mardi 3 mai 2016

Chérif Rezki : « Le pouvoir algérien veut museler le journal ‘El Khabar’ et nuire à Issad Rebrab »

Le procès intenté par l'État algérien contre le groupe de presse El Khabar, visant à annuler son rachat par l'industriel Issad Rebrab, s'ouvre mercredi. Un épisode judiciaire qui remet en avant l'épineux sujet de la liberté de la presse en Algérie mais aussi l'histoire d'un industriel qui se dit traqué par certains cercles du pouvoir.

C’est un procès qui risque de faire couler beaucoup d’encre en Algérie. Le tribunal administratif de
Bir Mourad Raïs à Alger examine, à partir de mercredi 4 mai, l’affaire concernant le rachat du groupe de presse El Khabar par une des sociétés du groupe Cevital, propriété du magnat des affaires Issad Rebrab. Le 27 avril, le ministre de la Communication, Hamid Grine, avait introduit une action en référé auprès de ce tribunal pour faire annuler cette opération de rachat, invoquant la violation du Code de l’information qui interdit à une personne morale de détenir plus d’un seul titre de presse.


Le titre El Khabar, un des plus grands quotidiens du pays, connu pour ses positions critiques à l’égard du pouvoir, se trouve au centre d’un débat où se mélangent liberté de la presse et enjeux politico-économiques. Dans une interview à Jeune Afrique, Chérif Rezki, son directeur général et responsable de publication, livre son analyse.

Jeune Afrique: L’industriel algérien, Issad Rebrab, a dénoncé ce 3 avril un « coup de force des autorités algériennes contre la presse indépendante ». Qu’en est-il exactement ?

Chérif Rezki : Le gouvernement a saisi la justice pour faire annuler la cession d’une partie des actions de la Société par actions (SPA) El Khabar à la société Ness prod, une filiale du groupe Cevital détenu par Issad Rebrab. La transaction a eu lieu au mois d’avril. Mais le gouvernement a jugé qu’elle violait l’article 25 du Code de l’information qui stipule qu’une personne morale ne peut pas détenir plus d’un titre de presse. Or, Ness Prod n’a aucun titre à part El Khabar.

Mais Issad Rebrab possède un autre journal, Liberté…

Le journal Liberté est édité par la Société algérienne d’édition et de communication (SAEC), une SARL qui ne fait pas partie du groupe Cevital et dont M. Rebrab est actionnaire. L’article 25 de la loi ne s’applique pas dans ce cas de figure car la SEAC et Ness Prod sont deux personnes morales différentes.

Le gouvernement algérien a relevé d’autres failles juridiques dans votre transaction. Lesquelles ?

Il nous a reproché de ne pas avoir saisi l’autorité de régulation de la presse écrite dix jours après la réalisation de la cession comme le stipule la loi. Or, cette autorité n’existe pas encore en Algérie. Il a aussi évoqué la violation de l’article 17 du Code de l’information qui oblige tout nouveau propriétaire d’un titre de presse à demander un agrément dans le cas de la vente ou de la cession de ce titre. Or, le propriétaire du journal est toujours le groupe El Khabar et non Ness Prod. Les six actionnaires du groupe, dont moi-même, avons cédé la majorité de nos parts (94%) à Ness Prod. Mais nous sommes restés dans le tour de table. Outre le journal, notre groupe comprend une chaîne de télévision, KBC, une imprimerie et une société de diffusion.

Que le pouvoir algérien essaie par tous les moyens de museler la presse est un fait connu de tous. Les journaux qui sont à sa solde n’ont aucun problème
Pourquoi l’État algérien veut-il annuler ce rachat ?

Il s’agit clairement d’un déni de droit. La propriété privée est sacrée. Dois-je avoir l’autorisation de quelqu’un si je veux céder mes actions ? Nous avons conclu cet accord devant un notaire et avons payé nos impôts. Nous sommes donc en règle.

D’aucuns ont interprété ce tour de force de l’État comme une volonté de museler la presse indépendante. El Khabar est connu pour être un journal d’opposition…

Nous sommes un journal critique et pas d’opposition. Que le pouvoir algérien essaie par tous les moyens de museler la presse est un fait connu de tous. Les journaux qui sont à sa solde n’ont aucun problème. Alors que nous, nous avons trois redressements fiscaux sur le dos. El Khabar est interdit des contrats publicitaires publics depuis 1998 en raison du monopole de fait instauré par la régie publicitaire de l’État, l’Entreprise nationale de communication, d’édition et de publicité (ANEP). Plus grave, le 18 avril, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a envoyé une circulaire aux différents ministères et établissements publics leur demandant de passer par l’ANEP pour vendre leurs espaces publicitaires à la presse. J’ai cette circulaire sous la main et nous allons la publier en intégralité dans notre édition du 4 avril !

Est-il vrai que vous risquez la faillite si cette transaction est annulée ?

Relativisons ! Il n’y a aucune faillite en vue. Certes, notre chaîne de télévision est déficitaire mais il est hors de question de la fermer. Quant au journal, il dégage des bénéfices depuis 1992. En nous associant à un groupe industriel privé, le premier en Algérie, notre volonté est de prémunir l’entreprise de la crise qui s’abat sur toute la presse écrite.

Veut-on nuire à Issad Rebrab ?

Oui. Il y a des industriels algériens qui possèdent plusieurs titres de presse et qui n’ont jamais été inquiétés. Je cite Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), proche du pouvoir, qui a deux journaux dans la même société, Le temps d’Algérie et son pendant arabophone, Wakt Al Djazair. Il a aussi deux chaînes de télé, Dzaïr TV et Dzaïr News…

Notre dossier est inattaquable sur le plan juridique mais nous ne cherchons pas à rentrer dans un quelconque bras de fer
Il s’agit donc d’une action ciblée contre votre nouvel actionnaire ?…

Ça saute aux yeux. Nous avons à faire à la politique du deux poids, deux mesures. Soit on est pour le pouvoir, soit on est contre. Le pouvoir algérien n’accepte pas qu’on lui apporte la contradiction. On ne cessera jamais de dénoncer l’injustice et l’arbitraire dont notre journal est victime.

Et maintenant, qu’allez-vous faire ?

Sur le plan juridique, notre dossier est inattaquable. Ceci dit, nous ne cherchons pas à rentrer dans un quelconque bras de fer. Juste dire que nous sommes devant un situation anormale et que le champ des libertés se rétrécit malheureusement de plus en plus. On nous a fermé le robinet de la publicité. Heureusement que nous avons nos propres imprimeries pour continuer à faire porter notre voix. L’année dernière, le pouvoir algérien a poussé deux journaux à fermer, Algérie News et Dzaïr News. Il les a pris à la gorge parce qu’ils n’ont pas pu payer leurs dettes envers les imprimeries de l’État.

Nadia Lamlili
jeuneafrique.com/

1 commentaire:

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