Le rassemblement « des énergies militantes du FFS est une absolue
nécessité pour mettre en échec les velléités d'inscrire le parti dans
des stratégies claniques dans la perspective des prochaines élections
présidentielles », soutiennent‑ils. Ce rassemblement, ajoutent‑ils, sera
l’occasion de débattre librement de la stratégie du FFS et de son
organisation.
Cependant, les trois signataires suggèrent que certains au sein du
parti – qu’ils ne désignent pas explicitement au demeurant – accusés de
compromission avec le pouvoir, ne sont pas les bienvenus au sein de ce
rassemblement projeté. « Les seules lignes de démarcation qui ne
sauraient faire l’objet de concessions sont : porter profondément les
valeurs et idéaux du FFS ; respecter le demi‑siècle de combat pour la
démocratie et les libertés et honorer les quelques 400 martyrs et "les
anciens de 63" et être autonome dans sa décision et sa liberté de penser
et rejeter toute forme d'autoritarisme », affirment‑ils.
Cette sortie des trois ex‑responsables du parti, qui avaient déjà
mis en garde contre les conséquences d’une participation du parti aux
législatives du 10 mai dernier, intervient alors que le doyen des
partis d’opposition, menacé d’implosion, vit la plus grave crise
politique de sa longue carrière. Pour eux, la direction actuelle cherche
la normalisation avec le pouvoir. « Les tentatives de normalisation et
de domestication du FFS, menées de l'intérieur et de l’extérieur, visent
à neutraliser toute forme d'opposition radicale et pacifique et
parachever la restructuration autoritaire du pouvoir ». Les trois
ex‑dirigeants du FFS déplorent que leur mise en garde à la veille des
élections soit restée lettre morte. « Nos appels, associés à de
nombreuses autres voix, n'ont pas trouvé d’écho auprès des détenteurs du
pouvoir réel au sein du parti. Ces mêmes personnes qui assurent la
tutelle sur les organes de l'appareil du parti », écrivent‑ils, mais
sans nommer le leader historique Hocine Aït Ahmed.
« Grave dérive » et « appareil autiste »
Dans leur violent réquisitoire, les trois ex‑responsables du FFS
ont également qualifié de « grave dérive » le « deal » prétendument
passé entre le parti et une aile du pouvoir. « Nous avons également mis
en garde contre toute forme de velléité de compromission, et le coup de
force politique du 10 mai est venu rappeler que les décideurs ont choisi
la pérennité du système au détriment de l’Algérie, et de la stabilité
politique ». Le « deal » suspecté avec une partie du pouvoir constitue
« une grave dérive politique et une atteinte à l’éthique démocratique »,
notent‑ils.
Ils fustigent aussi la gestion du parti, notamment la communication
marquée, selon eux, par une « indigence insondable » et s’interrogent
sur le changement de « ton » vis‑à‑vis du pouvoir. « Ces élections ont
mis à nu un appareil autiste, coupé de sa base militante, embourbé dans
de flagrantes insuffisances et incohérences organisationnelles et marqué
par une communication d'une indigence insondable et d'une confusion
indicible. Ce scrutin, sans choix, a révélé des dirigeants du plus vieux
parti de l'opposition curieusement très accommodants avec les maîtres
du jeu électoral, et bien reconnaissants envers un généreux Conseil
constitutionnel habituellement actionné uniquement pour valider les
équilibres claniques et les violations récurrentes de la souveraineté
populaire ».
Tout en apportant de l’eau au moulin de ceux qui, au sein de la
base, soupçonnent la direction actuelle de vouloir réviser les
fondements du parti et de remettre en cause ses repères, les trois
ex‑dirigeants rappellent que le FFS doit rester un « instrument de
cohésion et de rassemblement ».
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