Les débuts du site nucléaire de Bushehr en 1975 |
“J’ai 82 ans, qu’est-ce que vous voulez qu’ils me fassent”. Jeffrey “Shuki” Gould sait que les mémoires qu’il est en train d’écrire depuis sa retraite en Australie risquent de ne pas plaire à tout le monde. Cet ancien agent du Mossad, le service du renseignement extérieur israélien, a participé à trois guerres et doit avoir son lot d’histoires à raconter sur les secrets de l’État hébreu, rapporte le quotidien israélien Haaretz.
Il en a d'ailleurs fourni un avant-goût explosif, le 29 juillet, à Ausraelim, un site pour Israéliens vivant en Australie. Jeffrey Gould affirme, en effet, que le Mossad a participé à la fondation du site nucléaire de Bouchehr en Iran. Il raconte avoir lui-même supervisé le travail des 800 ouvriers, essentiellement des Afghans et des Indiens, sur ce site. “Paradoxalement, Jeffrey Gould et d’autres Israéliens ont contribué à la construction du réacteur nucléaire qui est aujourd’hui considéré comme une telle menace par Israël. Ce réacteur est devenu le fondement du programme nucléaire avancé iranien tel que nous le connaissons aujourd’hui”, souligne Ron Porat, qui anime le site Ausraelim.
Pour autant, Jeffrey Gould ne dit pas que l’État hébreu a sciemment aidé Téhéran à se mettre sur le chemin de la bombe nucléaire. En fait, il a travaillé à Bouchehr en 1974, sur un projet officiellement présenté comme un chantier de base navale à une époque où Israël et l’Iran coopéraient ouvertement. Mais avec le recul, l’ex-agent du Mossad en est aujourd’hui convaincu : “je suis assez sûr qu’une partie du chantier servait à jeter les bases de la future centrale nucléaire de Bouchehr”.
36 ans plus tard
L’agent du Mossad à la retraite a quitté Bouchehr en 1974. L’année suivante, les Iraniens ont officiellement signé à un accord avec les géants allemands Siemens et Telefunken pour l’établissement de deux réacteurs nucléaires dans cette ville côtière. Mais la révolution islamique de 1979 et la guerre avec l’Irak dans les années 1980 ont fait prendre beaucoup de retard au projet. Ce n’est qu’à partir de 1990 et avec, cette fois-ci, le soutien russe et non plus allemand que l’Iran se remet au travail à Bouchehr. La centrale n’est finalement inaugurée qu’en 2010, 36 ans après le passage de Jeffrey Gould. Le site est alors devenu le premier et seul site nucléaire en activité dans le pays, officiellement à des fins purement civiles.
Cependant, Jeffrey Gould ne pense pas que l'Iran "aurait les tripes" d'utiliser une bombe atomique pour mettre en œuvre la menace de l’ancien président Mahmoud Ahmanedijad “de rayer Israël de la carte”.
Par Sébastian SEIBT
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