mercredi 2 mars 2016

Le premier ministre français soutient Kamel Daoud

Le premier ministre français Manuel Valls a apporté, mercredi, son soutien à l’écrivain-journaliste algérien Kamel Daoud. 
S’exprimant sur sa page officielle sur le réseau social Facebook, il écrit que « les attaques, la hargne inouïe dont Kamel Daoud fait l’objet depuis quelques jours ne peuvent que nous interpeller, nous indigner. Et pour tout dire : nous consterner. Certains universitaires, sociologues, historiens, l’accusent, dans une tribune – plutôt un réquisitoire – d’alimenter, au sein de notre société, de prétendus fantasmes contre les musulmans. Au lieu d’éclairer, de nuancer, de critiquer – avec cette juste distance que réclame pourtant le travail du chercheur –, ils condamnent de manière péremptoire, refusent le débat et ferment la porte à toute discussion.


Pour Manuel Valls « le résultat est connu : un romancier de talent – et sur qui pèse déjà une « fatwa » dans son pays – décide, face à la violence et la puissance de la vindicte, de renoncer à son métier de journaliste. C’est tout simplement inconcevable » avant de souligner que « cette manière de mener le débat public est le signe d’un profond malaise de l’intelligence, d’une grande difficulté, dans notre pays, à penser sereinement le monde d’aujourd’hui, ses dangers. Et d’une trop grande facilité à repousser tous ceux qui s’y essayent ».

Le premier ministre français trouve que « les analyses de Kamel Daoud – et d’autres avec lui – peuvent nous être d’un grand secours  dans une époque de plus en plus indéchiffrable, gagnée par la montée des extrémismes, des fanatismes ».

Poursuivant sa tribune, Valls écrit « car derrière les caricatures qui en ont été faites, l’écrivain algérien nous livre un point de vue éclairant et utile, celui d’un intellectuel, d’un romancier. Une réflexion à la fois personnelle, exigeante, et précieuse. Personnelle, parce que Kamel Daoud n’avance pas sans preuves. Il nous parle du réel, de ce qu’il voit, de ce qu’il ressent, de ce qu’il vit aussi. Ce sont des réalités longuement étudiées, des rapports de force méticuleusement examinés qu’il nous décrit. Et si son propos a tant de profondeur, c’est qu’il nous parle, non pas de théorie, mais d’expérience ».

Pour le premier ministre français, « Kamel Daoud va loin. Il refuse le simplisme, le convenu, l’évident. Il nous dit au contraire que le monde est plus confus, moins lisible qu’on ne le pense. Il ne prétend pas, par exemple, que les sociétés occidentales sont parfaites, pas plus qu’il ne renvoie les sociétés musulmanes à un moyen âge. Il ne conteste ni les violences de l’« Occident », ni la richesse et le dynamisme de l’« Orient ». Mais « il montre simplement, comme l’a fait Deniz Gamze Ergüven dans son très beau Mustang, qu’il y a dans le monde musulman – mais aussi ici, en France – un fondamentalisme qui veut enfermer les consciences, imposer son ordre archaïque, entraver les libertés, soumettre les femmes ».

Pour Manuel Valls, « abandonner cet écrivain à son sort, ce serait nous abandonner nous-mêmes. Un chemin que la France emprunte, en faisant savoir, à tous ceux qui ont abandonné la pensée, qu’un musulman ne sera jamais par essence un terroriste, pas plus qu’un réfugié ne sera par essence un violeur. Un chemin que la France emprunte, aussi, en défendant les valeurs auxquelles elle croit, et sur lesquelles elle ne transigera jamais : la liberté – celle d’écrire, de penser –, l’égalité – notamment entre les femmes et les hommes –, la fraternité et la laïcité – qui font notre cohésion ».

 Et que « c’est en ces valeurs que croit Kamel Daoud. Parce qu’elles fondent notre démocratie, notre modernité, notre espace public – un espace où le débat est possible et où l’on respecte ceux qui prennent la parole –, ce sont ces valeurs qu’avec détermination nous devons défendre.

Abandonner cet écrivain à son sort, ce serait nous abandonner nous-mêmes. C’est pourquoi il est nécessaire, impérieux, et urgent, comme beaucoup l’ont fait ces derniers jours, de soutenir Kamel Daoud. Sans aucune hésitation. Sans faillir » conclut le premier ministre français son message de soutien à l’écrivain-journaliste algérien.

Aucun commentaire: