Un enlèvement contre un enlèvement.
L'«arrestation», jeudi, du premier ministre libyen Ali Zeidan par un groupe d'ex-rebelles répond, aux dires mêmes des ravisseurs, à la capture, il y a cinq jours, d'un chef d'al-Qaïda, Abou Anas al-Libi, par un commando américain. «Depuis cet événement, le pays et le gouvernement, déjà fragiles, ont été ébranlés», témoigne une source occidentale dans la capitale libyenne où de nombreux tirs d'armes automatiques se sont faits entendre dans la nuit de mercredi à jeudi.
L'action américaine contre Abou Anas avait été suivie de virulentes critiques à l'encontre du chef du gouvernement. Responsables politiques et chef de katibas (milices) ont accusé Ali Zeidan d'avoir «travaillé contre la sécurité de l'Etat» en tolérant l'opération des Navy Seals, les commandos d'élite américains, sur le sol libyen. Le premier ministre a lui aussi critiqué indirectement le raid, estimant que «les citoyens libyens doivent être jugés en Libye». Réclamant des clarifications à Washington, il a affirmé n'avoir pas été mis au courant par les autorités américaines de l'opération que John Kerry a jugé «légale».
Le groupe qui dit s'être emparé du premier ministre, la «Chambre des révolutionnaires de Libye», affirme en revanche que le gouvernement a été mis dans la confidence. Ces hommes armés, de même qu'un autre groupe soupçonné d'être derrière l'enlèvement, «la Brigade de lutte contre le crime», dépendent en théorie des ministères de la Défense et de l'Intérieur. Emmené de force par des hommes en armes qui s'étaient introduits dans l'Hôtel Corinthia où il réside, le premier ministre a été détenu quelques heures jeudi à la brigade anticriminalité du ministère de l'Intérieur. Il a été libéré en milieu de journée.
Le gouvernement libyen peine à imposer son autorité
Deux ans après le renversement et la mort de Mouammar Kadhafi, le gouvernement libyen, issu de cette révolution, peine à imposer son autorité aux nombreux groupes armés restés actifs sur l'ensemble du vaste territoire de la Libye. En dépit d'un démantèlement des milices à Tripoli et à Benghazi à partir de septembre 2012, l'ordre sécuritaire reste au main de quelques 300 thowar(brigades) qui se sont constituées sur les cendres du régime défunt. Détenant une partie des 20 millions d'armes en circulation dans le pays, connaissant souvent des dérives mafieuses, certaines de ces brigades s'efforcent aussi d'établir leur pouvoir en se substituant aux autorités centrales défaillantes, voire inexistantes.
«La Libye post-Kadhafi souffre moins d'un vide institutionnel que d'un manque cruel de centralisation», estime Mathieu Pellerin, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Avec l'effondrement du système centré autour du Guide libyen qui maintenait artificiellement un équilibre entre les pouvoirs locaux et régionaux, ceux-ci se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. Ce vide «réveille les identités religieuses et tribales mises temporairement en sommeil», relève Mathieu Pellerin dans un article de la revue Politique Etrangère .
A Tripoli, deux milices principales, auxquelles s'ajoutent une multitude de groupes d'ex-rebelles, assurent la «sécurité» de la capitale: la katiba de Zintan, ville située au nord-ouest du pays, constituée de «guerriers de la montagne», coexiste avec la katiba de Misrata, à l'est de Tripoli, dominée par les Frères musulmans. Cette mouvance, à laquelle appartiendraient les ravisseurs d'Ali Zeidan a été quelque peu déstabilisée par la chute de Mohammed Morsi en Égypte, en juillet dernier et «a du revoir ses ambitions à la baisse», souligne une source occidentale en Libye.
