dimanche 24 juin 2012

Égypte-- Mohammed Morsi vainqueur de la présidentielle

Le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, en conférence de presse, le 22 juinMohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, a remporté l'élection présidentielle en Égypte, a annoncé la commission électorale, dimanche.
Il est le vainqueur du second tour des 16 et 17 juin, l'emportant sur Ahmad Chafic, l'ancien premier ministre de Hosni Moubarak issu de l'armée. Les deux candidats avaient auparavant revendiqué la victoire.
M. Morsi a obtenu 51,73 % des votes, contre 48,27 % pour Ahmad Chafic. Le taux de participation au second tour a été de 51 % précise la commission électorale. Plus de 25 millions d'Égyptiens ont voté.
L'annonce a été faite vers 16 h 30, heure locale, par le chef de la commission électorale, le juge Farouk Sultan, dans un discours télévisé.

Explosion de joie place Tahrir
À l'annonce des résultats, la foule rassemblée place Tahrir a exulté. Les cris de joie se mêlaient aux drapeaux égyptiens, flottant nombreux au-dessus des têtes.
Des milliers de personnes s'étaient rassemblées en mi-journée, au centre du Caire, pour l'annonce des résultats. On notait la présence de partisans des Frères musulmans et des salafistes ultraconservateurs, mais également des groupes de jeunes qui ont participé au mouvement de protestation qui a mené à la chute de Hosni Moubarak en 2011.
Quelque 2000 partisans d'Ahmad Chafic étaient également rassemblés à Nasr City, dans la banlieue nord du Caire.
Les militaires au pouvoir en Égypte étaient en alerte dimanche avant la proclamation du vainqueur du second tour de l'élection présidentielle.
Peu de soldats étaient visibles dans les rues dimanche, mais les responsables de la sécurité ont fait savoir qu'ils étaient prêts à répondre en cas de troubles.
Des véhicules blindés étaient stationnés dans la capitale au siège de la commission électorale et devant le bureau d'information du gouvernement où se tient la conférence de presse pour commenter ce résultat historique au Proche-Orient. Des hélicoptères survolaient également la capitale.
Les fonctionnaires travaillant autour de la place Tahrir ont été encouragés à rentrer chez eux.
Rappelons que la commission électorale avait demandé plus de temps pour examiner les multiples recours présentés par les deux camps. Cette décision a alimenté les accusations de fraudes et de manipulations envers les autorités militaires, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak.
Des milliers de manifestants se sont réunis place Tahrir au cours des derniers jours pour réclamer la publication des résultats.
La foule en liesse, place Tahrir, au Caire, après l'annonce des résultats La foule en liesse, place Tahrir, au Caire, après l'annonce des résultats   © PC/AP Photo/Egypt State TV
Un président islamiste
Mohammed Morsi, un ingénieur de 60 ans, diplômé d'une université américaine, devient ainsi le premier dirigeant islamiste à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe.
Mais sa marge de manoeuvre sera des plus limitées. À la suite de la dissolution sur décision de justice de la chambre des députés dominée par les islamistes, l'armée s'est en effet octroyée le pouvoir législatif et un droit de contrôle sur l'élaboration de la prochaine Constitution. Elle a toutefois promis de remettre le pouvoir au nouveau président avant le 30 juin.
La confrérie a vivement critiqué les dispositions constitutionnelles prises par l'armée et qui permettront aux militaires de rester un acteur central.
Montrant sa certitude de l'emporter, M. Morsi avait déjà rencontré d'autres groupes et établi un projet d'accord pour former un gouvernement de coalition nationale.
De nombreux Égyptiens et des millions de personnes dans la région considéraient une victoire potentielle de l'ex-général Chafic comme un coup mortel aux révolutions du Printemps arabe de 2011, malgré sa promesse de former un gouvernement non exclusivement composé d'islamistes.
Toutefois, les minorités, notamment les chrétiens coptes, ainsi que les laïques et les libéraux craignaient l'arrivée au pouvoir d'un islamiste, de peur notamment de voir un retour de la loi islamique, la charia.
La victoire potentielle de Morsi suscitait aussi les craintes d'Israël, qui considèrent les Frères musulmans comme hostiles envers l'État hébreu.

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