Accusés de fournir des mercenaires à El Gueddafi, confrontés à des départs massifs de jeunes vers la Libye, et gênés par une éventuelle intervention étrangère : les Touareg algériens s’inquiètent de la situation en Libye. El Watan Week-end a rencontré l’Aménokal des Touareg du Hoggar et revient sur les enjeux de la paix dans la région.
La situation chaotique dans laquelle se trouve aujourd’hui la Libye fait craindre le pire. Légitime, la frontière entre nos deux pays a de tout temps été utilisée non seulement par les bandits, mais également par les terroristes. Ces derniers constituaient pour le régime Gueddafi, un bon terreau pour les opérations de déstabilisation de ses voisins, dont l’Algérie, tantôt en armant les rébellions, tantôt en profitant des communautés de Touareg de la bande du Sahel, en dépensant des sommes colossales, dans le seul but de les faire rallier à son rêve du Grand Sahara, dont il se voyait le roi. Tout ce monde acquis en contrepartie d’argent se retrouve aujourd’hui à l’avant-garde des phalanges de mercenaires qui le défendent en massacrant la population.
Imprévisible, la politique d’El Gueddafi a de tout temps été dirigée contre les Etats voisins, particulièrement l’Algérie, qui voyait d’un mauvais œil ses appétits expansionnistes dans la région et son implication directe dans les conflits internes des pays de la région. Sa volonté affichée d’avoir sous sa coupe les Touareg algériens a maintes fois été confrontée à l’intransigeance des chefs de la communauté, qui n’ont de cesse réaffirmé leur attachement à l’Etat algérien. Les voix qui accusent aujourd’hui les Touareg de mercenariat ne semblent pas savoir que le départ d’El Gueddafi est qualifié par un notable d’Illizi «d’épine qui s’enlève du pied. Si mercenaires il y a, il faut les chercher parmi ceux auxquels il a donné la nationalité, le refuge et le salaire dans le seul but de les utiliser comme fer de lance dans toutes ces opérations de déstabilisation de ses voisins».
Pont aérien depuis le Tchad
Et de rappeler le jeu «malsain» auquel il s’est adonné «pour créer une scission au sein du mouvement des rebelles touareg maliens et nigériens, dont une partie lui a été acquise, sans compter ceux qu’il a recrutés au Tchad». Les craintes exprimées par les autorités du nord du Mali, à l’AFP, ne sont pas fortuites. En effet, selon l’agence, Abdou Sallam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal, a déclaré : «Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, car qu’El Gueddafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact pour notre région (…) Les autorités régionales sont en train de les dissuader de partir, en particulier les ex-rebelles, mais ce n’est pas facile, car il y a pour eux des dollars, des armes à récupérer. Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel».
Le responsable a ajouté par ailleurs qu’un ex-chef rebelle touareg malien se trouvait également en Libye et «la mise en place de tout un réseau pour organiser le voyage jusqu’en Libye». Pour lui, «El Gueddafi a ses tentacules jusque chez nous. Il sait qui appeler, ils font des voyages collectifs. C’est du Tchad, semble-t-il, qu’il y a un pont aérien. D’autres font la route pour aller dans le sud de la Libye». Une inquiétude que partage, selon l’AFP, le maire de Kidal, Arbacane Ag Bazayak. «Que feront-ils après ? Revenir avec les mêmes armes. C’est un danger pour toute la sous-région.»
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