Entre milices, les affrontements sont fréquents, notamment entre celles qui refusent le démantèlement et celles qui ont accepté d'intégrer les forces de sécurité officielles. C'est le cas des brigades de Zintan et de Misrata. «Parées de la légalité qui leur faisait défaut, elles peuvent asseoir leur pouvoir de l'intérieur tout en participant au démantèlement des autres brigades concurrentes, qualifiées d'illégales», souligne Mathieu Pellerin.
L'action américaine contre Abou Anas avait été suivie de virulentes critiques à l'encontre du chef du gouvernement. Responsables politiques et chef de katibas (milices) ont accusé Ali Zeidan d'avoir «travaillé contre la sécurité de l'Etat» en tolérant l'opération des Navy Seals, les commandos d'élite américains, sur le sol libyen. Le premier ministre a lui aussi critiqué indirectement le raid, estimant que «les citoyens libyens doivent être jugés en Libye». Réclamant des clarifications à Washington, il a affirmé n'avoir pas été mis au courant par les autorités américaines de l'opération que John Kerry a jugé «légale».
Le groupe qui dit s'être emparé du premier ministre, la «Chambre des révolutionnaires de Libye», affirme en revanche que le gouvernement a été mis dans la confidence. Ces hommes armés, de même qu'un autre groupe soupçonné d'être derrière l'enlèvement, «la Brigade de lutte contre le crime», dépendent en théorie des ministères de la Défense et de l'Intérieur. Emmené de force par des hommes en armes qui s'étaient introduits dans l'Hôtel Corinthia où il réside, le premier ministre a été détenu quelques heures jeudi à la brigade anticriminalité du ministère de l'Intérieur. Il a été libéré en milieu de journée.
Le gouvernement libyen peine à imposer son autorité
Deux ans après le renversement et la mort de Mouammar Kadhafi, le gouvernement libyen, issu de cette révolution, peine à imposer son autorité aux nombreux groupes armés restés actifs sur l'ensemble du vaste territoire de la Libye. En dépit d'un démantèlement des milices à Tripoli et à Benghazi à partir de septembre 2012, l'ordre sécuritaire reste au main de quelques 300 thowar(brigades) qui se sont constituées sur les cendres du régime défunt. Détenant une partie des 20 millions d'armes en circulation dans le pays, connaissant souvent des dérives mafieuses, certaines de ces brigades s'efforcent aussi d'établir leur pouvoir en se substituant aux autorités centrales défaillantes, voire inexistantes.
«La Libye post-Kadhafi souffre moins d'un vide institutionnel que d'un manque cruel de centralisation», estime Mathieu Pellerin, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Avec l'effondrement du système centré autour du Guide libyen qui maintenait artificiellement un équilibre entre les pouvoirs locaux et régionaux, ceux-ci se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. Ce vide «réveille les identités religieuses et tribales mises temporairement en sommeil», relève Mathieu Pellerin dans un article de la revue Politique Etrangère .
A Tripoli, deux milices principales, auxquelles s'ajoutent une multitude de groupes d'ex-rebelles, assurent la «sécurité» de la capitale: la katiba de Zintan, ville située au nord-ouest du pays, constituée de «guerriers de la montagne», coexiste avec la katiba de Misrata, à l'est de Tripoli, dominée par les Frères musulmans. Cette mouvance, à laquelle appartiendraient les ravisseurs d'Ali Zeidan a été quelque peu déstabilisée par la chute de Mohammed Morsi en Égypte, en juillet dernier et «a du revoir ses ambitions à la baisse», souligne une source occidentale en Libye.
Entre milices, les affrontements sont fréquents, notamment entre celles qui refusent le démantèlement et celles qui ont accepté d'intégrer les forces de sécurité officielles. C'est le cas des brigades de Zintan et de Misrata. «Parées de la légalité qui leur faisait défaut, elles peuvent asseoir leur pouvoir de l'intérieur tout en participant au démantèlement des autres brigades concurrentes, qualifiées d'illégales», souligne Mathieu Pellerin.
Par Alain Barluet le figaro
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