Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, a
remporté l'élection présidentielle en Égypte, a annoncé la commission
électorale, dimanche.
Il
est le vainqueur du second tour des 16 et 17 juin, l'emportant sur
Ahmad Chafic, l'ancien premier ministre de Hosni Moubarak issu de
l'armée. Les deux candidats avaient auparavant revendiqué la victoire.
M.
Morsi a obtenu 51,73 % des votes, contre 48,27 % pour Ahmad Chafic. Le
taux de participation au second tour a été de 51 % précise la commission
électorale. Plus de 25 millions d'Égyptiens ont voté.
L'annonce
a été faite vers 16 h 30, heure locale, par le chef de la commission
électorale, le juge Farouk Sultan, dans un discours télévisé.
Explosion de joie place Tahrir
À
l'annonce des résultats, la foule rassemblée place Tahrir a exulté. Les
cris de joie se mêlaient aux drapeaux égyptiens, flottant nombreux
au-dessus des têtes.
Des
milliers de personnes s'étaient rassemblées en mi-journée, au centre du
Caire, pour l'annonce des résultats. On notait la présence de partisans
des Frères musulmans et des salafistes ultraconservateurs, mais
également des groupes de jeunes qui ont participé au mouvement de
protestation qui a mené à la chute de Hosni Moubarak en 2011.
Quelque 2000 partisans d'Ahmad Chafic étaient également rassemblés à Nasr City, dans la banlieue nord du Caire.
Les
militaires au pouvoir en Égypte étaient en alerte dimanche avant la
proclamation du vainqueur du second tour de l'élection présidentielle.
Peu
de soldats étaient visibles dans les rues dimanche, mais les
responsables de la sécurité ont fait savoir qu'ils étaient prêts à
répondre en cas de troubles.
Des
véhicules blindés étaient stationnés dans la capitale au siège de la
commission électorale et devant le bureau d'information du gouvernement
où se tient la conférence de presse pour commenter ce résultat
historique au Proche-Orient. Des hélicoptères survolaient également
la capitale.
Les fonctionnaires travaillant autour de la place Tahrir ont été encouragés à rentrer chez eux.
Rappelons
que la commission électorale avait demandé plus de temps pour examiner
les multiples recours présentés par les deux camps. Cette décision a
alimenté les accusations de fraudes et de manipulations envers les
autorités militaires, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak.
Des milliers de manifestants se sont réunis place Tahrir au cours des derniers jours pour réclamer la publication des résultats.
La foule en liesse, place Tahrir, au Caire, après l'annonce des résultats
©
PC/AP Photo/Egypt State TV
Un président islamiste
Mohammed
Morsi, un ingénieur de 60 ans, diplômé d'une université américaine,
devient ainsi le premier dirigeant islamiste à la tête du pays le plus
peuplé du monde arabe.
Mais
sa marge de manoeuvre sera des plus limitées. À la suite de la
dissolution sur décision de justice de la chambre des députés dominée
par les islamistes, l'armée s'est en effet octroyée le pouvoir
législatif et un droit de contrôle sur l'élaboration de la prochaine
Constitution. Elle a toutefois promis de remettre le pouvoir au nouveau
président avant le 30 juin.
La
confrérie a vivement critiqué les dispositions constitutionnelles
prises par l'armée et qui permettront aux militaires de rester un
acteur central.
Montrant
sa certitude de l'emporter, M. Morsi avait déjà rencontré d'autres
groupes et établi un projet d'accord pour former un gouvernement de
coalition nationale.
De
nombreux Égyptiens et des millions de personnes dans la région
considéraient une victoire potentielle de l'ex-général Chafic comme un
coup mortel aux révolutions du Printemps arabe de 2011, malgré sa
promesse de former un gouvernement non exclusivement
composé d'islamistes.
Toutefois,
les minorités, notamment les chrétiens coptes, ainsi que les laïques et
les libéraux craignaient l'arrivée au pouvoir d'un islamiste, de peur
notamment de voir un retour de la loi islamique, la charia.
La
victoire potentielle de Morsi suscitait aussi les craintes d'Israël,
qui considèrent les Frères musulmans comme hostiles envers
l'État hébreu.
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