Des milliers d'Égyptiens, en majorité des salafistes, ont manifesté mardi devant l'ambassade américaine au Caire pour dénoncer un film, selon eux «anti-islam», de coptes vivant aux États-Unis, certains arrachant le drapeau pour le remplacer par un étendard islamique.
Devant quelque 3000 manifestants rassemblés pour protester contre un film produit par des chrétiens égyptiens (coptes) qui, selon eux, insulte le prophète Mahomet, une dizaine d'hommes ont escaladé le mur d'enceinte de l'ambassade et l'un d'eux a arraché le drapeau américain.
Le drapeau a ensuite été déchiré et remplacé par un immense étendard noir sur lequel était écrite la profession de foi musulmane: «Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète».
À la question de savoir s'il s'agissait d'un drapeau d'Al-Qaïda, la porte-parole du département d'État américain Victoria Nuland a affirmé depuis Washington: «Ce que j'ai entendu, c'est que (le drapeau américain) a été remplacé par un drapeau tout noir. Mais je peux me tromper sur ce point».
La police, qui n'a pas fait usage de la force, est parvenue à convaincre la poignée d'hommes de sortir de l'enceinte de l'ambassade, selon un photographe de l'AFP.
Le drapeau noir a ensuite été accroché sur le mur d'enceinte, au pied duquel la police anti-émeutes était déployée. Des centaines de manifestants, en grande majorité des fondamentalistes salafistes, étaient toujours présents dans la soirée, selon une journaliste de l'AFP.
Un groupe de femmes portant le voile intégral a scandé «O fils de la croix, le prophète est notre bien-aimé», selon la journaliste.
«Chiens de l'étranger»
Sur le mur, un graffiti s'en prenait aux «Chiens de l'étranger», en référence aux coptes de l'étranger, tandis qu'un autre mettait en garde contre les attaques contre Mahomet: «Tout sauf le Prophète».
La Ligue arabe a condamné le film, estimant qu'il contenait des «insultes contre le prophète Mahomet», selon l'agence officielle égyptienne Mena.
Dimanche, le grand mufti d'Égypte Ali Gomaa avait dénoncé «les actions de coptes extrémistes ayant produit un film offensant le prophète», affirmant qu'il blessait «des millions de musulmans à travers le monde», soulignant que l'islam interdit la représentation du prophète.
«L'attaque du caractère sacré de la religion ne relève pas de la liberté» d'expression, avait-il ajouté.
Visiblement pour tenter d'apaiser les esprits, l'ambassade américaine au Caire a condamné dans un communiqué «les efforts continus déployés par les individus malavisés pour blesser les sentiments religieux des musulmans».
11 septembre 2001
Le militant pro-démocratie Waël Ghoneim, qui s'était fait connaître lors de la révolte contre le régime de Hosni Moubarak en 2011, a toutefois estimé sur sa page Facebook qu'«attaquer l'ambassade américaine le 11 septembre en brandissant des drapeaux s'apparentant à ceux d'Al-Qaïda ne sera pas reçu par le public américain comme une protestation contre le film sur le prophète».
«Cela sera plutôt vu comme une célébration du 11ème anniversaire» du 11 septembre 2001, a-t-il jugé.
Au moment où les Etats-Unis commémoraient cet anniversaire des attaques d'Al-Qaïda à New York qui avaient fait près de 3.000 morts, Mme Nuland a affirmé que son pays travaillait «avec les forces de police égyptiennes pour essayer de restaurer l'ordre à l'ambassade».
«Il s'agit un groupe relativement restreint de personnes, mais elles nous ont pris par surprise, aussi bien nous que les forces de l'ordre égyptiennes, à l'extérieur de l'ambassade», a-t-elle ajouté.
Les autorités égyptiennes ont elles affirmé qu'elles prenaient «toutes les mesures de sécurité nécessaires pour protéger toutes les ambassades, les missions diplomatiques et leurs personnels».
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