L'offensive occidentale en Libye pose une question de leadership dans les opérations militaires. Washington souligne son «rôle leader» tout en affirmant vouloir «laisser la main» à ses alliés français et britanniques.
Il y a une vraie ambiguïté sur ce que veut faire l'Amérique en Libye. Est-elle en première ligne dans la guerre qui s'est ouverte ce week-end contre le régime du colonel Kadhafi ou bien l'armée américaine est-elle en retrait dans cette affaire? Le choix du commandement américain «Africom» de Stuttgart comme lieu de coordination des opérations, ainsi que le tir de plus d'une centaine de missiles Tomahawk à partir de ses vaisseaux pour neutraliser la défense antiaérienne libyenne sembleraient confirmer la première hypothèse.
Mais le maintien du voyage en Amérique latine du «commandant en chef» Barack Obama, qui visitait vendredi en famille une favela brésilienne au moment où une vingtaine d'avions de l'US Air Force frappaient des cibles en Libye, paraît attester du contraire.
Sur cette question, qui agite Washington, l'Administration peine à donner une réponse claire, parlant de son «rôle leader» tout en affirmant vouloir «laisser la main» à ses alliés français, britanniques et autres membres de la coalition. «Une contradiction dans les termes. Soit ils ont le leadership, soit ils reconnaissent qu'ils ne l'ont pas et le laissent aux Européens», s'étonne la spécialiste de défense Thérèse Delpech. Vendredi, dans l'émission «Face à la nation», le chef d'état-major Mike Mullen a précisé que l'Amérique avait les premiers rôles pendant «la première phase» de l'intervention pour des raisons d'efficacité opérationnelle, mais qu'elle entendait se mettre en «arrière-plan», dans une position de «soutien» dans «les prochains jours», pour laisser ses alliés européens et arabes «assurer la responsabilité de la mise en œuvre de la zone d'exclusion aérienne».
Un transfert du centre de commandement de l'opération à la coalition devrait intervenir rapidement. Mullen a surtout nié que l'objectif militaire de l'opération soit de chasser le colonel Kadhafi du pouvoir, rappelant que la résolution 1973 votée à l'ONU vise à «protéger les civils», pas à opérer un changement de régime comme en Irak.
Le départ du dictateur a été demandé par Obama et Clinton, et plusieurs sénateurs comme John McCain jugeaient vendredi que son maintien aux affaires serait un «coup terrible» pour la crédibilité de l'Amérique. Mais les responsables américains refusent de se laisser embourber dans un conflit sans fin, si Kadhafi résiste. «La vérité est que nul ne sait quel critère marque la fin de l'opération», a résumé l'ancien chef d'état-major Richard Myers sur CNN. Marqués par l'expérience irakienne après la première guerre du Golfe, les officiers américains savent qu'il est difficile de neutraliser un dictateur avec une zone d'exclusion aérienne et sans implication au sol, hypothèse exclue par Obama.
Selon la presse américaine, qui peine à écrire noir sur blanc que l'Amérique s'est presque fait forcer la main par Paris et Londres, l'ambiguïté à Washington s'explique par la profonde division de l'Administration. Depuis l'ouverture du débat, le Pentagone, massivement engagé en Afghanistan et en Irak, a traîné des pieds, le secrétaire à la Défense Robert Gates en tête. Le conseiller pour l'antiterrorisme de Barack Obama, John Brennan, a mis en garde le président contre le flou des intentions de l'opposition libyenne, que «personne ne connaît». Trois femmes ont en revanche joué un rôle crucial. Sous pression de Paris et de Londres, la secrétaire d'État Hillary Clinton s'est mobilisée lundi dernier, après avoir pris conscience du soutien de plusieurs pays arabes. L'ambassadeur à l'ONU Susan Rice a aussi joué un rôle moteur, de même que Samantha Power, membre du Conseil de sécurité nationale, où elle s'oppose à son patron Thomas Donilon.
