Cette semaine dans la presse en anglais : un ministre de la Défense américain qui rappelle qu’une « no-fly-zone» veut dire commencer par bombarder les Libyens. Une ex-ministre israélienne, criminelle de guerre de son état, appelle à l’édification d’un «code de conduite» spécial pour «démocraties arabes naissantes». Et un numéro 2 des Frères musulmans égyptiens se paie une crise cardiaque en détention en découvrant le traitement de faveur des nouveaux pachas de la prison de Tora. Selon CNN, parmi les voix qui appellent les Etats-Unis à imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, celle du sénateur démocrate John Kerry qui relève dans le même temps que le peuple libyen n’est pas en train de demander l’intervention de troupes étrangères. C’est l’avis également du sénateur républicain John McCain sur Fox News qui lui se fait plus pressant sur la question, accusant le président Obama de tergiverser au moment où il faut prendre des décisions rapides. Selon le malheureux challenger d’Obama aux élections de 2008, les Etats-Unis «dépensent plus de 500 milliards de dollars en budget défense, sans parler de l’argent qui va en Irak et Afghanistan, et ne me dites donc pas qu’on ne peut pas imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de Tripoli». Il est intéressant de noter que le sénateur républicain (lui-même célèbre pour avoir été un pilote d'avion militaire malheureux pendant la guerre du Vietnam) s’en prend également aux «hésitations des militaires américains » sur la question et pas seulement à celles d’Obama : «J’aime l’armée, je l’aime, cela a été toute ma vie, mais les militaires semblent toujours trouver des raisons de ne pas faire quelque chose au lieu de faire». - « Il faut appeler un chat un chat : intervenir c’est bombarder » L’avis des militaires en question a été largement relayé dans la presse américaine, à travers une déclaration sans ambigüités du ministre de la Défense Robert Gates qui a affirmé: « Si l’ordre est donné, nous pouvons le faire, mais il faut appeler un chat un chat : la réalité est que – et franchement il y a beaucoup de gens qui disent tout et n’importe quoi à propos de ces options militaires – une zone d’exclusion aérienne commence par une attaque aérienne sur la Libye pour détruire ses défenses aériennes, c’est comme ça que cela se fait, et après on peut envoyer nos avions survoler le pays sans craindre que nos hommes soient abattus. Mais c’est comme cela que ça commence ». Gates a également affirmé que des portes avions américains doivent nécessairement être présentsdans la région pour soutenir une telle opération. - Les experts divergent sur la question des “mercenaires africains” Dans Voice of America, un article pour s’attarder sur les contrecoups de l’utilisation par Kadhafi de mercenaires contre les manifestants aux tout premiers jours des protestations, «il y a maintenant un violent retour de bâton contre tous les Africains sub-sahariens par l’opposition», rapporte le journaliste qui a interviewé plusieurs analystes sud-africains selon lesquels «le nombre de mercenaires qui se battent réellement pour Kadhafi est plutôt réduit», en tout cas pas dans les «milliers» mais «quelques centaines tout au plus». Les doutes quant au nombre et impact réels des mercenaires sont nourris par la rapidité avec laquelle ils auraient été déployés par Kadhafi dans les tout premiers jours de la contestation. Voice of America souligne que parmi les «6.5 millions d’habitants en Libye, un million sont des étrangers, dont de nombreux Africains sub-sahariens, la plupart y travaillent légalement, employés dans un large éventail de secteurs de l’économie». «Il est possible qu’un certain nombre d’entre eux aient également intégré, après avoir obtenu la nationalité libyenne, l’armée ou que Kadhafi ait créé à un certain moment une milice formée essentiellement des ces gens et qu’il les ait déployés contre les manifestants», rapporte encore le journaliste de Voice of America qui note que certains rapports pour des instituts sud-africains insistent également sur le fait que «beaucoup d’entre ceux qui ont été utilisés contre les manifestants ont été forcés à le faire». - La démocratie c’est «accepter le monopole de la violence par l’Etat» (d’Israël) Dans le Washington Post c’est Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères en poste au moment de la sanglante attaque contre Gaza en 2008 qui lance l’idée de l’édification d’un code de conduite pour les nouveaux systèmes politiques arabes. «Le monde libre a reconnu depuis longtemps que la démocratie c’est d’abord une question de valeurs avant celle du vote. Dans les années 30, l’Europe a montré qu’un processus démocratique en divorce avec les valeurs démocratiques peut avoir des résultats dévastateurs », écrit l’ex-ministre qui fait preuve d’un sens de l’humour qui s’ignore en soulignant qu’en «Israël, des partis sont inéligibles et ne peuvent pas participer aux élections si leurs plateformes politiques contiennent des doctrines racistes ou anti-démocratiques». Pour Tzipi Livni, le Moyen-Orient a déjà «payé le prix de la négligence de ces principes, dans les cas de Hamas à Gaza et du Hezbollah au Liban, la communauté internationale a limité sa conception de la démocratie au processus technique du vote». Il faut donc corriger le tir d’autant, insiste l’ex-ministre, que «les événements courants dans le Moyen-Orient démontrent l’urgence d’adopter – au niveau global – ce qu’une vraie démocratie implique au niveau local : un code universel pour la participation à des élections démocratiques. Ceci impliquerait de contraindre chaque partie se présentant aux élections à accepter théorie et en pratique un ensemble de principes démocratiques inaliénable : la renonciation à la violence et l’acceptation du monopole de l’Etat sur l’usage de la force». - La vraie cause de la crise cardiaque du numéro 2 des Frères musulmans égyptiens Enfin une information qui en dit long sur l’Egypte post-révolutionnaire, selon le site des Frères musulmans, Ikhwanweb, le numéro deux de l’organisation Khairet el Shater, toujours en prison, a eu une crise cardiaque après s’être battu avec les gardiens et responsables de la prison de Tora en découvrant le traitement de faveur réservé aux tout nouveaux pachas-prisonniers : Habib Al Adli, l’ex-ministre de l’Intérieur, Ahmed Ezz, le numéro 2 du PND et confident du fils de Hosni Moubarak, Gamal, Ahmed Zuhair Garana (ex-ministre du Tourisme) et Al Maghrebi (ex-ministre de l’Habitat). |
jeudi 3 mars 2011
Faut-il bombarder les Libyens pour les sauver de Kadhafi?
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