lundi 25 juillet 2011

Syrie- le multipartisme est autorisé mais les arrestations continuent

Le multipartisme est une revendication essentielle de l'opposition en Syrie, où le parti Baas tient les rênes du pouvoir depuis 1963.
Le gouvernement syrien, qui avait promis fin avril une série de réformes portant notamment sur les lois électorales et celles relatives à la presse, a adopté un projet de loi autorisant le multipartisme pour "permettre l'alternance", d'après l'agence officielle Sana qui a diffusé l'information dans la nuit de dimanche à lundi.
Le multipartisme faisait partie des principales revendications de l'opposition, où le parti Baas tient les rênes du pouvoir depuis 1963. Le mouvement de l'ancien président Hafez Al-Assad, père de Bachar, actuel chef de l'Etat, est, selon la Constitution, "le dirigeant de l'Etat et de la société".

D'autres formations politiques pourront désormais exister à ses côtés, à condition de respecter la déclaration universelle des droits de l'homme, de ne pas reposersur des bases religieuses ou tribales et de ne pas être issus d'une organisation ou d'un parti non syrien, selon Sana. De même, "les organes du parti ne doiventcomporter aucune formation militaire ou paramilitaire, publique ou secrète" et leurs principes, objectifs et sources de financement doivent être clairement établis, explique l'agence.
CAMPAGNE D'ARRESTATIONS
Les diverses réformes annoncées par les autorités – dont la levée de l'état d'urgence le 21 avril – n'ont pas calmé les manifestants qui défilent régulièrement depuis le 15 mars et réclament désormais la chute du régime. Les marches hostiles au pouvoir se sont poursuivies dimanche soir, en particulier à Damas, où l'armée a procédé à de nombreuses arrestations dans différents quartiers, en bouclant certains, désormais totalement isolés.
Lundi matin, l'armée, appuyée par des chars, s'est déployée dans de nombreux quartiers de Homs, dans le centre du pays, théâtre de violences qui ont fait une cinquantaine de morts depuis une dizaine de jours. La ville est désormais inaccessible, ont précisé des militants.
La campagne d'arrestations, intense dimanche dans les quartiers damascènes deRoukn Eddine et de Qaboune, s'est poursuivie dans la nuit à Hajar Al-Assouad et à Sahnayah, autres quartiers de la capitale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres. Lundi matin, plus de 300 avocats se sont rassemblés au palais de justice de Damas pour réclamer la libération de leurs confrères arrêtés ainsi que des prisonniers d'opinion.
DEUX RESPONSABLES LIMOGÉS
La répression ne fait "aucune différence entre les jeunes et les vieux", a dénoncé le chef de l'organisation nationale pour les droits de l'homme, Ammar Qurabi, affirmant par exemple qu'un garçon de 7 ans avait été arrêté il y a trois jours à Deraa, berceau de la révolte dans le sud du pays. Le boxeur Mahmoud Al-Kaderainsi que Mohammad Tahhan, membre de l'Union des auteurs arabes, figureraient également parmi les personnes arrêtées.
Bachar Al-Assad, visiblement déterminé à poursuivre la répression en dépit des réformes politiques annoncées, a remplacé dimanche le gouverneur de Deir Ezzor(est), où 550 000 personnes avaient manifesté vendredi contre le régime. Il s'agit du deuxième responsable régional limogé en juillet après Ahmad Khaled Abdel-Aziz, gouverneur de Hama, démis de ses fonctions au lendemain d'une manifestation qui avait réuni plus de 500 000 personnes contre le régime, selon des militants.
Depuis le 15 mars, la répression de la révolte populaire en Syrie a fait près de 1 500 morts civils, entraîné l'arrestation de plus de 12 000 personnes et l'exode de milliers d'autres, selon des organisations de défense des droits de l'homme.

Berlin en contact avec l'opposition syrienne

Sur le plan diplomatique, l'Allemagne a annoncé lundi avoir eu des contacts avec des membres de l'opposition syrienne à Berlin et en Syrie, ainsi qu'avec le régime à Damas. Le nouveau chargé de mission du ministère des affaires étrangères pour le Proche-Orient, Boris Ruge, s'est rendu deux fois en Syrie, où il a rencontré des représentants des autorités et de l'opposition ces dernières semaines, selon le ministère. Berlin est une des premières capitales à faire état de ses contacts avec l'opposition, qui s'est déjà réunie à plusieurs reprises en Turquie.
Lemonde.fr

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