mardi 1 février 2011

Mouloud Hamrouche livre ses idées à Paris « Le gouvernement a beaucoup d’argent mais ne sait pas comment le dépenser »


Après quatre ans de silence, Mouloud Hamrouche, ancien chef du gouvernement, est sorti de sa réserve, en animant, lundi 31 janvier, une conférence à l’Académie diplomatique internationale (ADI) à Paris sur le thème« Maghreb : Perspectives d’avenir ». Il a ensuite participé à un débat avec Michel Rocard, ancien Premier ministre français.
 
Faire accepter aux pouvoirs en place des alternatives aux politiques menées est, selon M. Hamrouche, un préalable aux réformes.« Ensuite, il faut négocier et construire un consensus autour des réformes », a‑t‑il soutenu. Il est important, d’après lui, de convaincre les populations du sérieux des démarches engagées en faveur du changement. « Comment imposer un débat au sein des instances dirigeantes ? C’est ce qui manque en Algérie. Notre système refuse de se soumettre à un fonctionnement institutionnel (…) C’est le chef seul qui décide. Il est le premier magistrat, le premier imam, le premier économiste, le premier financier », a‑t‑il dit. L’allusion est clairement faite à Abdelaziz Bouteflika qui, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, a refusé d’être « un trois quart de président ». 
 
Selon M. Hamrouche, la Tunisie, où le dictateur Ben Ali a été chassé du pouvoir par la population, possède l’expertise économique et financière que l’Algérie n’a plus. « En Algérie, et après vingt ans, on a pris conscience que l’impasse est là et que le pouvoir a perdu beaucoup de son expertise. Le gouvernement a beaucoup d’argent mais ne sait pas comment le dépenser », a‑t‑il noté. Pour Mouloud Hamrouche, la reconstruction institutionnelle est le seul moyen  à même d’assurer la transition politique et sociale dans les pays du Maghreb. Il a plaidé pour l’émergence de nouvelles forces politiques en Afrique du Nord. « Le système qui fonctionne sur la répression ne peut pas engendrer une démocratie, construire un comportement citoyen. La population est dans un esprit de rejet », a‑t‑il observé.
 
Depuis sa participation aux élections présidentielles de 1999, Mouloud Hamrouche s’est imposé un long silence. Ses sorties publiques sont rares. En septembre 2007, il a cosigné  un texte, avec Hocine Aït Ahmed et Abdelhamid Mehri, pour appeler à « un processus de démocratisation du pouvoir, de son exercice et de son contrôle ». A la même période, il a participé, aux côtés de Smail Hamdani, ancien chef du gouvernement, à une journée d’étude sur l’Union méditerranéenne. Il a également animé un débat, organisé par El Watan en décembre 2007, sur l’absence de démocratie dans le monde arabe.
 
Depuis, plus rien, aucune action ! Sollicité à plusieurs reprises par les médias algériens et étrangers, Mouloud Hamrouche a toujours refusé de donner des interviews ou de s’exprimer sur la situation politique en Algérie. Une attitude curieuse de la part d’un homme connu pourtant pour le courage de ses positions. Autre ex-candidat à l’élection présidentielle et ancien chef du gouvernement, Ali Benflis s’est, lui aussi, imposé un silence incompréhensible après le scrutin d’avril 2004. Hamrouche et Benflis sont‑ils dans l’opposition ? Pour l’opinion publique, ils le sont mais eux refusent de l’admettre. Si le débat politique est au point zéro en Algérie c’est également en raison du refus de certains hommes politiques d’assumer publiquement  leurs actes et leurs idées.
 

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