vendredi 8 juin 2012

Algérie-Des facilités accordées par Bouteflika au groupe émirati EIIC-- Le fait du prince

https://encrypted-tbn3.google.com/images?q=tbn:ANd9GcQq_khN4YjR5DPkZacmawgInQsY6L5Xm0JSYlZjjHfn197H8oOnkwSur instruction du président Abdelaziz Bouteflika, le fonds d’investissement émirati EIIC a bénéficié d’une autorisation exceptionnelle de financement via des banques algériennes pour son projet algérien Dounya Parc, d’un montant de 100 milliards de dinars. Les documents publiés hier jeudi par TSA (lire) attestent, sans l’ombre d’un doute, le coup de pouce subjectif du chef de l’État.
En raison d’une certaine idée reçue sur le volume d’argent disponible dans nos caisses publiques  qui ont survécu à mille et une saignées liées à des scandales qui auront marqué le règne d’Abdelaziz Bouteflika, on pourrait comprendre que l’État consente  à prêter de l’argent à une entreprise en difficulté mais retenue lors de l’attribution des marchés pour son expertise dans la réalisation d’un projet d’envergure.
La nationalité des investisseurs ou la diligence avec laquelle les procédures de facilitation ont été mises en branle n’auraient dans ce cas pas été le sujet de notre indignation. Quoiqu’on aurait voulu que la même compréhension, la même oreille attentive de la part de hauts responsables, guident notre administration et l’instruisent de favoriser, avec équité, le soutien financier, l’octroi de lignes de crédits et autres bonnes mesures au bénéfice des entreprises algériennes publiques et privées qui se sont engagées – ou qui voudraient le faire – dans le développement de notre pays. 
Cependant, l’entreprise émiratie EIIC n’ayant objectivement pas de réputation exceptionnelle dans son domaine de compétence, c’est donc qu’elle a obtenu un traitement de faveur grâce à d’autres critères de compétitivité au niveau des cercles de décideurs. Or, il s’avère que le sésame accordé pour l’ouverture de nos coffres à ces emprunteurs chouchoutés relève apparemment du fait du prince : la missive du Premier ministre Ahmed Ouyahia n’omettant pas de mentionner en introduction et comme un postulat « les directives du président de la République ».
En général, ce genre de formulation renvoyant à la volonté du président s'accompagne de repères politiques à dimension républicaine où l’on peut citer un programme, un engagement public de campagne électorale ou un discours à la Nation. Parce qu’en Algérie, le premier magistrat du pays n’est pas monarque et que le gouvernement obtempère en écho à des orientations politiques et non à des lubies ou des désirs personnels.
Malheureusement, l’expérience de la gestion de lourds dossiers par ordonnances, en snobant les prérogatives d’une Assemblée nationale méprisée, nous a prouvé qu’Abdelaziz Bouteflika ne s’embarrasse pas toujours de la forme pour décider de l’attribution de fonds ou d’avantages ! La puissante implication de sa personne dans certains projets a fini par neutraliser les mécanismes de contrôle et de gestion rationnelle du denier public ou des institutions.
Pas de totale surprise pour les Algériens prenant connaissance du cadeau offert au groupe qui doit réaliser depuis des années notre magnifique parc de détente. Juste une illustration de plus de la personnalisation du pouvoir en Algérie victime d’un maraboutisme politico‑économique. Pire que l’homme providentiel, le président omnipotent a réussi à imposer ses desiderata sans qu’aucun organe, sans qu’aucune voix, ne s’y oppose, pas même par une objection de conscience de quelque commis de l’État scrupuleux et assez courageux pour mettre un bémol aux dérives de la République. De brillants énarques omniscients ont abandonné une clause morale utile à la protection de nos intérêts, tel que cet énoncé l’exprimait clairement : « nécessité pour son promoteur, le groupe EIIC, de mobiliser à l’extérieur les crédits requis pour la réalisation » du projet.
Bouteflika en a décidé autrement en sachant pertinemment qu’il aurait le dernier mot. Qui a dit que le président de la République ne gouvernait pas en Algérie ?
TSA-AKLI

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