L'Union européenne devait adopter lundi des sanctions renforcées contre le régime de Kadhafi, qui ne parviennent pas toutefois à dissimuler de divisions profondes en son sein sur l'opération militaire déclenchée samedi par la coalition internationale.
"Cela ne devrait pas être une guerre contre la Libye" mais l'application stricte de la résolution de l'ONU, a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, à propos de l'intervention de la coalition internationale déclenchée samedi en Libye.
M. Frattini, qui s'exprimait à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, a averti qu'il voulait vérifier la conformité des premiers bombardements effectués avec la résolution de l'ONU.
Et il a plaidé, à l'instar du Luxembourg, pour que l'Otan prenne le relais de la "coalition de volontaires" en Libye, alors que la France ou la Turquie s'opposent, elles, à ce que l'Alliance atlantique soit en première ligne de crainte de s'aliéner l'opinion arabe.
Mis à part l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et l'Espagne sont les autres pays de l'UE qui participent à la coalition conduite par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.
Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a contribué à fragiliser la cohésion européenne en critiquant dimanche les bombardements.
Si M. Moussa a rappelé depuis qu'il n'avait "pas d'objection" à la résolution de l'ONU, l'Allemand Guido Westerwelle, sceptique de la première heure, s'est dit conforté par les critiques arabes dans ses fortes réserves à l'égard de l'opération militaire.
"Nous avons dit très clairement depuis le début que nous ne participerions pas" à cette action de la coalition internationale, compte tenu des risques de l'opération, a-t-il rappelé. "Et lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit hier (dimanche), malheureusement, nous constatons que nous avions des raisons d'être préoccupés".
Au-delà, c'est le but de l'opération qui sème le doute parmi les 27. "Est-ce qu'il s'agit de protéger des civils ? D'instaurer un statu quo ? De liquider Kadhafi ? La coalition n'est pas très claire là-dessus", remarque un diplomate.
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a d'ailleurs laissé entendre lundi que le colonel Kadhafi pouvait être pris pour cible par les frappes internationales en Libye, tout en refusant de "spéculer" sur les objectifs choisis par la coalition.
A Bruxelles, il s'agit de "voir ce que l'UE peut faire de plus en soutien à la résolution 1973 de l'ONU", sur le plan humanitaire et de l'aide à long terme, a indiqué la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
Cela passe avant tout par des sanctions renforcées. Les ministres devaient entériner un train de mesures supplémentaires à l'encontre de onze personnes, essentiellement des membres du gouvernement, qui porte à 38 les membres du régime visées par des gels d'avoirs et des interdictions de visa, en premier lieu desquels le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
L'UE a également a porté de cinq à quatorze le nombre d'entité financières dans sa ligne de mire.
Selon des diplomates, du fait des réticences des Italiens, le secteur des hydrocarbures reste toutefois largement épargné par le train de sanctions adopté lundi, alors que la société pétrolière National Oil Company (NOC) figure sur les sanctions décidées jeudi dernier par l'ONU.
Des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur des hydrocarbures pour mettre en oeuvre les sanctions onusiennes pourraient toutefois être adoptées d'ici mercredi.
Au-delà des sanctions, l'UE planche sur une opération humanitaire, par exemple la mise en place d'un corridor aérien ou maritime pour évacuer des civils, selon des diplomates.
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