Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont poursuivi leur avancée, vendredi 11 mars, vers l'est du golfe de Syrte. Sur la route côtière reliant les principales villes du pays, l'aviation loyaliste a continué toute la journée de pilonner les positions rebelles.
L'armée du "guide" libyen contrôle désormais tout le centre de Zaouïa. La ville, située à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli et en grande partie détruite par les bombardements, était jusqu'ici aux mains des insurgés. Elle a été désertée. Un homme arrivé à la frontière entre la Tunisie et la Libye de Zaouïa a raconté à des secouristes que la situation était "catastrophique" dans la ville et qu'"il y avait des morts partout".
L'armée régulière a également réussi à pénétrer dans le centre de Ras Lanouf. Deux attaques aériennes ont visé l'est de la ville, touchant un poste de contrôle des insurgés et une raffinerie. La cité pétrolière, qui a été pendant une semaine la base avancée des rebelles dans l'Est libyen, avait été jeudi la cible d'intenses bombardements des forces pro-Kadhafi, forçant les insurgés à l'abandonner. "Leur suprématie est totale. Ils ont tiré de bateaux, et ils contrôlent les airs", a expliqué un médecin à Brega.
Les intenses bombardements qui ont touché Ras Lanouf ont bloqué la progression des insurgés partis de Benghazi à la conquête des villes côtières jusqu'à Tripoli. Samedi dernier, les insurgés avaient progressé jusqu'à Ben Jawad, une localité à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf, mais en avaient été chassés dès le lendemain par les pro-Kadhafi, dont les frappes n'ont cessé de s'intensifier depuis.
"MERCI LA FRANCE"
A Benghazi, siège du CNT, plus de 10 000 personnes se sont rassemblées à la mi-journée pour réclamer le départ du colonel Kadhafi. Un grand drapeau français a été déployé sur la place centrale de la ville, où des pancartes proclamaient "Merci la France" après la reconnaissance par Paris du CNT. Ailleurs dans le pays, les rebelles contrôlent toujours Misrata (150 km à l'est de Tripoli) et plusieurs villes du Nord-Ouest, en particulier dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi.
La sécurité a été renforcée dans le quartier de Tajoura, à Tripoli, épicentre de la contestation dans la capitale libyenne. Selon un expatrié libyen qui a joint des proches à Tajoura, "il y a eu des arrestations la nuit dernière" dans la capitale. La télévision officielle a demandé aux habitants des villes tenues par les rebelles de ne pas se rassembler pour la prière dans les lieux publics, affirmant que "des mercenaires et des bandes criminelles" menaçaient leur sécurité.
250 000 PERSONNES ONT FUI LA LIBYE
Sur le plan humanitaire, à Ras Lanouf, des médecins ont appelé la Croix-Rouge internationale à l'aide. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué de son côté négocier avec les autorités libyennes l'envoi d'une mission humanitaire en Libye, où des milliers d'immigrants attendent d'être rapatriés. Depuis la mi-février, plus de 250 000 personnes ont fui la Libye pour les pays voisins, selon l'ONU, et la répression sanglante de la révolte a fait des centaines de morts.
Dans le camp des rebelles, combattants et hommes politiques commencent à désespérer d'obtenir une aide étrangère. "Où sont les Occidentaux ? En quoi nous aident-ils ? Que font-ils ?" s'énerve un combattant. Moustafa Abdel-Jalil, président du Conseil national libyen (CNL), a exhorté la communauté internationale "à prendre ses responsabilités". "Les Libyens sont en train d'être balayés par l'aviation de Kadhafi. Nous demandons depuis le début une zone d'exclusion aérienne, nous voulons un embargo maritime", a-t-il dit à la BBC, réclamant également des armes et une aide humanitaire
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