Dans une déclaration rapportée aujourd’hui par le « Wall Street Journal », le président du Conseil national de transition (CNT, direction de l’insurrection libyenne), Moustafa Abdel Jalil, a affirmé que s’il renonce au pouvoir, le dirigeant libyen Muammar Kadhafi et sa famille pourront rester en Libye en cas d'accord politique visant à mettre fin au conflit actuel.
C’est la première fois que les rebelles libyens évoquent la possibilité que le « Guide » demeure dans son pays à l’issue de pourparlers de paix avec eux. Ils avaient jusque-là fait de son « départ » et de celui de son clan familial une condition sine qua non de toute solution négociée. Le 12 juillet dernier, en réaction à des informations faisant état de discussions entre la France et le gouvernement libyen, un porte-parole du CNT, Mahmoud Chammam, avait déclaré : « Le Conseil ne prendra en compte que les initiatives sérieuses qui prévoient, sans équivoque, un départ de Kadhafi et de ses fils. »
Ce revirement rapproche la position du CNT de celle de la France, dont le ministre des Affaires étrangères a déclaré mercredi dernier que le colonel Kadhafi pourrait rester en Libye à partir du moment où il accepterait d’abdiquer le pouvoir. La position des Etats-Unis n’est pas très éloignée. Pour eux, après son abdication, c’est au peuple libyen de décider de son sort.
Revirement français, revirement du CNT
Le changement de la position de la France a été progressif. Il a épousé la lente confirmation du blocage de la situation militaire en Libye, les rebelles ne parvenant pas à la trancher en leur faveur, les stocks de l'OTAN s'épuisant et les Etats-Unis se plaignant de porter seuls « le fardeau financier » de l'intervention militaire.
Le premier responsable français à avoir évoqué la possibilité que le « Guide » ne soit pas obligé de quitter son pays est le ministre de la Défense Gérard Longuet qui, le 11 juillet 2011, a déclaré à la presse qu’en cas de solution négociée, « (Kadhafi) sera dans une autre pièce de son palais, avec un autre titre ».
Il n'est pas inutile de relever ici que la France se comporte avec l'étrange certitude que la Cour pénal internationale est une annexe de l’OTAN et qu’elle jettera aux oubliettes le mandat d'arrêt international lancé contre le « Guide » libyen le 27 juin 2011. Le procureur de la CPI n’a pas encore commenté ces déclarations successives garantissant l’immunité à Kadhafi, qu’il accuse de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ».
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