lundi 6 juin 2011

Quand l'ancien patron du Mossad se met à parler

Deux fois en un mois ! C’est à ce rythme que Meir Dagan – l’ancien « mémouné » (chef du Mossad) – s’est exprimé sur l’Iran et sur ce qu’Israël doit faire (ou plutôt ne pas faire) : « une attaque aérienne sur l’Iran serait la plus grosse idiotie ». Mais à l’heure où Netanyahu tente, coûte que coûte, de faire peur aux iraniens en expliquant que « toutes les options sont sur la table », les propos de Dagan sont inadmissibles. À tel point que certains se demandent si Dagan ne veut pas commencer une carrière politique pour devenir le patron de « La nouvelle gauche sécuritaire ».
Le principal conseillé de Netanyahu, pour sa part, croit que Dagan « complote pour renverser Netanyahu ». Pas par un putsch bien entendu, mais par une campagne très dure lors des prochaines législatives.

Pour d’autres conseillers de Netanyahu « il est clair qu’il se fait entendre. Il veut se faire élire à la Knesset… Et il veut pousser pour que ce soit possible. A l’heure actuelle, la loi ne lui permet pas encore d’être élu, en raison d’un délai de trois ans de réflexion imposé aux responsables sécuritaires ».
Mais les positions actuelles de Dagan agacent à tous les niveaux. Lors de son discours devant le congrès américain, le Premier ministre a rappelé l’importance stratégique de montrer aux Iraniens que tout est possible. « Plus ils croiront que tout est possible, moins ils feront les malins ». Mais voilà que Dagan, surnommé “le superman israélien” par les Arabes, joue petit bras en forçant Israël à mettre un genou à terre.
Si ses convictions sur les frappes aériennes sont légitimes (et si ça rate, on fait quoi ?), le dire publiquement est inadmissible pour la grande majorité de la société israélienne. Exception faite à gauche, où l’on compte bien engager Dagan afin de montrer que non seulement « l’aspect sécuritaire » n’est pas négligé, mais qu’il est pris en main par les meilleurs spécialistes.
De fait, cela pourrait être un coup stratégique qui ferait revenir la gauche à son niveau historique. Selon les derniers sondages, si les élections avaient lieu demain, le parti travailliste ne gagnerait que 7 sièges, 30 pour Kadima, 29 pour le Likoud, et Israel Beitenu ne serait pas trop mal non plus…
Arutz 10, pour sa part, citait hier « des proches de Netanyahu » affirmant que Dagan était « devenu fou » et qu’il mettait en danger « la sécurité de l’État » en se prononçant de la sorte.
Finalement, les prochaines élections s’annonceraient bien plus rudes pour la droite que l’on voulait le croire jusqu’à présent.

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