dimanche 12 juin 2011

Libye – Les marchands d’armes américains font des affaires, les russes font grise mine

 La guerre de l'Otan en Libye fait les bonnes affaires de l’industrie de l’armement américaine qui croule sous les commandes. Les russes qui enregistrent déjà un manque à gagner important risquent de perdre durablement le marché libyen.
En 2011, les Etats-Unis vont exporter pour près de 46,1 milliards de dollars d'armements, dont des munitions de guerre, en hausse de 10% par rapport aux exportations en 2010. Selon l'agence de défense, de sécurité et de coopération américaine (DSCA), un appendice du Pentagone, Washington compte vendre pour 46,1 milliards de dollars d'équipements et de services militaires par le biais du système des "ventes militaires à l'étranger" (FMS), lors de l'exercice budgétaire 2011, qui court d'octobre 2010 à septembre 2011, d'équipements et de services militaires par le biais du système des "ventes militaires à l'étranger"(FMS).  
Selon des déclarations à la presse vendredi du vice-amiral William Landay, directeur de la DSCA, ''plusieurs pays impliquées dans les bombardements en Libye ont contacté l'Agence pour refaire leurs stocks de munitions, mis à mal par le rythme des opérations''. Depuis la résolution 1973 de l'ONU autorisant des frappes aériennes contre les forces loyales au Colonel Mouammar Kadhafi, la campagne de bombardements a été lancée le 19 mars avant de passer sous commandement Otan le 31 mars. Vendredi, l'Alliance s'est dite déterminée à mener à bien sa mission, prolongeant son mandat de trois mois, jusqu'à fin septembre. La France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Canada, la Belgique, la Norvège, les Pays Bas, le Danemark, le Qatar participent aux frappes de l'Otan contre la Libye.
Livraisons rapides
L'augmentation des exportations d'armements US à conduit l'Agence à revoir ses procédures pour livrer plus rapidement en déterminant avant d'être approchée par un client quel type d'armement peut être livré à quel type de pays et en achetant des équipements avant qu'ils ne soient vendus, comme des lunettes de vision nocturne ou des gilets pare-balles, a précisé le directeur de la DSCA. "Entre 2005 et 2010, nous avons livré via le système des FMS pour 96 milliards d'équipements, de matériels et de services aux pays partenaires", a t-il souligné, expliquant qu'avec ''la guerre en Afghanistan et un rythme opérationnel accru pour de nombreuses forces armées, les clients cherchent de plus en plus à obtenir rapidement les équipements achetés''. Près de 79% de ces exportations d'armements américains sont financées par les nations et organisations clientes, le reste étant financé par les Etats-Unis dans le cadre de programme d'assistance. Vendredi, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates avait mis en garde les alliés occidentaux de l'Otan contre ''leur manque d'investissements militaires et de volonté politique'', soulignant que ces "lacunes pourraient compromettre" l'efficacité de la mission en Libye.
La Russie out?
En matière d’exportations d’armes, la Russie qui a développé une position politique ambigüe, selon que Medvedev ou Poutine s’exprime, est déjà le grand perdant de la situation en Libye. Au tout début de la guerre et alors que l’embargo était imposé au régime de Kadhafi,  le responsable de l'entreprise publique russe Rostekhnologuii, Sergueï Tchemezov,  a estimé que la Russie allait enregistrer une perte sèche de 4 milliards de dollars. Un manque à gagner du à l’annulation des ventes d’armes par l’entreprise Rosoboronexport en application de l’embargo. Le marché libyen risque – ce n’est pas une simple projection – d’échapper totalement à la Russie.  En mars dernier, le directeur du Centre d'analyse du commerce mondial d'armes, Igor Korotchenko, avait estimé qu’une « déstabilisation » de l’Algérie et de la Syrie entrainerait un manque à gagner de plus de 6 milliards de dollars.  "Les contrats de livraison d'armes signés par la Russie avec l'Algérie et la Syrie constituent plus d'un huitième du carnet des commandes militaires de la Russie avec les pays étrangers", a-t-il affirmé, précisant que ce carnet s'élevait à 48 milliards de dollars.  La Russie qui a voté la résolution 1973 sur la Libye est aujourd’hui très récalcitrante à l’idée d’une résolution sur la Syrie.

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