lundi 21 mars 2011

Washington cédera bientôt le commandement de l'intervention en Libye

Le président Obama

Le président Barack Obama a indiqué lundi que les États-Unis céderaient sous peu le commandement de l'intervention internationale en Libye à d'autres participants.
Une fois la première phase terminée, les États-Unis ne seront qu'un des partenaires internationaux, a-t-il assuré.
« Notre objectif initial est de neutraliser les défenses aériennes libyennes, pour que la zone d'exclusion aérienne puisse fonctionner efficacement », a-t-il soutenu depuis le Chili, où il est en voyage officiel. Il s'agit aussi « de s'assurer que les objectifs humanitaires de la mission puissent être remplis », a-t-il ajouté.
Le transfert dépendra de l'évolution de la situation sur le terrain et des recommandations des officiers de commandement, a précisé le président américain.

Mais laissez-moi insister sur le fait que nous prévoyons que cette transition se fera dans quelques jours
et non dans quelques semaines.
— Le président Obama
« L'OTAN sera impliquée dans une fonction de coordination en raison de l'extraordinaire capacité de cette alliance », a-t-il ajouté, sans donner de précision sur son rôle exact.
S'il a indiqué que les États-Unis souhaitaient le départ du colonel Kadhafi, il a cependant ajouté que cette décision revenait au peuple libyen. L'action militaire en cours découle de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de L'ONU, adoptée jeudi, qui autorise tous les moyens, y compris le recours à la force, pour protéger les civils, a tenu à rappeler le président américain.
Le général américain Carter Ham, commandant des forces américaines pour l'Afrique, a de son côté martelé que l'objectif de l'intervention en cours était d'imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye et non de soutenir toute offensive terrestre de l'insurrection. Répétant que la mission avait pour but de protéger les civils, il a ajouté qu'il n'y avait aucune concertation avec les opposants du colonel Kadhafi.
La responsabilité de l'OTAN divise la communauté internationale
Le rôle que pourrait jouer l'Alliance atlantique ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté internationale et de l'organisation. L'OTAN ne pourrait exercer le commandement des opérations que si elle obtient l'appui de ses 28 membres.
La Grande-Bretagne voudrait que cette responsabilité soit dévolue à l'OTAN, tout comme l'Italie qui, sinon, menace même de retirer son offre de mettre ses bases militaires à la disposition de la coalition internationale.
Mais l'Allemagne et la Turquie, notamment, s'opposent à ce qu'elle dirige les opérations, et la France a exprimé des réticences, notamment parce que les pays arabes s'y opposent. Le Quai d'Orsay préférerait que l'OTAN joue un rôle de soutien.
La Norvège a de son côté indiqué qu'elle ne donnerait son aval à la mission de ses six F-16 dépêchés lundi en mer Méditerranée que lorsque la question du commandement serait clarifiée.
Le cas libyen de retour devant le Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra jeudi une réunion au cours de laquelle le secrétaire général, Ban Ki-moon, s'expliquera sur l'application de la résolution 1973, ont par ailleurs indiqué des diplomates.
Ils ont toutefois rejeté la demande de la Libye de tenir une séance extraordinaire pour débattre des raids occidentaux. La Chine, qui assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil, avait organisé des consultations à huis clos pour débattre du sujet.
Un avion Rafale de l'armée française
Photo: AFP/STEPHAN AGOSTINI
La France participe à l'intervention militaire en Libye
Depuis les premières frappes aériennes, samedi et dimanche, de nombreuses voix se sont élevées pour contester la façon dont les puissances occidentales mènent l'intervention militaire.
En Russie, le premier ministre Vladimir Poutine a vivement critiqué la résolution de l'ONU. « Il est clair qu'elle autorise tout à tout le monde, n'importe quelle action à l'encontre d'un État souverain. Cela me fait penser à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen-Âge quand on appelait les gens à partir quelque part pour libérer cet endroit », a-t-il déclaré, selon les agences de presse russes.
Le ministre indien des Affaires étrangères, S.M Krishna, a également appelé à la fin des raids aériens afin de protéger les « civils innocents, les citoyens étrangers et les missions diplomatiques ».
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a lui aussi estimé dimanche que les bombardements des puissances occidentales s'écartaient de leur but. Il a cependant affirmé lundi que ses propos de la veille ont été « mal interprétés ».
Rappelons que la résolution 1973 a été adoptée jeudi dernier à dix voix pour et cinq abstentions. Les pays qui se sont abstenus sont la Chine, la Russie, l'Inde, l'Allemagne et le Brésil. Les deux premiers disposent d'un droit de veto, mais ils ont choisi de ne pas l'utiliser.
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse, Associated Press, Reuters, BBC et CNN

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