lundi 11 février 2013

Le parquet d'Alger fait un pas vers Chakib Khelil, parrain présumé de la corruption à Sonatrach |


La justice algérienne se rapproche-t-elle du parrain présumé des affaires de corruption et de concussion au sein du groupe pétrolier algérien Sonatrach, à savoir l’ex-ministre algérien de l’Energie Chakib Khelil ? On peut le supposer dès lors que le procureur général près la cour d'Alger, M. Belkacem Zeghmati,  indique dimanche 10 février qu’il a demandé au juge d’instruction chargé de l’affaire Sonatrach de mener de nouvelles investigations.

Le parquet général prés la cour d'Alger « informe l'opinion publique » dans un communiqué signé par le procureur et cité par l’agence APS que les faits révélés dimanche par certains quotidiens nationaux et étrangers  sont « en relation avec l'information judiciaire déjà ouverte auprès du pôle  pénal spécialisé de Sidi M'hamed dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2 ».
Cette précision du parquet intervient, ajoute l’agence algérienne, suite aux informations publiées par la presse faisant état de « l'implication de personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal et plus précisément de corruption lors de l'exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l'Etat ».
Le communiqué fait savoir également que le parquet de la République a requis, par le biais de réquisitions supplétives, le juge d'instruction en charge du dossier l'élargissement du champ des investigations à ces faits nouveaux.
Personnalités algériennes ayant exercé des fonctions au sein des institutions de l'Etat, on parle bien, sans le citer, de Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie...
La presse italienne a révélé dès jeudi 7 février que le parquet de Milan a ouvert une enquête sur le directeur général du groupe italien Eni, Paolo Scaroni, dans le cadre d'une affaire de pots-de-vin qui auraient été versés par sa filiale Saipem à des dirigeants algériens ainsi qu’à leurs intermédiaires en échange de contrats obtenus par Saipem en Algérie.


Paolo Scaroni? Il est soupçonné d'avoir participé à un versement d’une commission de 197 millions d'euros (263 millions de dollars) après avoir rencontré à plusieurs reprises dans un hôtel à Paris Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien chef de la diplomatie algérienne Mohamed Bedjaoui.
A l’une de ces rencontres était présent, selon ces révélations, Chakib Khelil, 74 ans, viré du gouvernement en mai 2010 après avoir dirigé le secteur de l'Energie pendant presque 10 ans.
Ces pots-de-vin seraient versés dans des comptes notamment en Suisse, en France et à Dubaï (Emirats Arabes–Unis) via la société écran de Farid Bedjaoui dénommée Pearl Partners Limited, domiciliée officiellement à Hong Kong.
Dans une longue enquête publiée vendredi 8 février le journal italien Il Sole 24 Ore révélait les noms de deux autres proches de Chakib Khelil lesquels serait impliqués dans ces transactions douteuses qui avaient permis à Sapeim d’engranger pas moins de 15 milliards de dollars de contrats en Algérie entre 2007 et 2011.
Ces deux proches de M. Khelil sont Reda Hemche et Omar Habour. Le premier officiait comme secrétaire particulier de l’ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, avant de prendre la fuite vers la Suisse à l’automne 2009.


Selon Il Sole 24 Ore, Reda Hemche aurait encaissé de la part de Farid Bedjaoui une commission de 2 millions d’euros en guise d’honoraires comme consultant auprès de Pearl Partners Limited.
Le second intermédiaire est Omar Habour, un homme d’affaires algérien, déjà cité dans le cadre du scandale de la BCIA et avec lequel Chakib Khelil avait acheté, avec son épouse Najat Khelil, en juillet 2007 une propriété dans le Maryland (Etats-Unis) pour un montant de 1,56 million de dollars.
Dans le cadre de ces transactions passées entre les dirigeants de Saipem et Farid Bedjaoui, Omar Habour aurait touché des commissions dont montant n'a pas encore été divulgué.


Ces nouvelles révélations jettent de nouveaux faisceaux de lumière sur le rôle douteux joué par Chakib Khelil et par ses proches dans les passations de contrats signés entre Saipem et Sonatrach.
A ces révélations s’ajoutent d’autres contenues dans le dossier d’instruction ouvert en janvier 2010 par la justice algérienne sur des faits de corruption et de malversations présumées concernant des contrats signés par des dirigeants de Sonatrach avec des firmes étrangères installées en Algérie, notamment Saipem.
Des dirigeants de Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux fils ainsi que d’autres cadres du groupe font actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour corruption et malversations présumées.
Toutefois, plus de trois après l’éclatement du scandale, le dossier reste toujours pendant au niveau du parquet d'Alger et la date du procès n’est toujours pas fixée.


Pourquoi ? Des avocats chargés de la défense des inculpés soupçonnent la justice algérienne de vouloir protéger Chakib Khelil pour des raisons politiques en refusant de l’entendre dans le cadre de cette instruction bien que son nom ait été cité à maintes reprises et à travers de nombreux témoignages comme étant, sinon le cerveau de ces contrats litigieux, du moins un acteur clé qui aura été informé de la moindre transaction engagée par Sonatrach avec ses partenaires étrangers.
La décision prise ce dimanche 10 février par le parquet d'Alger d'étendre le champ des investigations aux personnalités algériennes citées dans le cadre de l'instruction en cours en Italie augure-t-elle d'un tournant dans l'affaire Sonatrach?
Pour l'heure, l'ex-ministre algérien de l'Energie semble intouchable.
Amel Bouzidi

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