Agence France-Presse
Londres |
Américains et Britanniques ont coopéré étroitement dans les années 2000 avec les services de renseignement du colonel Mouammar Kadhafi, la CIA allant jusqu'à livrer des prisonniers au régime libyen pour interrogatoire, ont rapporté samedi des journaux. Sous l'administration de l'ancien président George W. Bush, la CIA a livré de présumés terroristes au régime du colonel Kadhafi en suggérant les questions que les Libyens devaient leur poser, rapporte le WSJ en citant des documents découverts au siège de l'agence de la sécurité extérieure libyenne.
L'Independent britannique et deux quotidiens américains, le Wall Street Journal (WSJ) et le New York Times, citent des archives découvertes dans un immeuble des services secrets libyens à Tripoli par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).
Selon le New York Times, la CIA a envoyé au moins à huit reprises des suspects de terrorisme en Libye pour qu'ils y soient interrogés.
De même source, les Libyens ont demandé en échange à retrouver Abu Abdullah al-Sadiq, un dirigeant d'opposition. Un officier de la CIA a répondu en mars 2004 que l'agence tenterait de le localiser, selon un document contenu dans le dossier sur la CIA.
Un responsable américain cité anonymement par le WSJ rappelle qu'à cette époque, la Libye tentait de rompre son isolement diplomatique.
«En 2004», dit-il, «les États-Unis avaient réussi à convaincre le gouvernement libyen de renoncer à son programme d'armes nucléaires et à aider à arrêter les terroristes qui visaient les Américains».
The Independent publie des informations similaires, et pointe les relations entre les services libyens et britanniques à la même époque.
Il cite un document américain classé «secret» annonçant que les services américains étaient «en mesure» de livrer «physiquement» aux Libyens un homme, Cheikh Moussa, présenté comme membre d'un groupe lié à Al-Qaïda.
Des vols secrets américains ont transporté des dizaines de suspects de terrorisme dans le monde entier à la suite des attentats du 11 septembre 2001, pour être interrogés dans des pays tiers.
Selon The Independent, la Grande-Bretagne a communiqué à l'époque des informations sur des opposants en exil du régime Kadhafi. Dans une lettre du 16 avril 2004, les services secrets britanniques informent leurs homologues libyens qu'un militant libyen vient d'être libéré en Grande-Bretagne.
Plusieurs documents ont trait à la visite très médiatisée du premier ministre britannique Tony Blair à Tripoli en 2004, montrant que c'est M. Blair qui a insisté pour être reçu par Kadhafi sous sa tente.
Selon les notes retrouvées à Tripoli, les services secrets britanniques ont aussi aidé à rédiger le discours où Kadhafi annonçait qu'il renonçait aux armes de destruction massives.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a refusé samedi de commenter des informations, qui «remontent à l'époque d'un gouvernement précédent» (celui de Tony Blair, NDLR). «Je ne peux faire aucun commentaire sur les questions de renseignement», a-t-il indiqué sur Sky News.
Le département d'État, contacté à Washington par l'AFP, a également refusé de commenter.
Moussa Koussa, chef des services de renseignement libyens de 1994 à 2009, puis ministre des Affaires étrangères, est arrivé à Londres le 30 mars après avoir fait défection, et est reparti libre vers le Qatar.
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