La "journée de la colère" convoquée par des appels sur internet n’a pas fait recette dans le royaume pétrolier. Mais la vague de contestation dans le monde arabe pourrait produire des effets en Arabie Saoudite: le roi Abdallah s’apprêterait à faire entrer des chiites au gouvernement et à donner le droit de vote aux femmes pour les élections municipales.
"Une tempête dans un verre d'eau." C'est ainsi que le richissime prince saoudien Al-Walid ben Talal, neveu du roi Abdallah mais aussi l'une des plus grandes fortunes de la planète (25 milliards de dollars), a qualifié la journée du vendredi 11 mars. Une journée annoncée comme LA journée de la contestation dans le premier pays producteur de pétrole au monde. Finalement, il n'y a pas vraiment eu de manifestation dans le royaume saoudien vendredi, jour de grande prière.Il convient de préciser que le dispositif de sécurité inédit mis en place par les autorités saoudiennes était impressionnant. Les quartiers du centre de la capitale, Olaya street, King Fahd road, étaient quadrillés, et les mosquées étaient placées sous très haute surveillance. Durant toute la semaine, le ministère de l'Intérieur avait multiplié des messages de mise en garde, rappelant à la population l’une des règles découlant de la charia: l'interdiction de manifester en Arabie Saoudite.
Manifestation le 20 mars?
Toutes ces mesures de prévention traduisent la profonde inquiétude du gouvernement saoudien. Celle de voir le vent de contestation qui balaie le monde arabe se propager dans le royaume. C'est la raison pour laquelle le roi Abdallah se doit impérativement de répondre aux revendications des 30.000 signataires de pétitions lancées sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter. Des Saoudiens avides de démocratie et de droits. Si ces protestataires ne sont pas descendus dans la rue, c'est notamment parce que les instigateurs de l'appel à manifester n'étaient pas clairement identifiés. Il pouvait s'agir d'islamistes qui intervenaient depuis l'étranger.Les islamistes ou conservateurs réclament que les membres du Majliis Al Choura, le Parlement consultatif, soient élus. Ils demandent aussi la libération de prisonniers politiques ainsi que la liberté d'expression et de rassemblement. Quant aux libéraux, ils appelleraient à manifester le 20 mars prochain. Ces militants réclament plus de démocratie, de droits, et l'instauration d'une monarchie constitutionnelle.
Possible remaniement ministériel
Réaliste, Ibrahim Al-Mugaiteeb, président de Human Rights First, espère des avancées graduelles: "Une monarchie constitutionnelle serait l'idéal, mais cela demandera beaucoup de travail, deux, cinq ou dix ans. Dans l'immédiat, le peuple ne sera satisfait que lorsqu'il pourra élire lui-même les représentants du Majliis Al Choura et des conseillers municipaux. Il serait aussi temps d'en finir avec la discrimination envers les femmes et les minorités religieuses."Le roi Abdallah, qui tente vainement d'imposer des réformes depuis deux ans, pourrait profiter des événements pour avancer ses pions dans les prochains jours. Selon nos informations, le monarque saoudien prépare un important remaniement ministériel avec l'introduction de ministres chiites, et la nomination d'un Premier ministre qui pourrait être le prince Nayef Bin Abdulaziz Al Saoud, l'actuel ministre de l'Intérieur. Selon des observateurs, le roi Abdallah pourrait intervenir avant la fin du mois, devant le Majliis Al Choura, pour annoncer des réformes politiques majeures comme le droit de vote pour les femmes lors des prochaines élections municipales.
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