, conduite de bonne foi et illustrée par des exemples précis constitutifs de leurs graves fautes au cours de jeux politiques menés avec le pouvoir, voire d’exercice des responsabilités dont de nombreux citoyens ont fait les frais.
Il résulte de tout cela que les dirigeants du système politique croient pouvoir durer, moyennant quelques changements de façade. Ils n’entendent, et souvent ne fréquentent que ceux qui les incitent à protéger leur pouvoir auquel sont liés tant d’intérêts. Mais le système politique algérien est au fond très fragile par suite de l’absence de représentativité des principales institutions, du fait de ses blocages et de son inefficacité et aussi de son incapacité à organiser un système de production industrielle en utilisant de manière rationnelle la rente pétrolière. Il en résulte des investissements pour des infrastructures modernes qui sont utilisées et gérées de manière archaïque. Ce système ne peut pas durer. Mais personne ne peut dire aujourd’hui quand et par quel système il sera remplacé.
- Comment parvenir à une solution à la crise que traverse le pays depuis plusieurs années ?
Les inconnues qui caractérisent l’avenir du pays ne doivent pas être des raisons pour désespérer. Le constat lucide est nécessaire pour éviter les erreurs du passé et construire l’avenir en connaissance de cause.Les solutions à la crise du système politique ne verront le jour ni dans un laboratoire ni dans le monologue des gouvernants avec eux-mêmes. Chacun doit lutter modestement à sa place, pour la dignité, les libertés et les droits des citoyens, dans son village, sa rue ou son entreprise, son association, son syndicat, son parti ou son journal.
Ce travail finira par provoquer un élargissement des prises de conscience et transformera le rapport de forces pour contraindre les dirigeants à effectuer les réformes de fond ou pour les chasser du pouvoir. Dans tous les cas, ce système ne changera pas si aucune force, constituée sur une durée suffisante, ne l’y oblige de façon déterminée. Mais la constitution de ces forces et le regroupement de forces diverses déjà en action sur le terrain peuvent se réaliser en quelques mois ou peu d’années. Les basculements de certaines forces du système auxquels on a assisté en Tunisie ou en Egypte et ailleurs peuvent, à mon avis à coup sûr, se produire le moment venu en Algérie.
Ceci étant, on peut toujours préconiser de dissoudre l’Assemblée nationale et le Sénat, d’élire une Constituante, mais si l’organisation des campagnes électorales, les débats, les médias, les administrations continuent d’être contrôlés par ce pouvoir et ses hommes, si le commandement militaire continue d’être au centre de la décision, les élections seront manipulées.
Autrement dit, ces propositions de Constitution et de Constituante ne peuvent être sérieusement envisagées que si des forces de changement s’organisent pour exprimer leurs revendications et agir partout, y compris dans la rue, pour exiger les formes et le contenu du changement.
Le jour où les décideurs accepteront, ou seront obligés de laisser la jeunesse s’associer, se rassembler et s’exprimer pacifiquement et sans répression, dans les médias, les meetings et la rue, alors les projets de révision des lois et de Constituante ouvriront la voie aux transformations démocratiques.
Le jour où les décideurs accepteront, ou seront obligés de laisser la jeunesse s’associer, se rassembler et s’exprimer pacifiquement et sans répression, dans les médias, les meetings et la rue, alors les projets de révision des lois et de Constituante ouvriront la voie aux transformations démocratiques.
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