Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a dénoncé samedi un climat de "nouvelle guerre froide"
après la décision de l'Otan de renforcer sa présence dans plusieurs ex-Républiques soviétiques, sur fonds de conflit en Ukraine et en Syrie.
Le constat du Premier ministre russe Dmitri Medvedev est sans appel : les relations internationales ont "glissé dans une période de nouvelle guerre froide", a-t-il estimé samedi 13 février, lors de la Conférence de sécurité de Munich, évoquant une "politique inamicale de l’Otan vis-à-vis de La Russie". Et d’enfoncer le clou : "A-t-on vraiment besoin d'un troisième séisme mondial pour comprendre qu'il faut de la coopération plutôt que la confrontation ?" Le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov a adopté, lui, un vocabulaire moins martial, mais a dénoncé la même "mode de la russophilie" en réclamant un "retour à la culture du dialogue".
L’objet de leur courroux : la décision de l’Otan de renforcer la "présence avancée" de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est, notamment grâce au déploiement d’équipements lourds par les États-Unis. Cette mesure vient compléter les efforts entrepris depuis 18 mois pour rendre les forces de l’Otan plus réactives et plus dissuasives en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 et à l’offensive des rebelles pro-russes dans l’Est de l’Ukraine. Cependant, Moscou ne doit pas y voir une "attitude escalatoire, provoquante vis-à-vis de la Russie", a assuré le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
Mais les autorités russes n’ont guère apprécié et le font savoir. L’Occident boucle ainsi "la ceinture d’exclusion" de la Russie, a dénoncé Dmitri Medvedev avec véhémence, qualifiant la mesure de l’Otan de "plus grand renforcement de [la] défense collective depuis des décennies".
L'Ukraine au cœur des tensions
Ces tensions entre la Russie et l’Union européenne – et par extension, l’Otan – trouvent en partie leur origine en Ukraine. Kiev s’était engagé en 2013 dans un projet d’accord avec l’UE et envisageait un rapprochement avec l’Otan, au grand dam de Moscou. Ce partenariat est aux origines du conflit ukrainien qui a entraîné les profondes tensions russo-occidentales, les sanctions contre la Russie et le gel de nombreux espaces de dialogue.
Aujourd’hui, la question ukrainienne est toujours au cœur du problème : le secrétaire d'État américain, John Kerry, lui aussi présent à Munich, a exclu toute levée des sanctions alors que certains pays européens comme la France visent leur suppression cet été. "Le choix pour la Russie est simple: appliquer pleinement l'accord de Minsk [encadrant le processus de paix en Ukraine] ou continuer à faire face à des sanctions pénalisantes économiquement", a-t-il dit.
En retour, Sergueï Lavrov a de nouveau accusé Kiev de "trouver sans arrêt des excuses pour échapper à ses engagements", l'Ukraine tardant à adopter une réforme devant accorder plus d'autonomie aux régions orientales. Si les Occidentaux estiment aussi que les Ukrainiens pourraient faire plus, ils jugent que le soutien militaire russe aux rebelles de l'Est est le principal frein au règlement du conflit ukrainien.
Second point de discorde avec Moscou : la Syrie, où les Occidentaux et en premier lieu les États-Unis reprochent à la Russie de bombarder de façon indiscriminée les rebelles syriens modérés et les jihadistes les plus durs. Le Premier ministre russe a insisté sur l'engagement de son pays à mettre en œuvre la trêve annoncée pour la semaine prochaine par les grandes puissances, jugeant crucial d'établir des contacts militaires entre Américains et Russes pour faire réussir la trêve. Sans cela, "nous ne serons pas en mesure de mettre en œuvre quoi que ce soit", a averti son ministère des Affaires étrangères.
FR24-AFP
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