Après avoir passé plus de quatre ans à la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia a été remercié, ce lundi 3 septembre. Il est remplacé par Abdelmalek Sellal, son ministre des Ressources en eaux. Dans le communiqué de la Présidence de la République, aucun passage ne souligne l’action d’Ouyahia à la tête du gouvernement. « Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a mis fin ce jour aux fonctions du Premier ministre monsieur Ahmed Ouyahia, qui lui a présenté la démission du gouvernement », a indiqué le communiqué de la Présidence.
En 2008, Ahmed Ouyahia avait été nommé sur simple appel téléphonique d’un collaborateur du président Bouteflika. On ignore dans quelles conditions son limogeage lui a été annoncé. Mais un indice ne trompe pas : ce lundi, au journal de 20 heures de l’ENTV, aucune image du président recevant l’ancien et le nouveau Premier ministre. Ce matin, à l’APN et au Sénat, Ahmed Ouyahia était inhabituellement boudeur, refusant de parler aux journalistes. En fait, il aurait été informé de ce limogeage dès la semaine passée. D’où sa décision d’annuler deux réunions très importantes (lire nos informations).
Mais contrairement aux apparences, ce départ du gouvernement, s’il constitue un échec pour le serviteur zélé de l’État et du pouvoir qu’il a toujours été, s’avère une délivrance pour le politicien Ouyahia. L’homme a d’autres ambitions politiques. Depuis quelques mois, il ne s’en cache même plus : il veut devenir président de la République. En 2014, il aura 62 ans. Pour lui, c’est le moment où jamais, d’autant qu’en bon connaisseur du système, il sait que le prochain locataire d’El Mouradia pourrait s’y installer pour une longue période, comme l’a fait l’actuel président et d’autres avant lui. Autant dire que pour lui, 2014 constitue une sorte de rendez‑vous de la dernière chance.
Désormais libre de tout engagement officiel, Ahmed Ouyahia va pouvoir se consacrer à cet objectif. Premier test pour lui : les prochaines élections locales. Le contrôle des collectivités locales est un enjeu crucial dans la perspective de la présidentielle. Il aura ensuite à mettre fin à la fronde qui secoue son parti. Une occasion pour lui de montrer son autorité et de tester sa popularité parmi les militants de son parti. Impopulaire, Ahmed Ouyahia aura du mal à compter sur des alliances crédibles au sein de l’opposition. Son atout majeur demeure l’appui supposé dont il bénéficie au sein de la hiérarchie militaire, notamment auprès du puissant patron du DRS, le général Mohamed Mediene. La présidentielle de 2014 ne se jouera pas uniquement entre candidats, dans les urnes. Les différents clans du pouvoir auront leur mot à dire.
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