Mad Max - Fury Road a remporté plus de statuettes que ses rivaux, mais les Oscars les plus prestigieux ont été attribués à Spotlight et The Revenant.
Coup de théâtre à la toute fin de la cérémonie: l'excellent film de Thomas McCarthy Spotlight a été sacré meilleur film de l'année, alors que s'annonçait pourtant une victoire de The Revenant.
«On souhaite que le message se rende au Vatican», a déclaré le réalisateur de Spotlight, un film qui relate l'enquête qu'a menée une équipe de journalistes du Boston Globe pour révéler au grand jour des crimes sexuels commis par des prêtres pédophiles. «Il est temps de protéger les enfants et de restaurer la foi.»
Alejandro González Iñárritu, réalisateur de The Revenant, a quand même marqué l'histoire hier en devenant le premier cinéaste de l'ère moderne à obtenir l'Oscar de la meilleure réalisation deux années consécutives. Seuls John Ford (The Grapes of Wrath en 1940; How Green Was My Valley en 1941) et Joseph L. Mankiewicz (A Letter to Three Wives en 1949; All About Eve en 1950) ont réussi cet exploit. The Revenant a obtenu trois Oscars en tout.
Ainsi, Leonardo DiCaprio, déjà cité cinq fois, a enfin pu mettre la main sur la précieuse statuette. Visiblement ravi, l'acteur a d'abord salué son partenaire de jeu Tom Hardy avant de rappeler l'urgence de reconnaître la menace du changement climatique.
«The Revenant parle de la relation entre l'homme et la nature. La menace est réelle et urgente. Ne tenons pas cette planète pour acquise. Je ne tiens pas cette soirée pour acquise non plus.»
Le directeur photo Emmanuel Lubezki a aussi marqué l'histoire récente des Oscars en allant chercher sa troisième statuette en... trois ans! Déjà lauréat l'an dernier grâce à Birdman or (The Unexpected Virtue of Ignorance), Lubezki l'avait aussi emporté il y a deux ans grâce au film d'Alfonso Cuarón Gravity. Roger Deakins, qui a signé les images de Sicario, le film de Denis Villeneuve, a une fois de plus été laissé sur la touche. Malgré 12 citations au fil des ans, l'Oscar n'est toujours pas à sa portée.
L'autre grand gagnant de la soirée fut sans contredit Mad Max - Fury Road. Même s'il n'a pu se distinguer dans les catégories de pointe, il reste que le film de George Miller a obtenu six statuettes - plus que n'importe quel autre film -, principalement dans les catégories techniques: montage, direction artistique, montage sonore, mixage sonore, costumes, maquillages et coiffure.
Confirmant tous les pronostics, Brie Larson a de son côté été sacrée meilleure actrice grâce à sa vibrante performance dans Room.
Une ovation pour Morricone
L'un des beaux moments de la soirée fut réservé à Ennio Morricone. Ce dernier a enfin obtenu le premier «vrai» Oscar de sa carrière grâce à la partition qu'il a composée pour The Hateful Eight, le western de Quentin Tarantino. Comme il se doit, le légendaire compositeur, qui avait reçu un Oscar honorifique il y a une dizaine d'années, a été ovationné.
Deux des plus prestigieuses statuettes ont été attribuées au tout début de la cérémonie. Comme prévu, Spotlight a obtenu l'Oscar du meilleur scénario original et The Big Short, celui du meilleur scénario adapté. Avec beaucoup de classe, le réalisateur Adam McKay, aussi coscénariste de The Big Short, n'a pas manqué de saluer le travail de Michael Lewis, auteur du livre duquel son film est l'adaptation.
Plusieurs attendaient par ailleurs le triomphe de Sylvester Stallone, mais Mark Rylance, révélé au monde il y a une quinzaine d'années grâce au film de Patrice Chéreau Intimacy, a été sacré meilleur acteur de soutien grâce à sa remarquable performance dans Bridge of Spies.
«J'ai toujours adoré les histoires. Et là, j'ai eu l'occasion de travailler sous la direction d'un des plus grands raconteurs d'histoires de notre époque, Steven Spielberg. C'est une époque formidable pour être un acteur.»
De son côté, Alicia Vikander a remporté l'Oscar de la meilleure actrice de soutien grâce à sa performance dans The Danish Girl.
Brie Larson et Alicia Vikander ont remporté des Oscars dans les catégories de la Meilleure actrice et de la Meilleure actrice de soutien, respectivement.
Des récompenses attendues
Lancé au Festival de Cannes l'an dernier, où il a reçu le Grand Prix du jury, le stupéfiant drame Le fils de Saul, qui aborde la Shoah de façon inédite, a valu au cinéaste hongrois László Nemes l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
«C'est un honneur incroyable, a déclaré le cinéaste. Même dans les heures les plus noires de notre histoire, une voix intérieure peut nous rappeler notre humanité.»
Pour la huitième fois, l'Oscar du meilleur long métrage d'animation est allé à une production des studios Pixar: Inside Out. «Nous avons le privilège d'inventer des choses, a fait remarquer Pete Docter, coscénariste et coréalisateur. Ce film est né du simple fait de regarder nos enfants grandir. Et ce n'est pas toujours facile. Si vous n'allez pas bien, vous pouvez toujours créer. Et ça fait toute la différence du monde!»
Sans surprise non plus, l'Oscar du meilleur long métrage documentaire a été attribué à Amy, le film qu'Asif Kapadia a consacré à la regrettée Amy Winehouse.
Ex Machina s'est aussi inscrit au tableau d'honneur grâce à la qualité de ses effets visuels. Writing's on the Wall, la chanson de Sam Smith entendue dans Spectre, a également été primée.
Signalons que l'hommage aux disparus s'est fait cette fois au son d'une belle et sobre interprétation par Dave Grohl de la chanson de Paul McCartney Blackbird.
Qui a dit que les Oscars ne pouvaient plus surprendre?
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