En juin dernier, Barack Obama et Vladimir Poutine sont apparus tendus, sans sourire aux caméras, à l'issue d'un entretien lors du G8 en Irlande du Nord.
Agence France-Presse
Saint-Pétersbourg
Le président américain Barack Obama devait arriver jeudi au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg chez son plus farouche adversaire à une intervention militaire en Syrie, Vladimir Poutine, dont le pays laisse planer la menace d'une escalade dans la région.
Les dirigeants des pays les plus puissants du monde se réunissent jeudi et vendredi dans la ville natale de M. Poutine, sur laquelle l'ombre de la Syrie va planer, éclipsant les habituels sujets économiques du G20.
Le sommet permettra aux différents camps de se compter, et plusieurs réunions bilatérales entre partisans d'une action armée sont prévues, alors qu'approche la date du 9 septembre, jour de rentrée pour les parlementaires américains qui doivent se prononcer sur une intervention militaire.
Barack Obama rencontrera notamment le président français François Hollande, un des plus chauds partisans d'une action militaire.
Ce dernier doit de son côte parler en tête à tête avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, également favorable à une intervention, après le tollé provoqué par les accusations portées contre Damas, suspecté d'avoir tué des centaines de civils le 21 août avec des armes chimiques.
M. Obama a franchi un cap au Congrès dans son projet de frappes contre la Syrie, tandis que mercredi en Suède, il a affirmé que c'était au monde de faire respecter la «ligne rouge» interdisant le recours aux armes chimiques, appelant ses partenaires à ne pas rester silencieux face à la «barbarie».
A Washington, la commission des Affaires étrangères du Sénat a approuvé de justesse --par dix voix contre sept-- une résolution autorisant M. Obama à déclencher une intervention «limitée» contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, d'une durée maximale de 60 jours avec la possibilité de la prolonger à 90 jours, sans troupes au sol.
Vladimir Poutine a lui mis en garde mercredi le Congrès américain contre l'approbation de frappes en Syrie qui constitueraient une «agression» si elles avaient lieu «en dehors du cadre des Nations unies», où plusieurs pays, Russie ou encore Chine posent leur veto à toute intervention.
Il a toutefois également affirmé que la Russie pourrait soutenir une opération américaine si des preuves de l'attaque chimique lui étaient fournies. Le bilan très élevé de l'attaque -- 1429 morts selon Washington -- pourrait être dû à une «erreur» de dosage, selon les services secrets allemands cités par Der Spiegel, qui disculpent la rébellion syrienne.
Dans le même temps, une source militaire russe a agité la menace d'une escalade militaire dans la région, affirmant mercredi que les navires de guerre russes en Méditerranée étaient «capables de réagir».
«Nous sommes déjà prêts à résoudre les problèmes qui pourraient apparaître. Pour cela, il va bientôt y avoir des changements au sein du groupe (de navires) pour mieux répondre à l'évolution des événements», a ajouté cette source à l'agence Interfax, sans autre précision.
La Russie a aussi agité l'épouvantail nucléaire, le ministère des Affaires étrangères mettant en garde mercredi soir contre d'éventuelles conséquences «catastrophiques» en cas d'erreur de tir.
«La chute d'un projectile militaire sur le mini-réacteur situé dans la banlieue de Damas pourrait avoir des conséquences catastrophiques», selon un communiqué du porte-parole du ministère Alexandre Loukachevitch.
«Troisième guerre mondiale»
«Le Moyen-Orient est un baril de poudre, et le feu s'en approche aujourd'hui (...) Tout le monde perdra le contrôle de la situation lorsque le baril de poudre explosera», avait affirmé lundi le président Bachar al-Assad.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a assuré mercredi que «le gouvernement syrien ne changerait pas de position même s'il y a une troisième guerre mondiale.»
Le chef du Pentagone Chuck Hagel a réaffirmé mercredi que «les objectifs militaires en Syrie sont de tenir le régime Assad responsable de ses actes, de dégrader sa capacité à effectuer des attaques chimiques et de le dissuader d'en conduire de nouvelles».
M. Moqdad a aussi fustigé la France, affirmant à l'AFP que la position hexagonale envers la Syrie était «honteuse», et que Paris était «inféodé» à Washington.
François Hollade doit faire face dans son pays à une classe politique divisée comme l'a montré un débat parlementaire sans vote sur la question syrienne mercredi.
A son arrivée en Russie mercredi après-midi, la présidente argentine Cristina Kirchner s'est dite résolument contre toute intervention.
«Personne, absolument personne ne veut la guerre», a-t-elle affirmé.
«Je continue de peser en faveur d'un règlement politique» de la crise, a déclaré mercredi à l'université de Saint-Pétersbourg le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Aucune réunion Obama-Poutine n'est prévue, mais quoi qu'il en soit, un porte-parole du Kremlin a assuré que M. Poutine allait accueillir M. Obama et «lui serrer la main».
L'accueil des participants au sommet est prévu à partir de 08h00.
Sur le terrain, des rebelles islamistes se sont emparés mercredi d'un poste militaire à l'entrée de la ville chrétienne de Maaloula, au nord de Damas, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), tandis que la capitale syrienne s'est retrouvée mercredi presque totalement privée d'électricité.
Mercredi, plusieurs ministres des pays voisins de la Syrie ont lancé depuis Genève un appel à la communauté internationale pour une aide d'urgence au développement en Syrie, notamment pour les écoles et infrastructures, alors que le nombre de réfugiés syriens a atteint les deux millions et exerce une pression croissante sur ces pays.
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