samedi 10 août 2013

Surveillance : Obama plaide pour la "transparence" et la réforme du Patriot Act

Suite au scandale des écoutes de la  NSA, le président américain a proposé vendredi d'amender le Patriot Act, adopté après les attentats du 11-Septembre. Il promet une "nouvelle ère" dans le renseignement avec "davantage de transparence".


Le président américain Barack Obama a promis vendredi, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, des réformes dans la surveillance des communications au nom de la "transparence" et de la "confiance", mais a démenti tout abus, après la polémique déclenchée par les révélations d'Edward Snowden sur le programme de surveillance de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA).

OBAMA CONTRE LE BOYCOTT DES JEUX DE SOTCHI
Barack Obama s’est dit choqué de la loi "anti-propagande gay" votée en juin par le Kremlin.
Il appelle en revanche les athlètes américains à ne pas boycotter les Jeux olympiques de Sotchi en Russie en février 2014 comme il en était question, notamment dans la presse américaine, ces dernières semaines.
Consacrant une grande partie de son intervention à ces programmes, mis en lumière par les révélations de Edward Snowden, un ancien consultant réfugié depuis en Russie, Barack Obama a dit sa volonté de "travailler avec le Congrès pour mettre en place des réformes appropriées" de la disposition du Patriot Act qui chapeaute ces opérations. Le Patriot Act est un ensemble de lois sécuritaires adoptées peu après les attentats du 11-Septembre. L'un de ses articles a été utilisé par l'administration pour justifier la collecte des métadonnées téléphoniques (durée des appels, numéros appelés) par la NSA, puissante agence chargée des interceptions électroniques.
"Snowden n'est pas un patriote"
Promettant une "nouvelle ère" dans le renseignement avec "davantage de supervision, davantage de transparence et de garde-fous", Barack Obama a dit comprendre "les inquiétudes de ceux qui craignent qu'il pourrait y avoir des abus", mais il a assuré que les États-Unis ne souhaitaient pas espionner "les citoyens ordinaires". Le programme de collecte des métadonnées, dénoncé par Edward Snowden début juin, est "un outil important dans nos efforts pour prévenir les complots terroristes", a toutefois rappelé Barack Obama, qui, interrogé sur le jeune consultant, a estimé qu'il n'était pas "un patriote".
Parmi les mesures envisagées, le président américain a évoqué le renforcement de la supervision par la Cour de surveillance du renseignement étranger (la FISC), un tribunal secret de 11 juges qui autorise la NSA à réclamer auprès des opérateurs téléphoniques et Internet les données de leurs clients. Jusqu'à maintenant les juges tranchaient sur des requêtes du gouvernement sans contradiction. Le président a dit qu'il envisageait d'instaurer une "voix indépendante" dans le dialogue avec la Cour pour assurer l'équilibre entre sécurité et vie privée.
Autre mesure, la divulgation "d'autant d'informations que possible sur ces programmes" de surveillance, a énuméré M. Obama. "Nous avons déjà déclassifié un nombre d'informations à propos de la NSA sans précédent. Mais nous pouvons aller plus loin", a-t-il expliqué, évoquant notamment la base légale du programme de collecte des métadonnées. Le département de la Justice a d'ailleurs publié dans la foulée un tel document.
Rassurer les alliés
Enfin, la NSA nommera un responsable chargé de la vie privée et des libertés publiques tandis qu'un site internet "servira de plateforme à davantage de transparence" sur "ce que font et ne font pas" les agences de renseignement, a annoncé le président. "Quant aux autres dans le monde, je veux encore une fois rappeler que l'Amérique n'est pas intéressée par l'espionnage des gens ordinaires", a-t-il plaidé. "Toutes ces mesures sont destinées à faire en sorte que les Américains puissent avoir confiance dans le fait que nous respectons nos intérêts et nos valeurs" tout en menant des opérations de renseignement, a encore dit le président.
L'association de défense des libertés sur internet CDT a salué la "première étape cruciale vers un dialogue démocratique nécessaire de longue date" franchie par Barack Obama, tout en appelant le Congrès à agir sans tarder "pour mettre fin à la collecte en masse des données téléphoniques des Américains". Les adversaires républicains du président américain au Congrès l'ont en retour exhorté à ne pas perdre de vue la mission première du renseignement. "La transparence est importante, mais la Maison Blanche doit dire que la réforme ne compromettra pas l'intégrité" des programmes de surveillance, a expliqué Brendan Buck, porte-parole du président de la Chambre des représentants John Boehner.
La révélation du programme de surveillance d'Internet, baptisé Prism, a ulcéré de nombreux pays alliés des États-Unis, notamment l'Allemagne. Barack Obama, qui s'est entretenu jeudi avec des dirigeants d'entreprises de télécommunications et d'Internet à la Maison Blanche, a également décidé de créer un groupe d'experts pour passer en revue les opérations de surveillance de son pays. Il leur commandera un rapport d'ici à la fin de l'année, selon un haut responsable de la Maison Blanche.
Par Florence THOMAZEAU (vidéo)
FRANCE 24  (texte)

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