Après trois jours de discussions, le Conseil de sécurité a accouché difficilement d'une déclaration condamnant l'usage de la force contre les civils en Syrie. Le Conseil s'est également prononcé pour que les responsables des violations des droits de la personne « rendent des comptes ».
Depuis le début de la protestation contre le régime syrien, en mars dernier, il a souvent été question de débattre de la situation en Syrie au Conseil de sécurité, mais c'est la première fois que l'instance onusienne prend une initiative.
Le texte appelle aussi à « la fin immédiate de toutes les violences » et presse « toutes les parties de faire preuve de la plus grande retenue et d'éviter les représailles, y compris les attaques contre les institutions de l'État ».
La déclaration du Conseil de sécurité a été adoptée faute d'accord sur une « résolution » qui aurait été légalement contraignante, mais risquait de se heurter à un veto de la Russie ou de la Chine.
La déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU
Les déclarations du Conseil de sécurité ne sont pas soumises au vote, mais elles doivent théoriquement être adoptées à l'unanimité des quinze membres. Un pays peut toutefois « s'abstenir ».
Comme c'est le cas du Liban, voisin de la Syrie, qui s'est dissocié du texte pour ne pas bloquer son adoption.
Un diplomate libanais a indiqué que cette déclaration « n'aiderait pas » à mettre fin à la crise.
La déclaration a été saluée par les ministres des Affaires étrangères de la France et de la Grande-Bretagne ainsi que par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Ce dernier a renouvelé son appel au président Bachar Al-Assad pour que cesse la violence, pour qu'il mette en place les réformes promises et permette aux travailleurs humanitaires de se rendre sur place.
« Le monde a observé la détérioration de la situation en Syrie avec la plus profonde inquiétude. Mais les événements de ces derniers jours ont été extrêmement choquants », a-t-il déclaré à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité, faisant référence aux affrontements dans la ville de Hama depuis dimanche.
La protestation se poursuit, la répression aussi
Pour une quatrième journée consécutive, des chars ont d'ailleurs ouvert le feu au centre-ville d'Hama, considérée comme l'un des principaux foyers de la contestation populaire.
Les forces de sécurité syriennes resserrent l'étau sur cette ville où près d'une centaine de personnes ont été tuées au cours des trois derniers jours. Selon un habitant de Hama joint par l'agence Reuters, les bombardements se concentrent dans le quartier Al-Hader. Ce dernier a été, en 1982, le théâtre d'une violente répression qui a fait 20 000 morts à la suite d'un soulèvement des Frères musulmans.
« Toutes les communications ont été coupées. Le régime profite de l'intérêt des médias pour le procès [du président égyptien] Hosni Moubarak pour terminer son travail à Hama », a déclaré le témoin cité par Reuters.
Selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG installée en Grande-Bretagne, plus d'une centaine de chars ont été déployés à Hama. Près de 20 autres blindés auraient pris position dans la ville de Deir Ezzor, dans l'est du pays.
Plusieurs décès ont aussi été rapportés mercredi dans la ville de Raqqa, dans le nord de la Syrie, où les forces de sécurité auraient ouvert le feu sur des manifestants mardi soir.
La répression aurait aussi fait des victimes dans la ville côtière de Jableh, rapporte l'OSDH. Des informations qui sont difficiles à confirmer par les médias internationaux à qui Damas interdit de se déplacer dans le pays.
La répression du mouvement de contestation populaire qui a commencé au printemps a fait plus de 1600 morts, 3000 disparus et des milliers de blessés, selon un bilan compilé par l'OSDH. À cela s'ajoute l'emprisonnement d'au moins 12 000 personnes.
Photo: AFP/YouTube
Une image tirée d'une vidéo YouTube montre des chars de l'armée syrienne à Hama.
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Menaces téléphoniques contre des Syro-Canadiens
Une Canadienne d'origine syrienne a déclaré mercredi à la radio de la CBC avoir reçu des menaces après avoir diffusé sur Internet des vidéos et des informations sur la répression en Syrie.
De telles menaces ont été adressées aussi à d'autres membres de la communauté syrienne, pour les mêmes raisons, a déclaré la jeune femme dont l'identité n'a pas été rendue publique pour des raisons de sécurité.
« J'ai senti que j'étais en Syrie et non au Canada », a-t-elle dit. « Je me suis sentie vraiment menacée. Je crains d'être attaquée dans la rue ou chez moi », a reconnu la jeune femme. Elle craint aussi que ses proches en Syrie ne soient persécutés en représailles.
Le premier ministre canadien Stephen Harper, interrogé par des journalistes au sujet de ces menaces, a dit ne pas en être informé, tout en se déclarant prêt à « enquêter et à faire en sorte que le gouvernement syrien ne puisse entreprendre de telles actions au Canada ».
De telles menaces ont été adressées aussi à d'autres membres de la communauté syrienne, pour les mêmes raisons, a déclaré la jeune femme dont l'identité n'a pas été rendue publique pour des raisons de sécurité.
« J'ai senti que j'étais en Syrie et non au Canada », a-t-elle dit. « Je me suis sentie vraiment menacée. Je crains d'être attaquée dans la rue ou chez moi », a reconnu la jeune femme. Elle craint aussi que ses proches en Syrie ne soient persécutés en représailles.
Le premier ministre canadien Stephen Harper, interrogé par des journalistes au sujet de ces menaces, a dit ne pas en être informé, tout en se déclarant prêt à « enquêter et à faire en sorte que le gouvernement syrien ne puisse entreprendre de telles actions au Canada ».
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters
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