Mais tout en cédant à leurs instances, pour des raisons apparemment surtout morales, Obama s'est prononcé pour une implication américaine «limitée», sans préciser ce que cela signifiait. Cela pourrait le mettre en porte-à-faux avec la France, aux intentions apparemment plus ambitieuses, notait vendredi le Washington Post. Reste que sa prudence est en phase avec celle des Américains qui, à 74%, souhaitent que les alliés se chargent de la Libye, de préférence à l'Amérique, selon un sondage CNN.
Mais le maintien du voyage en Amérique latine du «commandant en chef» Barack Obama, qui visitait vendredi en famille une favela brésilienne au moment où une vingtaine d'avions de l'US Air Force frappaient des cibles en Libye, paraît attester du contraire.
Sur cette question, qui agite Washington, l'Administration peine à donner une réponse claire, parlant de son «rôle leader» tout en affirmant vouloir «laisser la main» à ses alliés français, britanniques et autres membres de la coalition. «Une contradiction dans les termes. Soit ils ont le leadership, soit ils reconnaissent qu'ils ne l'ont pas et le laissent aux Européens», s'étonne la spécialiste de défense Thérèse Delpech. Vendredi, dans l'émission «Face à la nation», le chef d'état-major Mike Mullen a précisé que l'Amérique avait les premiers rôles pendant «la première phase» de l'intervention pour des raisons d'efficacité opérationnelle, mais qu'elle entendait se mettre en «arrière-plan», dans une position de «soutien» dans «les prochains jours», pour laisser ses alliés européens et arabes «assurer la responsabilité de la mise en œuvre de la zone d'exclusion aérienne».
Un transfert du centre de commandement de l'opération à la coalition devrait intervenir rapidement. Mullen a surtout nié que l'objectif militaire de l'opération soit de chasser le colonel Kadhafi du pouvoir, rappelant que la résolution 1973 votée à l'ONU vise à «protéger les civils», pas à opérer un changement de régime comme en Irak.
Trois femmes en pointe
Le départ du dictateur a été demandé par Obama et Clinton, et plusieurs sénateurs comme John McCain jugeaient vendredi que son maintien aux affaires serait un «coup terrible» pour la crédibilité de l'Amérique. Mais les responsables américains refusent de se laisser embourber dans un conflit sans fin, si Kadhafi résiste. «La vérité est que nul ne sait quel critère marque la fin de l'opération», a résumé l'ancien chef d'état-major Richard Myers sur CNN. Marqués par l'expérience irakienne après la première guerre du Golfe, les officiers américains savent qu'il est difficile de neutraliser un dictateur avec une zone d'exclusion aérienne et sans implication au sol, hypothèse exclue par Obama.
Selon la presse américaine, qui peine à écrire noir sur blanc que l'Amérique s'est presque fait forcer la main par Paris et Londres, l'ambiguïté à Washington s'explique par la profonde division de l'Administration. Depuis l'ouverture du débat, le Pentagone, massivement engagé en Afghanistan et en Irak, a traîné des pieds, le secrétaire à la Défense Robert Gates en tête. Le conseiller pour l'antiterrorisme de Barack Obama, John Brennan, a mis en garde le président contre le flou des intentions de l'opposition libyenne, que «personne ne connaît». Trois femmes ont en revanche joué un rôle crucial. Sous pression de Paris et de Londres, la secrétaire d'État Hillary Clinton s'est mobilisée lundi dernier, après avoir pris conscience du soutien de plusieurs pays arabes. L'ambassadeur à l'ONU Susan Rice a aussi joué un rôle moteur, de même que Samantha Power, membre du Conseil de sécurité nationale, où elle s'oppose à son patron Thomas Donilon.
Mais tout en cédant à leurs instances, pour des raisons apparemment surtout morales, Obama s'est prononcé pour une implication américaine «limitée», sans préciser ce que cela signifiait. Cela pourrait le mettre en porte-à-faux avec la France, aux intentions apparemment plus ambitieuses, notait vendredi le Washington Post. Reste que sa prudence est en phase avec celle des Américains qui, à 74%, souhaitent que les alliés se chargent de la Libye, de préférence à l'Amérique, selon un sondage CNN.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire