Les forces irakiennes ont hissé vendredi le drapeau national sur le principal QG du gouvernement reconquis à Falloujah, une importante percée dans leur offensive pour reprendre la ville au groupe djihadiste État islamique (EI), selon des commandants.
Dans leur avancée vers le centre de cet important fief djihadiste situé à 50 km à l'ouest de Bagdad, les
forces d'élite du contre-terrorisme (CTS) et les autres unités militaires ont fait face à une résistance limitée des djihadistes qui se sont redéployés vers l'ouest de la cité, ont-ils expliqué à l'AFP.
Si l'EI perdait Falloujah, il ne lui resterait que Mossoul comme grande ville sous son contrôle en Irak. Le groupe ultra-radical sunnite est également la cible d'offensives en Syrie voisine et en Libye, où il a perdu du terrain.
Depuis le lancement le 23 mai de l'offensive pour reprendre Falloujah avec le soutien aérien crucial de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, soldats, policiers et miliciens irakiens avaient réussi à encercler la ville et à reconquérir les quartiers périphériques.
Mais elles avançaient prudemment en direction du centre-ville en raison des engins explosifs placés par l'EI et des craintes pour les milliers de civils bloqués avec les djihadistes dans la zone.
« Les unités du CTS et les forces d'intervention rapide ont repris le QG gouvernemental dans le centre de Falloujah », a déclaré à l'AFP le général Abdelwahab al-Saadi, le commandant de l'offensive.
Raed Shaker Jawdat, le chef de la police fédérale, a confirmé cette percée. « La libération du principal complexe gouvernemental de la ville symbolise le rétablissement de l'autorité de l'État ».
Il a ajouté que le drapeau irakien avait été hissé sur le QG composé du siège du gouverneur et des bâtiments du Conseil local, de la police et des services de sécurité. Les troupes ont « libéré 70 % de la ville », selon lui.
Faible résistance de l'EI
Alors que les troupes irakiennes s'attendaient à des combats féroces dans le centre-ville, elles « ne se sont heurtées qu'à une faible résistance de DAECH », a dit le commandant Saadi en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.
Les djihadistes « ont fui en masse vers l'ouest de la ville, ce qui explique cette faible résistance. Il reste quelques poches de djihadistes que nous pourchassons dans le centre-ville », a-t-il ajouté.
Avant de pénétrer au coeur de la ville, les forces irakiennes avaient reconquis plusieurs quartiers du sud et l'est de Falloujah, connue sous le nom de la « cité des Mosquées ».
Dans ces quartiers désertés par leurs habitants, les forces d'élite ont consolidé leurs positions en stockant armes et nourriture, a constaté jeudi le correspondant de l'AFP sur place.
Des dizaines de corps de combattants de l'EI cachés sous des couvertures sont laissés au milieu des décombres des maisons détruites par les raids aériens, les tirs de roquettes ou les explosions contrôlées de centaines de bombes laissées par les djihadistes à travers la ville.
Selon des responsables de la sécurité, de nombreux membres de l'EI ont réussi à fuir en se fondant parmi les civils sortis de la ville ces derniers jours.
« La grande majorité des chefs (de l'EI) ne sont plus là, et les djihadistes laissés derrière ne sont pas leurs meilleurs combattants », a indiqué un responsable de la sécurité sous le couvert de l'anonymat.
Aucun bilan officiel de victimes civiles ou dans les rangs progouvernementaux n'a été donné depuis le début de l'offensive.
L'EI peut toujours frapper
L'EI s'est emparé de Falloujah, ville de la grande province d'Al-Anbar peuplée majoritairement de sunnites, en janvier 2014, cinq mois avant son offensive fulgurante en Irak qui lui avait permis de prendre le contrôle d'autres régions du pays, dont Mossoul, la deuxième ville d'Irak dans le nord.
Depuis le 23 mai, des dizaines de milliers de civils ont fui Falloujah, mais des milliers d'autres sont restés bloqués dans le centre-ville, où selon des ONG les djihadistes les utilisaient comme boucliers humains.
Parmi les milliers de personnes qui ont réussi à fuir, un grand nombre a trouvé refuge dans des camps à proximité de Falloujah.
« Nous avons un désastre humanitaire dans Falloujah et un autre désastre en cours dans les camps », s'est inquiété jeudi Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
« Des milliers de personnes fuyant les feux croisés après des mois de siège et de quasi-famine ont besoin d'assistance et de soins, mais nos stocks seront bientôt épuisés », a-t-il dit en appelant la communauté internationale à agir d'urgence.
Mais malgré ses revers, l'EI garde toutes ses capacités à commettre de nouveaux attentats dans le monde, a estimé le directeur de la CIA John Brennan.
SALAM FARAJ
Agence France-Presse
BAGDAD
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