dimanche 8 septembre 2013

Tunisie – Nouvelle manifestation anti- gouvernementale, la crise s’accentue

Plusieurs milliers de Tunisiens ont investi samedi, les rues de la capitale pour commémorer le 40e jour de l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi et réclamer le départ du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda. Une démonstration de force qui accentue la crise politique dans le pays et rend plus difficile un compromis entre islamistes au pouvoir et opposition.
La foule s'est rassemblée à Bab Saadoun aux portes de Tunis, avant de défiler jusqu'à la place du Bardo, devenue théâtre de protestations quasi permanentes depuis la mort du député, le 25 juillet dernier.
"Le sang a coulé, plus de légitimité pour Ennahda", "Brahmi martyr, sur tes pas nous marcherons", "A bas les oppresseurs du peuple, à bas la bande des Frères", a scandé la foule, référence aux liens entre Ennahda et les Frères musulmans en Egypte. La famille de M. Brahmi et les proches de Chokri Belaid, un autre opposant de gauche assassiné en février dernier ont pris la tête de la marche, soigneusement encadrés par la police. De nombreux manifestants brandissaient des drapeaux tunisiens et des portraits de Mohamed Brahmi, dont l'assassinat a plongé la Tunisie dans une profonde crise politique. Le meurtre des deux opposants a été attribué par les autorités à des salafistes jihadistes liés à Al Qaida, qui ne les a pas revendiqués. Certains de leurs proches accusent Ennahda d'être responsable des deux assassinats, ce que dément régulièrement le parti islamiste.
Les officiels indésirables
La veuve de Mohamed Brahmi a fait savoir que les représentants du gouvernement étaient indésirables aux cérémonies commémoratives, et a appelé à la chute du gouvernement. Le Front du salut national (FSN) qui chapeaute le mouvement de protestation a affirmé que la date symbolique du 40e jour depuis le décès de Brahmi --qui marque la fin du deuil-- signifiait une "nouvelle étape de mobilisation" pour la chute du cabinet et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC). "Nous allons mettre la pression et mobiliser les régions, plus de dialogue jusqu'au départ de ce gouvernement", a déclaré à l'AFP Samir Ettaieb, député dissident et dirigeant de gauche. Les islamistes d’Ennahda ont rejeté les revendications de l’opposition, proposant à la place d'élargir la coalition au pouvoir, et d'organiser des élections le 17 décembre.
Pas de compromis, l’économie en berne
Favorable à la chute du cabinet, mais opposée à la dissolution de l'ANC, la centrale syndicale (UGTT) a mobilisé pour le rassemblement et tente une médiation laborieuse entre Ennahda et la coalition d'opposition, allant de l'extrême gauche au centre droit. Une nouvelle réunion de conciliation tenue mardi dernier n’a pas abouti à un compromis, les deux parties refusant de faire des concessions. 
La crise politique en Tunisie a lourdement pesé sur les performances économiques ainsi que sa compétitivité internationale. Selon le dernier rapport du forum économique mondial de Davos, le pays a dégringolé à la 83e place mondiale pour l’année 2013/2014, comparativement au 40e rang qu’il occupait dans la période 2011/2012. Le gouvernement vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2013 à 3,6% contre 4,5%, selon le ministre du Développement et de la coopération internationale. Des chiffres qui risquent de mettre à mal les équilibres budgétaires du pays rendre encore plus difficile les pourparlers du gouvernement tunisien avec le Fonds monétaire international pour l’octroi d’un prêt de 1,7 milliards de dollars





  Rédaction Maghreb Emergent

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