mardi 17 juillet 2012

Algérie-Politique--Démission d’une soixantaine de cadres du FFS: Ils comptent lancer un nouveau parti politique


Coup de théâtre au FFS : une soixantaine de cadres, dont l’ancien Premier secrétaire Karim Tabbou, ont annoncé ce mardi 17 juillet leur démission du plus vieux parti d’opposition en Algérie. « Nous n’avons jamais souhaité nous trouver dans cette radicalité vis‑à‑vis de notre ancien parti et de nos anciens camarades de lutte. Cependant, les contorsions et les déviations par lesquelles l’équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir ne nous laisse guère le choix sur les décisions à prendre », ont indiqué les signataires dans une déclaration rendue publique.
Les démissionnaires affirment qu’ils refusent d’être « complices des tractations menées à l‘insu des militants et de l’opinion publique ». « Bien sûr qu’il ne s’agit pas ici pour nous de solder des comptes, de nous engager dans des querelles inutiles qui risquent d’émousser le peu de crédit qui reste à ce parti », assurent‑ils. Dix de ces cadres démissionnaires ont rencontré des journalistes ce mardi à Draria, dans la banlieue ouest d’Alger.
« En tant que cadres, nous avons choisi une solution conforme à nos convictions. On respecte Aït Ahmed, mais nous considérons que la démarche actuelle est un dérapage », estime l’avocat Hamdani Redha, ancien responsable du parti à Bordj Bou Arreridj. « Nous disons bonne chance au FFS, nous respectons les militants, mais le malaise est profond », soutient Karim Tabbou. Pour Bouhitem Châabane, membre du Conseil national et fédéral de Biskra, le FFS est devenu « un client du pouvoir ».
Vers la création d’un parti politique
Ces cadres, parmi lesquels figurent des membres du Conseil national, d’anciens responsables – comme Mme Bouamama –, des responsables fédéraux à l’instar de ceux de Biskra, Tiaret et Béjaïa, des présidents d’APC à l’image du maire de Rouiba, M. Lakrouz, ainsi que des élus, comme Mme  Farida Messaoudi, entendent « assumer leurs responsabilités » en créant « un cadre rassembleur » augurant vraisemblablement un parti politique. « Notre génération ne doit pas tourner le dos à l’Histoire. Nous sommes aux antipodes du populisme et d’un système politique patriarcal ; nous voulons assumer maintenant nos responsabilités historiques », écrivent‑ils. « Nous voulons réhabiliter le politique et restaurer l’ordre éthique, moral et intellectuel ; nous voulons poursuivre cet exercice de pédagogie politique, mobilisation citoyenne et luttes démocratiques en mesure de construire une conscience politique nationale ».
Ces cadres entendent dépasser les luttes d’appareils, car selon Tabbou, « les appareils actuels des partis sont sclérosés ». « Nous ne voulons pas mener des batailles d’arrière‑garde et de lutte d’appareils. Nous sommes engagés à mener le combat pour la démocratie dans le respect absolu des valeurs éthiques », soutiennent ces cadres. « Donnons‑nous la liberté d’engager la réflexion la plus profonde, d’aller vers la concertation la plus large pour la création d’un cadre mobilisateur et porteur des aspirations de l’ensemble des Algériennes et des Algériens. Construire une Algérie libre et heureuse n’est ni un slogan ni une chimère, c’est un projet. Une ambition », concluent‑ils.
Interrogés par ailleurs pour savoir s’ils ont engagé des contacts avec les ex‑responsables du FFS qui mènent eux aussi une fronde contre l’actuelle direction, Karim Tabbou a laissé entendre l’existence de divergences. « Nous avons eu des discussions avec des amis, d’anciens cadres, mais nous avons des différences dans la démarche et dans les raisons qui conduisent les différents mouvements. Il y a ceux qui pensent que la démarche de lutte consiste à infiltrer les structures du parti. Nous, on le dit, on refuse de se battre contre des moulins à vents à l’intérieur de l’appareil ». « Moi, je pense que toutes les initiatives qui respectent le débat et les valeurs sont à encourager », a‑t‑il toutefois précisé. (TSA)

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