mardi 7 juin 2011

Libye--L'OTAN intensifie ses bombardements à Tripoli

Des colonnes de fumée s'élèvent dans le ciel de Tripoli après un bombardement de l'OTAN.
De violentes explosions secouent Tripoli mardi. Des avions de l'OTAN bombardent le secteur où se trouve le complexe de Bab al-Azizia, où vit le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dans le centre de la capitale libyenne.
L'agence Reuters soutient qu'il s'agit des plus violents bombardements à survenir dans la capitale depuis le début de la campagne des pays occidentaux, en mars.

Nous n'avons qu'un seul choix : nous resterons sur notre terre, morts ou vifs.
— Mouammar Kadhafi

Les bombardements se produisent à intervalles réguliers. Associated Press en dénombre pas moins de 26. Ils sont en outre menés en plein jour, ce qui est rare. Depuis le début de l'offensive de l'OTAN, les frappes aériennes ont surtout lieu la nuit.
Le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, affirme que les bombardements de jour sont particulièrement inquiétants pour les familles de la capitale, où vivent normalement 1,5 million de personnes.
« Des dizaines de milliers d'enfants vivent à Tripoli. Vous pouvez imaginer le choc et l'horreur pour les enfants. Vous pouvez imaginer l'horreur pour les parents qui ne peuvent surveiller leurs enfants qui sont loin d'eux », a-t-il dit.
Selon Moussa Ibrahim, un immeuble de la télévision libyenne a aussi été bombardé lundi soir. Seize personnes ont été blessées dans cette frappe, selon lui. L'immeuble n'a été détruit que partiellement, et la télévision libyenne est toujours en ondes mardi.
« Tant que Kadhafi continuera de menacer les civils, l'OTAN maintiendra la pression sur son régime et continuera de détruire sa capacité de nuire à la population », a déclaré le chef de la mission de l'OTAN en Libye, le lieutenant-général canadien Charles Bouchard.
Malgré cette intensification des bombardements, le colonel Kadhafi a profité d'une interview diffusée par la télévision d'État libyenne pour appeler ses partisans à se rassembler dans son complexe de Bab al Azizia.
« Nous vaincrons nos ennemis », a dit le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. « Nous ne nous rendrons pas. Nous saluons la mort. Le martyre est un million de fois préférable. ».
Lundi, Reuters a rapporté que les rebelles avaient pris la ville de Yefren, à environ 100 kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Cette avancée a été rendue possible par la destruction de deux véhicules blindés des forces kadhafistes par l'armée britannique.
Le ministère britannique de la Défense a aussi annoncé que des hélicoptères d'assaut Apache, qui viennent tout juste d'être envoyés en Libye, avaient détruit un système de lance-roquettes à Brega, la ville la plus à l'est parmi celles qui sont encore contrôlées par les forces kadhafistes.
Tractations diplomatiques
Pendant ce temps, l'envoyé spécial du Kremlin, Mikhaïl Marguelov, est arrivé mardi à Benghazi, fief des rebelles dans l'est du pays, pour tenter « d'établir un dialogue » entre Tripoli et la rébellion.
Il y a rencontré plusieurs responsables du Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion, dont son président Moustapha Abdeljalil.
Au terme des discussions, M. Marguelov a répété devant la presse que la Russie prônait « une solution politique, pas une escalade militaire ». Il a cependant déclaré que « Kadhafi a perdu sa légitimité dès la première balle qui a tué un innocent ».
Le responsable de l'information au CNT, Mahmoud Chammam, affirme que la première chose que le CNT a dite à l'émissaire russe, c'était que la rébellion ne « voulait toujours pas du régime de Tripoli, ne voulait pas de Kadhafi, et que le seul message qu'il pouvait transmettre à Kadhafi de la part de la rébellion était : "Partez!" »
Mahmoud Chammam a aussi réagi au terme « guerre civile » utilisé par Mikhaïl Marguelov. « Il ne s'agit pas d'une guerre civile, il s'agit d'une guerre criminelle menée par Kadhafi contre le peuple libyen », a-t-il répliqué.
L'émissaire russe a fait savoir qu'il serait mercredi au Caire, en Égypte, et qu'il était « ultérieurement disposé à se rendre à Tripoli ».
Un émissaire spécial de l'ONU, Abdul-Elah Al-Khatib, est aussi arrivé à Tripoli mardi. Le régime libyen a aussi dépêché son ministre des Affaires étrangères, Abdul-Ati Al-Obeidi, à Pékin, en Chine.
À l'instar de la Russie, la Chine a ouvert un canal de communications avec les rebelles libyens la semaine dernière.
Moscou et Pékin se sont abstenus lors du vote sur la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.

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