dimanche 19 juin 2011

L'OTAN reconnaît avoir tué des civils à Tripoli

Les autorités libyennes ont organisé une visite guidée... (Photo: AP)

Agence France-Presse
Bruxelles
L'OTAN a reconnu deux «bavures» en Libye en l'espace de vingt-quatre heures, avec un bombardement qui a tué des civils à Tripoli et un autre contre des forces rebelles, à un moment où la légitimité de son intervention reste contestée et où elle stagne sur le terrain.Dans la nuit de samedi à dimanche, un raid de l'OTAN sur Tripoli a fait neuf morts, dont cinq membres d'une même famille, et dix-huit blessés dans un quartier d'habitation, selon le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim.

Dans un communiqué, l'Alliance atlantique a admis que cette frappe sur la capitale libyenne avait causé des pertes civiles. C'est ainsi la première fois qu'elle reconnaît une «bavure» ayant fait des victimes civiles.
«Un site militaire de missiles était la cible prévue de frappes aériennes à Tripoli la nuit dernière. Toutefois, il s'avère qu'une arme n'a pas frappé la cible prévue et qu'il peut y avoir eu une erreur dans le système qui peut avoir fait un certain nombre de victimes civiles», a-t-elle expliqué.
«L'OTAN regrette la perte de vies de civils innocents», a assuré dans le communiqué le général canadien Charles Bouchard, qui dirige l'opération en Libye.
Depuis qu'elle a pris le 31 mars le commandement de l'opération internationale sous mandat de l'ONU, destinée précisément à défendre la population civile face aux forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi, l'Alliance a effectué quelque 1500 sorties. Chacune a été «préparée et exécutée avec un grand soin pour éviter les victimes civiles», s'est défendue dimanche l'OTAN.
Moussa Ibrahim a au contraire accusé l'OTAN de commettre des actes «barbares» en visant «délibérément des civils». «C'est une autre nuit de tuerie, de terreur et d'horreur, causée par l'OTAN», a-t-il déploré, en affirmant qu'il n'y avait pas d'installations ou de véhicules militaires près du quartier.
Une version que conteste l'OTAN, qui accuse régulièrement les forces loyales à Mouammar Kadhafi de s'installer dans des zones civiles. Et c'est précisément pour éviter ce genre de méprises que, depuis le 4 juin, l'Alliance a recours à des hélicoptères français et britanniques pour procéder à des frappes plus précises que celles des avions.
L'annonce intervient 24 heures à peine après que l'OTAN a dû reconnaître avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules des forces rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin. Au moins deux autres incidents du même type étaient déjà survenus dans le passé.
La colonne de véhicules militaires, comprenant des chars, a été identifiée dans une zone où les forces loyales au colonel Kadhafi venaient d'intervenir. Il a été considéré en conséquence qu'elle devait «être ciblée par les avions de l'OTAN», a expliqué l'alliance.
Ces deux annonces interviennent à un moment difficile, trois mois après le début des opérations militaires. Face au risque d'enlisement du conflit, une réunion de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine a insisté samedi au Caire sur la nécessité d'une solution politique.
Le 10 juin, la Norvège, qui a envoyé six chasseurs F-16 pour contribuer aux frappes en Libye, a annoncé qu'elle allait dans un premier temps réduire son engagement militaire, puis qu'elle y mettrait fin à compter du 1er août, deux mois avant l'expiration de l'actuel mandat de l'OTAN.
Ce pays scandinave est ainsi le premier membre de la coalition à planifier ouvertement son retrait des opérations aériennes au-dessus de la Libye.
Mais la contestation la plus forte vient des États-Unis, où le président américain Barack Obama se prépare à un conflit ouvert cette semaine au Congrès, dont nombre de membres ne digèrent pas qu'il ne les ait pas consultés pour autoriser l'intervention.

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