En raison d’une certaine idée reçue sur le volume d’argent
disponible dans nos caisses publiques qui ont survécu à mille et une
saignées liées à des scandales qui auront marqué le règne d’Abdelaziz
Bouteflika, on pourrait comprendre que l’État consente à prêter de
l’argent à une entreprise en difficulté mais retenue lors de
l’attribution des marchés pour son expertise dans la réalisation d’un
projet d’envergure.
La nationalité des investisseurs ou la diligence avec laquelle les
procédures de facilitation ont été mises en branle n’auraient dans ce
cas pas été le sujet de notre indignation. Quoiqu’on aurait voulu que la
même compréhension, la même oreille attentive de la part de hauts
responsables, guident notre administration et l’instruisent de
favoriser, avec équité, le soutien financier, l’octroi de lignes de
crédits et autres bonnes mesures au bénéfice des entreprises algériennes
publiques et privées qui se sont engagées – ou qui voudraient le
faire – dans le développement de notre pays.
Cependant, l’entreprise émiratie EIIC n’ayant objectivement pas de
réputation exceptionnelle dans son domaine de compétence, c’est donc
qu’elle a obtenu un traitement de faveur grâce à d’autres critères de
compétitivité au niveau des cercles de décideurs. Or, il s’avère que le
sésame accordé pour l’ouverture de nos coffres à ces emprunteurs
chouchoutés relève apparemment du fait du prince : la missive du Premier
ministre Ahmed Ouyahia n’omettant pas de mentionner en introduction et
comme un postulat « les directives du président de la République ».
En général, ce genre de formulation renvoyant à la volonté du
président s'accompagne de repères politiques à dimension républicaine où
l’on peut citer un programme, un engagement public de campagne
électorale ou un discours à la Nation. Parce qu’en Algérie, le premier
magistrat du pays n’est pas monarque et que le gouvernement obtempère en
écho à des orientations politiques et non à des lubies ou des désirs
personnels.
Malheureusement, l’expérience de la gestion de lourds dossiers par
ordonnances, en snobant les prérogatives d’une Assemblée nationale
méprisée, nous a prouvé qu’Abdelaziz Bouteflika ne s’embarrasse pas
toujours de la forme pour décider de l’attribution de fonds ou
d’avantages ! La puissante implication de sa personne dans certains
projets a fini par neutraliser les mécanismes de contrôle et de gestion
rationnelle du denier public ou des institutions.
Pas de totale surprise pour les Algériens prenant connaissance du
cadeau offert au groupe qui doit réaliser depuis des années notre
magnifique parc de détente. Juste une illustration de plus de la
personnalisation du pouvoir en Algérie victime d’un maraboutisme
politico‑économique. Pire que l’homme providentiel, le président
omnipotent a réussi à imposer ses desiderata sans qu’aucun
organe, sans qu’aucune voix, ne s’y oppose, pas même par une objection
de conscience de quelque commis de l’État scrupuleux et assez courageux
pour mettre un bémol aux dérives de la République. De brillants énarques
omniscients ont abandonné une clause morale utile à la protection de
nos intérêts, tel que cet énoncé l’exprimait clairement : « nécessité
pour son promoteur, le groupe EIIC, de mobiliser à l’extérieur les
crédits requis pour la réalisation » du projet.
Bouteflika en a décidé autrement en sachant pertinemment qu’il
aurait le dernier mot. Qui a dit que le président de la République ne
gouvernait pas en Algérie ?
TSA-AKLI
TSA-AKLI
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