vendredi 25 octobre 2013

Le téléphone portable d'Angela Merkel espionné par la NSA



Nouveau coup de théâtre dans le scandale de la NSA:l, d'après Der Spiegel. Quand on sait que la chancelière allemande, accro aux SMS, communique essentiellement via son Blackberry —elle n'a pas d'ordinateur portable— avec son équipe et ses ministres, cela signifierait que la NSA aurait récolté une mine d'informations sur ses décisions politiques.

Premier réflexe de la chancelière: téléphoner à Barack Obama. Celui-ci lui a assuré mercredi que les États-Unis «ne surveillent pas et ne surveilleront pas» ses communications, laissant planer un doute immense sur le passé... D'après la chancellerie, Angela Merkel a déclaré à son homologue américain que ces pratiques étaient «totalement inacceptables». Et Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères, a convoqué l'ambassadeur américain dans ses bureaux cet après-midi.

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Du jamais vu au sein du gouvernement allemand qui, depuis le début de l'affaire de la NSA, n'a cessé de minimiser l'ampleur du scandale et s'est englué dans le silence. La volte-face de Merkel fait rire jaune la presse allemande ce matin, qui lui reproche d'avoir mis tant de temps à réagir.Comme l'écrit le quotidien Berliner Zeitung:


«Le gouvernement semble seulement comprendre maintenant ce qu'il se passe. À l'apogée de l'affaire de la NSA cet été, la coalition noire-jaune faisait preuve d'un désintérêt scandaleux. On ne savait rien. […] Et en plus, on était fier de cette ignorance. Merkel, en tout cas, avait à l'époque expliqué lors d'une conférence de presse qu'elle n'avait pas été informée des détails et qu'on ne devait attendre rien d'autre d'elle.»

Même constat pour le quotidien économique Handelsblatt, qui reproche à la chancelière de faire passer sa personne avant les citoyens allemands:


«Jusqu'à présent le gouvernement fédéral n'en avait rien à faire de tout cela. Seulement voilà, mercredi soir, la chancelière s'est indignée pour la première fois sur ces pratiques de façon publique. Pas parce que ses citoyens ont été espionnées, mais parce qu'elle l'a peut-être été.»

Contrairement à ses homologues européens, Angela Merkel a jusqu'ici fait profil bas par crainte de s'enliser dans une crise diplomatique avec son partenaire américain. Comme l'ajoute le Handelsblatt:


«Il n'y avait pas de critique ouverte vis-à-vis des USA. Les relations politiques et économiques sont trop importantes, la collaboration des services secrets dans le combat contre la terreur est trop importante.»

Le quotidien Die Welt parle lui de «bombe diplomatique», estimant que l'affaire prend maintenant un tour qui risque d'entacher durablement les relations entre les deux pays:


«Justement les amis américains! Justement Merkel! Pas un chef d'État n'avait défendu avec tant de véhémence les pratiques contestées des services américains ces derniers mois. Mais cette confiance est maintenant bien ébranlée du côté de la chancelière. Un lourd fardeau s'annonce pour la relation entre l'Allemagne et les Etats-Unis.»

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